Mais pourquoi les femmes ne portent pas le voile ?

Gabriel W.

Exégèse de Paul et rapport homme-femme

Message par Gabriel W. »

"Les écrits inspirés – doivent être interprétés. C'est-à-dire qu’il faut en dégager le sens eu égard au genre littéraire utilisé par l’auteur, mais aussi aux us et coutumes de l’époque du rédacteur. Dans le cas des Ecritures inspirées, il faut surtout discerner ce qui jouit de l’inspiration et ce qui est contextuel. Or il est clair que la Révélation ne porte pas sur la mode vestimentaire, ni même sur la tenue des hommes et des femmes dans la prière. (fin de citation)"

Cher Père,

La tenue vestimentaire des femmes dans les assemblées de prière ou l'interdiction que Paul leur fait d'enseigner peuvent être tenues pour des décisions spécifiques à l'époque de l'Apôtre. Cependant, pour justifier la discipline qu'il recommande, il introduit dans le corps du Nouveau Testament une interprétation de l'Ancien : une antériorité d'Adam par rapport à Eve qui porte à conséquence. Il en joue en 1Co mais aussi en 1 Tm 2, 13.
Certes, quand on analyse le texte de Gn 2 pour lui-même, il semble bien que la distinction homme-femme ne survienne que lorsque l'un est placé en face de l'autre. L'idée d'antériorité de l'un par rapport à l'autre ne devrait donc pas être introduite (d'où pas de conclusion à partir de cette antériorité puisqu'elle n'existe pas).
Mais alors, que penser : est-ce que Paul s'est trompé en lisant l'Ecriture et a introduit une erreur d'interprétation dans le Nouveau Testament ?
Ou bien y a-t-il une notion d'antériorité entre Adam comme homme et Eve comme femme qui peut éclairer le rapport homme-femme (quitte à se dire qu'on ne la comprend pas bien encore) ?

Merci d'avance de ce que vous pourrez dire pour m'éclairer sur ce double point (1° quand le NT interprète l'Ancien peut-il s'égarer ? 2° s'il y a une antériorité Adam/Eve, comment éclaire-t-elle le rapport homme/femme ?)

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Je n'ai pas trouvé de réponse plus pertinente que l'extrait suivant, même s'il ne répond pas pleinement à votre demande :

Jean-Paul II, Mulieris Dignitatem, 9

« Le péché des origines a sa "dimension" humaine, sa mesure interne dans la volonté libre de l'homme, et en même temps il comporte une certaine caractéristique "diabolique", (dia-ballo = je divise) comme cela est clairement indiqué dans le Livre de la Gn 3,1-5 . Le péché provoque la rupture de l'unité originelle dont l'homme jouissait dans l'état de justice originelle, de l'union avec Dieu comme source de l'unité à l'intérieur de son propre "moi", dans les rapports réciproques de l'homme et de la femme ("communio personarum") et enfin par rapport au monde extérieur, à la nature.
D'une certaine façon, la description biblique du péché originel dans la Gn 3 "répartit les rôles" qu'y ont tenus la femme et l'homme. Plus tard, certains passages de la Bible s'y référeront encore, par exemple la Lettre de saint Paul à Timothée: "C'est Adam qui fut formé le premier, Eve ensuite. Et ce n'est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme" 1Tm 2,13-14 . Mais il n'y a pas de doute que, indépendamment de cette "répartition des rôles" dans la description biblique, ce premier péché est le péché de l'être humain, créé homme et femme par Dieu. C'est aussi le péché des "premiers parents" auquel est lié son caractère héréditaire. En ce sens, nous l'appelons "péché originel".
Comme on l'a déjà dit, on ne peut comprendre de façon adéquate ce péché sans se référer au mystère de la création de l'être humain - homme et femme - à l'image et à la ressemblance de Dieu. En fonction de cette référence, on peut saisir aussi le mystère de la "non-ressemblance" avec Dieu qu'est le péché et qui se manifeste dans le mal présent dans l'histoire du monde, cette "non-ressemblance" avec Dieu qui "seul est bon" Mt 19,17 et qui est la plénitude du bien. Si cette "non-ressemblance" du péché avec Dieu, Sainteté même, présuppose la "ressemblance" dans le domaine de la liberté, de la volonté libre, on peut dire que, précisément pour cette raison, la "non-ressemblance" contenue dans le péché est d'autant plus dramatique et d'autant plus douloureuse. Il faut également admettre que Dieu, comme Créateur et Père, est ici atteint, "offensé", et, naturellement, offensé au coeur même de cette donation qui fait partie du dessein éternel de Dieu à l'égard de l'homme.
En même temps, toutefois, l'être humain - homme et femme - est atteint lui aussi par le mal du péché dont il est l'auteur. Le texte biblique de la Gn 3 le montre par les paroles qui décrivent clairement la nouvelle situation de l'homme dans le monde créé.
Il fait voir la perspective de la "peine" avec laquelle l'homme se procurera sa subsistance Gn 3,17-19 , et aussi celle des grandes "souffrances" dans lesquelles la femme mettra au monde ses enfants Gn 3,16 . Et tout cela est marqué par la nécessité de la mort, qui constitue le terme de la vie humaine sur terre. Ainsi, l'homme, qui est poussière, "retournera à la terre, d'où il provient" : "Tu es poussière, et tu retourneras à la poussière" Gn 3,19 .
Ces paroles trouvent leur confirmation de génération en génération. Elles ne signifient pas que l'image et la ressemblance de Dieu dans l'être humain, femme et homme, ont été détruites par le péché, mais elles signifient qu'elles ont été "obscurcies" (ORIGENE, In Gen. hom. 13,4 ; S. GREGOIRE DE NYSSE, De Virg. 12 ; De beat. VI) et, en un sens, "amoindries". En effet, le péché "amoindrit" l'homme, comme le rappelle aussi le Concile Vatican II. GS 13 Si l'homme est déjà, par sa nature de personne, l'image et la ressemblance de Dieu, sa grandeur et sa dignité s'épanouissent dans l'alliance avec Dieu, dans l'union avec lui, dans la recherche de l'unité fondamentale qui appartient à la "logique" interne du mystère même de la création. Cette unité répond à la vérité profonde de toutes les créatures douées d'intelligence, et en particulier de l'homme qui, seul parmi les créatures du monde visible, a été dès le commencement élevé grâce à l'élection faite par Dieu en Jésus de toute éternité : "Il nous a élus dans le Christ, dès avant la fondation du monde ..., dans l'amour, déterminant d'avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté" Ep 1,4-6 . L'enseignement biblique, dans son ensemble, nous permet de dire que la prédestination concerne toutes les personnes humaines, hommes et femmes, chacun et chacune sans exception.

