Annie Wood (1847-1933) est รฉlevรฉe jusquโร quinze ans dans lโรฉvangรฉlisme le plus austรจre. Enfant rรชveuse, elle vit dรจs sa plus tendre enfance en symbiose avec une nature vivante, animรฉe, habitรฉe de multitudes dโรชtres avec lesquels elle partage ses soucis et ses peines. Sa confirmation ร Paris en 1862, marque un tournant dans son รฉvolution religieuse. Abandonnant lโaustรฉritรฉ froide de son รฉducation religieuse plutรดt stricte, elle sโenflamme dโune passion pour le Christ qui frรดle le mysticisme.
Son mariage avec un ministre anglican, le rรฉvรฉrend Frank Besant, est un รฉchec total. Ils auront cependant deux enfants, un fils et une fille. Mais Mme Besant ne sโhabitue pas ร cette vie de mรจre de famille : les crises dโexaltation et dโangoisse se succรจdent, avec de fortes tentations de suicide. Sa foi vacille, et lorsquโun pasteur croit bon de la menacer de la damnation รฉternelle, rรฉvoltรฉe, elle abjure sa foi, son รฉtat dans le monde, sa fortune terrestre, quitte son mari, et sโen va avec ses enfants ร la recherche de la vรฉritรฉ quโelle compte bien trouver toute seule.
Cโest dans cet รฉtat dโesprit quโAnnie Besant va rencontrer M. Bradlaugh, qui mรจne en Angleterre une fougueuse campagne antireligieuse. A ses cรดtรฉs, elle se fait le hรฉraut du matรฉrialisme le plus radical. Mais dix ans plus tard, au moment oรน il dรฉtient enfin le siรจge au Parlement pour lequel elle a tant militรฉ, M. Bradlaugh la quitte.
Une nouvelle rencontre va ร nouveau faire basculer sa vie ; il sโagit cette fois de Mme Blavatsky. Mme Besant nโรฉtait pas une nรฉophyte en matiรจre dโรฉsotรฉrisme : membre de deux Loges dont le but explicite รฉtait de propager le socialisme en Angleterre et dans le monde, elle fut รฉgalement 33รจme degrรฉ du Rite Maรงon Ecossais et Grand Inspecteur du Rite Egyptien de Memphis-Misraรฏm. Fascinรฉe par le personnage haut en couleur – et pรฉtri de pouvoirs occultes – quโelle dรฉcouvre en la personne de HPB, Annie Besant devient rapidement son disciple, puis prรฉsidente de la Section รฉsotรฉrique et un des chefs de la Sociรฉtรฉ thรฉosophique. Elle seconde H.S. Olcott qui prend la succession de H.P. Blavatsky au dรฉcรจs de celle-ci ; puis, ร la mort du colonel en 1907, elle prend en main les rรชnes de la Sociรฉtรฉ.
Lโhรฉgรฉmonie de lโInde ne fit que sโaccentuer sous lโimpulsion de la nouvelle prรฉsidente ; mais lorsquโelle prend conscience quโelle sโaliรจne un public potentiel de chrรฉtiens par lโorientation hindouisante et franchement antichrรฉtienne de son discours, A. Besant change de ton, du moins en Europe. Dรฉsormais son attitude sera double : tandis quโaux Indes continuent les prises de position anti-chrรฉtiennes, elle sโintรฉresse de plus en plus ร la personne du Christ devant les publics europรฉens auxquels elle sโadresse. Elle rรฉdige mรชme un opuscule intitulรฉ La Thรฉosophie est-elle antichrรฉtienne ? dans lequel le Christ est prรฉsentรฉ comme le grand instructeur qui fonda lโEglise, le seul Maรฎtre auquel lโรขme chrรฉtienne doive sโattacher.
Parmi les 45 ouvrages portรฉs ร son nom, deux occupent une place particuliรจre : Le christianisme รฉsotรฉrique ou les Mystรจres mineurs et la Sagesse antique. Elle y exalte lโenseignement secret du Christ, qui apparaรฎt surtout dans lโรฉvangile de Jean, et qui rejoindrait la Tradition primordiale.