Je rentre d’une journée d’information sur le Da Vinci Code dans une école catholique : 200 jeunes de 16-17 ans dans la matinée ; idem dans l’après-midi. Au terme de cette expérience, je suis bien obligé de constater que le vers est dans la pomme ! Voici à titre d’exemple quelques interpellations :
– « Quand nous étions enfants, nos parents nous a appris ce qu’il fallait croire ; mais maintenant que nous grandissons, on nous “démontre” (sic) partout qu’on nous a trompés, et que rien n’est vrai de ce que l’Eglise nous enseigne ! »
– « L’Eglise nous manipule et nous raconte n’importe quoi ! »
– « En essayant de nous démontrer que le Code Da Vinci nous ment, c’est vous qui essayez de nous manipuler ! »
– « Si on nous a menti sur le mariage de Jésus et de Marie-Madeleine, il y a forcément d’autres secrets qu’on nous cache. »
Et bien d’autres interventions du même genre, souvent empreinte d’une agressivité à peine contenue. Inutile de demander à ces jeunes d’argumenter ou du moins de justifier leur propos : ils se contentent de répéter ce qu’« on » leur a dit, sans aucun souci de restituer la vérité historique du christianisme. A vrai dire, à aucun instant, je n’ai perçu une authentique quête de vérité dans leur démarche : nous étions plutôt au niveau d’un débat idéologique, les jeunes (du moins ceux qui s’exprimaient) prenant systématiquement l’a priori antichrétien du Da Vinci Code comme axiome de départ de leur raisonnement, l’un d’entre eux n’hésitant pas à présenter le roman comme une « source historique ». Certes lorsque je leur démontrais que l’ouvrage de Dan Brown est un tissu de mensonge, ils étaient un instant ébranlés, mais bien vite ils brandissaient un argument choc, dont je ne veux pas vous priver :
– « Vous n’auriez pas écrit votre livre si l’Eglise n’avait rien à cacher ! »
– « Le fait que vous essayez de démontrer les mensonges du Da Vinci Code nous confirme dans nos doutes vis-à-vis de l’Eglise. »
Bravo Mr Dan Brown : votre stratégie a pleinement réussie : le poison du soupçon contre le christianisme s’est insinué dans le cœur des jeunes ! Ainsi donc si l’Eglise se tait, elle avoue qu’elle est coupable ; si elle réagit, ce ne peut être que pour cacher ses complots inavouables. Bref : quoi que nous fassions nous sommes sur le banc des accusés. Il ne reste plus qu’à prononcer le verdict afin de débarrasser une fois pour toute la planète de cette institution moyenâgeuse dont les mensonges et les manipulations menacent insidieusement la liberté de conscience des individus.
Ce ne sont certes pas les jeunes rencontrés hier qui tireraient une telle conclusion de leurs propres propos ; mais comme elle s’impose, nul doute que d’autres s’en chargeront.