10- "IL DOMINERA SUR TOI"

La description biblique du Livre de la Genèse précise les conséquences du péché humain, comme elle montre aussi le déséquilibre introduit dans les rapports originels entre l'homme et la femme qui répondaient à la dignité de personne qu'avait chacun d'eux. L'être humain, homme ou femme, est une personne et donc la "seule créature sur terre que Dieu ait voulu pour elle-même" ; et en même temps cette créature-là, absolument unique, "ne peut se trouver que par le don désintéressé d'elle-même" GS 24 . C'est là que prend naissance le rapport de "communion" dans lequel trouvent leur expression l'"unité des deux" et la dignité personnelle de l'homme et de la femme. Quand donc nous lisons dans la description biblique les paroles adressées à la femme : "Le désir te portera vers ton mari, et lui dominera sur toi" Gn 3,16 , nous découvrons une rupture et une menace constante affectant précisément cette "unité des deux" qui correspond à la dignité de l'image et de la ressemblance de Dieu en chacun d'eux. Mais cette menace apparaît plus grave pour la femme. En effet, dans une existence qui est un don désintéressé et qui va jusqu'à vivre "pour" l'autre s'introduit le fait de la domination : "Lui dominera sur toi". Cette "domination" désigne la perturbation et la perte de stabilité de l'égalité fondamentale que possèdent l'homme et la femme dans l'"unité des deux", et cela surtout au détriment de la femme, alors que seule l'égalité qui résulte de la dignité des deux en tant que personnes peut donner aux rapports réciproques le caractère d'une authentique "communio personarum". Si la violation de cette égalité, qui est à la fois un don et un droit venant de Dieu Créateur lui-même, comporte un élément défavorable à la femme, par le fait même elle diminue aussi la vraie dignité de l'homme. Nous touchons ici un point extrêmement délicat dans le domaine de l'"ethos" inscrit dès l'origine par le Créateur dans le fait même de la création des deux à son image et à sa ressemblance.
Cette affirmation de Gn 3,16 a une grande portée, une portée significative. Elle implique une référence au rapport réciproque de l'homme et de la femme dans le mariage. Il s'agit du désir né dans le cadre de l'amour conjugal, qui fait en sorte que "le don désintéressé de soi" de la part de la femme attende en réponse d'être parachevé par un "don" analogue de la part de son mari. Ce n'est qu'en se fondant sur ce principe que tous les deux, et en particulier la femme, peuvent "se trouver" en une véritable "unité des deux", selon la dignité de la personne. L'union matrimoniale exige que soit respectée et perfectionnée la vraie personnalité des deux époux. La femme ne peut devenir un "objet" de "domination" et de "possession" de l'homme. Mais les paroles du texte biblique concernent directement le péché originel et ses conséquences durables chez l'homme et la femme. Sur eux pèse la culpabilité héréditaire ; ils portent constamment en eux la "cause du péché", c'est-à-dire la tendance à altérer l'ordre moral qui correspond à la nature rationnelle elle-même et à la dignité de l'homme comme personne. Cette tendance s'exprime dans la triple concupiscence que le texte de l'Apôtre décrit comme convoitise de la chair, convoitise des veux et orgueil de la richesse 1Jn 2,16 . Les paroles de Gn 3,16 citées plus haut montrent comment cette triple convoitise, cette "cause du péché", pèsera sur les rapports réciproques de l'homme et de la femme.
