Le gnosticisme dรฉsigne un courant gnostique particulier, regroupant lโensemble des Ecoles qui se sont dรฉveloppรฉes en Occident, en Egypte et dans le Proche ou Moyen-Orient, durant les cinq premiers siรจcles de notre รจre, au contact ou en marge du christianisme.
Les Pรจres de lโEglise font de Simon le magicien (Ac 8, 9) le pรจre du gnosticisme. Les premiers foyers de lโhรฉrรฉsie semblent pouvoir รชtre localisรฉs principalement en Samarie, Syrie et Egypte.
A Antioche, au dรฉbut du IIe s., Saturninus (ou Sartornil) enseigne une gnose qui se rattacherait ร la tradition de Simon le Magicien par son disciple, Mรฉnandre.
Mais lโhistoire de la gnose ne sโรฉclaire vraiment que vers le milieu du IIe s., et ร partir de son centre de rayonnement : Alexandrie. Basilide, disciple de Saturnin et de Mรฉnandre, y fonde la premiรจre Ecole gnostique occidentale, oรน il enseigne entre 130 et 150. Valentin en est issu mais enseigne longtemps ร Rome, oรน il fonde en 136 la seconde Ecole occidentale, dont lโinfluence sโexerce dans tout lโEmpire. Ses disciples les plus cรฉlรจbres sont, en Occident, Ptolรฉmรฉe – lโauteur de la Lettre ร Flora – et Hรฉraclรฉon – commentateur de lโEvangile de Jean ; en Orient, Thรฉodote – dont on connaรฎt assez bien lโenseignement grรขce ร Clรฉment dโAlexandrie – et Marc le Mage.
Il faut sans doute faire une place un peu particuliรจre ร Marcion (85-160) qui vient ร Rome vers 140. Suite ร des dรฉmรชlรฉs avec lโEglise locale et en raison de son hรฉtรฉrodoxie, il en est chassรฉ en 144. Contrairement aux autres hรฉrรฉtiques qui poursuivent leur recherche รฉsotรฉrique dans des Ecoles plus ou moins secrรจtes, Marcion porte la question sur la place publique et – influencรฉ par le gnostique Cerdon – fonde une contre-Eglise fortement hiรฉrarchisรฉe, comprenant des รฉvรชques, des prรชtres, des diacres, qui regroupa un grand nombre de fidรจles en Orient au moins jusquโau Ve s.
Parallรจlement ร cette gnose philosophique et savante, se dรฉveloppe au IIe s. en Asie mineure, en Syrie et probablement aussi en Egypte, une gnose vulgaire – cโest-ร -dire plus populaire – ou la mythologie et les pratiques magiques occupent une place prรฉpondรฉrante. Saint Irรฉnรฉe parle dโun pullulement de sectes sโintitulant elles-mรชmes gnostiques et se vantant de possรฉder des doctrines secrรจtes et profondes, transmises au cours de cรฉrรฉmonies initiatiques. On sait de transfuges quโil sโagissait surtout de recettes magiques censรฉes dรฉlivrer de la tyrannie des puissances cosmiques mauvaises, ainsi que de formules et mots de passe supposรฉs donner accรจs aux mondes supรฉrieurs. Ainsi vers 140, en Egypte, Carpocrate et son fils รpiphane non seulement recommandent la magie, mais prรดnent รฉgalement une forme de tantrisme occidental, prรฉsentant lโunion sexuelle comme voie de salut.