Merci pour l'indication de cette façon de procéder qui me semble bonne.
Cependant, je me pose deux questions :
- 1) Puis-je parler à ma filleule de l'âme des plantes et des animaux ? Ne court-on pas le risque que, par d'autre sources (cathéchisme par exemple, dans quelques années) on lui dise que seul l'homme a une âme (c'est ce qu'on m'avait appris il y a déjà longtemps) ? Elle serait perturbée.
Vous avez sans doute raison : il y a un danger de se trouver en contradiction avec un enseignement ultérieur. Mais j’ouvrais cette possibilité pour éviter un autre danger, à savoir de réduire l’homme à un animal plus performant que les autres. En introduisant une distinction de nature entre les plantes et les animaux, les animaux et les hommes, sur base d’une différence essentielle entre leurs âmes respectives, j’espérais anticiper cet autre danger. Mais peut-être mon raisonnement n’est-il pas adapté à l’âge de la fillette ? Mais dire à un enfant que seul l’homme a une âme, et donc que son petit chat n’en a pas, risque de ne pas être très bien reçu…
- 2) Ne peut-on pas cerner plus précisemment ce que l'âme apporte à l'homme, parce que l' "âme rationnelle " c'est l'intellect. C'est ce du moins que va dire ( ou simplement penser ) la maman.
L’intellect fait partie des facultés de l’âme, mais n’épuise pas le tout de l’âme : pensons aussi à l’imagination, la mémoire, l’affectivité, la volonté. Chacune de ces facultés possède un niveau inférieur, lié à la dimension « animale » de « l’animal rationnel » que nous sommes, et un niveau supérieur, proprement spirituel. Ainsi nous avons une intelligence associative, que l’on peut comparer à celle des animaux, mais nous avons aussi et surtout une intelligence réflexive, qui est à la source de la conscience de soi. Nous avons une volonté de type animal (certains animaux peuvent faire preuve de beaucoup de « volontarisme »), mais nous avons aussi et surtout une volonté libre, qui témoigne de notre ouverture à la Transcendance.
J'ai moi-même bien du mal a m'y retrouver
En effet, il me semble que les animaux peuvent aussi avoir la conscience de soi, la reflexion, l'amour et le vouloir librement.
L’animal a sensation de soi, mais pas conscience de soi ni de réflexion. « Il sait, mais il ne sait pas qu’il sait » comme disait Feuerbach. Con-science signifie être présent à soi dans l’acte de science (savoir, ou savoir faire, ou action). « Ré-flexion » signifie la capacité de revenir sur son acte de pensée. L’animal n’a pas ce recul par rapport à son agir : il n’a que son instinct, l’expérience et l’habitude ; il n’a dès lors pas non plus de liberté. Quant à l’amour, l’animal a bien sûr l’amour de convoitise qui le pousse à chercher ce qui est bon pour lui : le chat aime la souris, qui de son côté hait le chat. Mais ces passions de l’âme n’ont aucune connotation éthique : ce sont de simples réflexes. Par contre lorsque l’homme cherche non plus son propre bien, mais le bien de l’autre, et gratuitement, nous pouvons parler d’un amour spirituel, qui transcende les simples besoins immédiats de l’individu.
Avec la création artistique, il paraît qu'il y ait là quelque chose de spécifique à l'homme. Mais est-ce l'oeuvre de son âme ou celle de son intelligence plus puissante ?
L’âme rationnelle se caractérise par sa capacité à poser des actes dans lesquels elle tente d’incarner le sens qu’elle entend donner à sa vie. L’ensemble de ces réalisations est précisément ce qu’on définit comme la « culture ». Or celle-ci est spécifiquement humaine. Le dauphin a un « ordinateur cérébral » plus puissant que l’homme : ses échanges avec ses congénères sont encore objet d’étude, tant ils sont complexes. Pourtant, il n’y a pas de « culture dauphine ». La culture n’est donc pas une affaire de puissance cérébrale, où nous devrions être largement dépassés en science, art, économie, politique, etc. par nos sympathiques dauphins.
N'est pas, in fine, dans la recherche et l'amour de Dieu qu'agit l'âme. Ne peut-on se contenter de l'identifier par ces actions, sans pouvoir mieux la définir ?
Aussi, en reprenant votre démarche, ne dois-je pas faire découvrir à ma filleule le rôle de l'âme, le grand "plus" de l'homme, qui serait la recherche et l'amour de Dieu, sans employer le terme "âme" dans les étapes précédentes ?
Indiscutablement, la gloire de l’âme rationnelle est de pouvoir chercher et trouver Dieu. De pressentir sa présence dans la nature, puis de le rencontrer en Jésus-Christ comme un « Tu » personnel qui l’invite à une relation d’amour. C’est bien là qu’il s’agit de la conduire, par le meilleur chemin : que l’Esprit Saint vous inspire !
Merci pour votre aide.
Cordialement,
Jean-Claude