Famille de Saint Joseph
  1. Final-Age
  2. Dossiers
  3. Écriture, Tradition, Magistère
  4. Le défi de la non-croyance et de l'indifférence religieuse - III

Le défi de la non-croyance et de l'indifférence religieuse – III

par | 7 juin 2005

Le chemin de la vérité, du bien et du beau

Nous l’avons dit et souligné : l’annonce de l’Évangile emprunte la triple voie de la vérité, du bien et du beau, qui sont autant de lieux où des séries de facteurs peuvent produire un profond obscurcissement des esprits et les rendre incapables de percevoir le rayonnement de la Lumière. Le relativisme philosophique et moral qui engendre le pragmatisme et l’hédonisme cynique obscurcissent et déforment le regard de l’homme contemporain et le placent dans une éclipse dont il n’est pas toujours conscient. La perception même de la beauté devient parfois un art difficile qui requiert une formation appropriée, aussi bien des clercs que des laïcs.

La quête de la vérité

Pour permettre à la lumière de chasser les ténèbres, il importe de rétablir l’intelligence dans son orientation foncière vers la vérité pour lui donner de ne pas se contenter du seul horizon intramondain qui, s’il peut satisfaire la curiosité naturelle, ne peut combler la soif de vérité et le désir de contemplation inscrit au plus intime de l’intelligence de l’homme. La rationalité close enferme l’homme et la société qu’elle prétend libérer dans une atmosphère étouffante. Nous reconnaissons les immenses bienfaits de la science, et nous encourageons les scientifiques à poursuivre leurs recherches pour le bien de l’homme et jamais contre lui. Nous sommes conscients de l’effort nécessaire en Église pour aider les savants, dans un dialogue confiant, à placer leur recherche sous le signe de la Sagesse, c’est-à-dire à reconnaître la nécessité de se laisser guider par une éthique capable de distinguer, avec la loi naturelle, ce qui est son bien et ce qui ne l’est pas.

La recherche du bien

Il s’agit dans le même temps d’ouvrir les coeurs dans leur recherche du bien pour les aider à discerner ce qui est susceptible d’ennoblir la vie des hommes, ce qui peut être source irradiante de bonheur, pour soi et pour l’autre. Nous l’avons souligné : dans le contexte de la mondialisation, nous assistons à une crise du collectif plus qu’à une crise de l’individuel, et dans le même temps, c’est là un paradoxe, ce sont les rites « sociaux » de l’Église qui font toujours l’objet d’une forte demande dans les sociétés sécularisées, tandis que la pratique des sacrements de la vie quotidienne connaît une chute préoccupante. C’est dire l’importance que revêt aujourd’hui la voie traditionnelle mystagogique de l’initiation chrétienne, qui accompagne la transmission de la foi de sa célébration liturgique sacramentelle. La voie de l’amour est la voie de l’Évangile, c’est la voie de la sainteté où le témoignage d’une vie irradiée par la splendeur de la grâce donne de saisir combien il est beau d’être chrétien. Nous le savons, cette voie de l’amour a emprunté le chemin du Calvaire, et l’humble acceptation de la souffrance comme voie de la Rédemption est à l’opposé des mirages de la culture médiatique. La première initiation à cette voie se fait à l’intérieur de la famille. Au coeur du défi de la non-croyance, la pastorale de la famille est une priorité. Avec elle, le témoignage d’une Église-famille de Dieu, pour reprendre l’expression du Synode des évêques pour l’Afrique, est d’une importance capitale.

Le sens du beau

Il s’agit enfin, et nous avons eu tant d’occasions de le dire, de réveiller le sens de la beauté, de sa capacité à refléter au coeur de la société la splendeur de la vérité, vérité sur l’homme et vérité sur Dieu. Pour illustrer vos propos, je voudrais vous citer un agnostique qui m’écrivait le mois dernier : « Bien qu’ayant cessé de croire en Dieu, je n’ai jamais tourné le dos à l’Église. La raison de cet attachement se trouve dans l’Art Sacré, et peut-être tout simplement dans l’Art. Tant de splendeurs qui manifestent une vérité, dont je crois que l’Église doit demeurer porteuse, m’empêchent de succomber aux ensorcellements du matérialisme et d’écouter les chants sinistres des sirènes de la mode ». Cette confession rejoint celle de saint Augustin : « Nous ne pouvons qu’aimer le beau ». Le langage de la beauté ouvre les coeurs à la vérité, et dans sa forme la plus parfaite, il dépasse les spécificités des cultures et les cloisonnements de l’histoire.

Cardinal Paul Poupard

(à suivre)

Vous aimerez aussi