Ces mêmes paroles se réfèrent directement au mariage, mais indirectement elles atteignent les divers domaines de la convivialité, les situations dans lesquelles la femme est désavantagée ou objet de discrimination pour le seul fait d'être femme. La vérité révélée sur la création de l'homme comme être masculin et féminin constitue l'argument principal contre toutes les situations qui, en étant objectivement nuisibles c'est-à-dire injustes, comportent et expriment l'héritage du péché que tous les êtres humains portent en eux- mêmes. Les Livres de l'Ecriture Sainte confirment en divers endroits l'existence effective de telles situations, et en même temps ils proclament la nécessité de se convertir, c'est- à-dire de se purifier du mal et de se libérer du péché, de ce qui porte offense à l'autre, de ce qui "amoindrit" l'homme, non seulement celui qu'atteint l'offense mais aussi celui qui en est l'auteur. Tel est le message immuable de la Parole révélée par Dieu. Ainsi s'exprime l'"ethos" biblique jusqu'à la fin.
De nos jours, la question des "droits de la femme" a pris une portée nouvelle dans le vaste contexte des droits de la personne humaine. Eclairant ce programme constamment déclaré et rappelé de diverses manières, le message biblique et évangélique sauvegarde la vérité sur l'"unité" des "deux", c'est-à-dire sur la dignité et la vocation qui résultent de la différence et de l'originalité personnelles spécifiques de l'homme et de la femme. C'est pourquoi même la juste opposition de la femme face à ce qu'expriment les paroles bibliques "lui dominera sur toi" Gn 3,16 ne peut sous aucun prétexte conduire à "masculiniser" les femmes. La femme ne peut - au nom de sa libération de la "domination" de l'homme - tendre à s'approprier les caractéristiques masculines, au détriment de sa propre "originalité" féminine. Il existe une crainte fondée qu'en agissant ainsi la femme ne "s'épanouira" pas mais pourrait au contraire déformer et perdre ce qui constitue sa richesse essentielle. Il s'agit d'une richesse énorme. Dans la description biblique l'exclamation du premier homme à la vue de la femme créée est une exclamation d'admiration et d'enchantement qui a traversé toute l'histoire de l'homme sur la terre.
Les ressources personnelles de la féminité ne sont certes pas moindres que celles de la masculinité, mais elles sont seulement différentes. La femme - comme l'homme aussi, du reste - doit donc envisager son épanouissement personnel, sa dignité et sa vocation, en fonction de ces ressources selon la richesse de la féminité qu'elle a reçue le jour de la création et dont elle hérite comme une expression de l'"image et ressemblance de Dieu" qui lui est particulière. Ce n'est que dans ce sens que peut être surmonté aussi l'héritage du péché qui est suggéré par les paroles de la Bible. "Le désir te portera vers ton mari, et lui dominera sur toi". Dépasser ce mauvais héritage est, de génération en génération, un devoir pour tout être humain, homme ou femme. En effet, dans tous les cas où l'homme est responsable de ce qui offense la dignité personnelle et la vocation de la femme, il agit contre sa propre dignité personnelle et contre sa vocation. »

bruno2

voile

Message par bruno2 »

Je confirme que mes grand-mères n'allaient jamais tête nue à l'Eglise: chapeaux sytématiquement ou même mantilles les jours de fêtes ainsi que pour le mariage, en Flandre française jusqu'au moins la fin des années 1950/1960 (photos à l'appui!). D'ailleurs les fiancées ne rentrent-elles pas à l'Eglise la tête voilée (parfois on voit à peine le visage!)? Nous sommes entre coutumes et respect...les musulmans fondamentalistes ne manquent d'ailleurs pas de rappeler aux catholiques que l'abandon du voile serait la cause de la désertification de nos églises...
Conclusion: homme et femme ne sont pas concurrents, mais complémentaires dans le dessein d'amour de Dieu

Verrouillé