amour de soi
amour de soi
Je m'interroge beaucoup sur l'opposition au moins apparente entre l'amour de soi et le renoncement à soi-même auquel Jésus nous appelle, en particulier ce dimanche 20 juin. Les psychologues nous disent que nous ne sommes pas libres pour aimer les autres si nous ne nous aimons pas nous-mêmes. Alors comment faire pour m'aimer et à la fois renoncer à moi-même? Merci de votre aide.
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- Enregistré le : 5 sept. 2003
Il me semble qu’il y a un authentique amour de soi au sens évangélique, et un amour de « convoitise » dont l’objet est nous-mêmes. L’amour de soi à l’école du christianisme, ne peut être qu’à l’image de l’amour que le Père se porte en engendrant son Fils, ou l’amour que le Fils se porte en refluant vers son Père. Or dans les deux cas cet amour est totalement excentré : le Père se donne totalement à son Fils, il l’engendre de sa propre substance, et ainsi fait le Fils réciproquement : il reflue totalement vers son Père, dans le don de toute la substance divine qu’il a reçue du Père. En d’autres termes, l’amour de soi trinitaire consiste à se donner à l’Autre totalement, sans réserve, sans rien garder pour soi !
Tout ceci peut paraître très théorique ; mais n’avons-nous pas pu vérifier la vérité de cette proposition ? N’est-ce pas lorsque nous nous donnons sans compter aux autres que nous goûtons une vraie liberté et paix intérieures ?
Je crois sincèrement que c’est en se donnant qu’on s’aime vraiment ; mais celui qui se soucie de lui-même pour essayer de combler ses manques et ses désirs, risque fort de passer sa vie à essayer de combler son vide intérieur ! Cet « amour de convoitise de soi » si je peux l’appeler ainsi, est décevant, nous le savons bien. C’est dans le don de tout notre être que nous nous découvrons vraiment, pas dans le replis narcissique sur nous-mêmes.
Tout ceci peut paraître très théorique ; mais n’avons-nous pas pu vérifier la vérité de cette proposition ? N’est-ce pas lorsque nous nous donnons sans compter aux autres que nous goûtons une vraie liberté et paix intérieures ?
Je crois sincèrement que c’est en se donnant qu’on s’aime vraiment ; mais celui qui se soucie de lui-même pour essayer de combler ses manques et ses désirs, risque fort de passer sa vie à essayer de combler son vide intérieur ! Cet « amour de convoitise de soi » si je peux l’appeler ainsi, est décevant, nous le savons bien. C’est dans le don de tout notre être que nous nous découvrons vraiment, pas dans le replis narcissique sur nous-mêmes.
amour de soi
Bonsoir Père,
votre réponse laisse entendre que c'est en aimant les autres qu'on s'aime soi même en vérité.
Or le commandement d'amour de Jésus " tu aimeras ton prochain comme toi même" peut donner l'impression que l'amour de soi est premier, à moins que le "comme" grec ne comporte une nuance que le français à dû mal à rendre.
Pouvez vous approfondir davantage votre réponse sur la nature de cet amour de soi.
Merci.
votre réponse laisse entendre que c'est en aimant les autres qu'on s'aime soi même en vérité.
Or le commandement d'amour de Jésus " tu aimeras ton prochain comme toi même" peut donner l'impression que l'amour de soi est premier, à moins que le "comme" grec ne comporte une nuance que le français à dû mal à rendre.
Pouvez vous approfondir davantage votre réponse sur la nature de cet amour de soi.
Merci.
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- Enregistré le : 5 sept. 2003
Le paradoxe réside dans le fait que la première exigence – à savoir l’amour de Dieu – mobilise toute la personne, dans toutes ses dimensions, et de manière absolue : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». Jésus bat le rappel de toutes nos facultés pour les recentrer sur l’unique nécessaire ; et par le fait même, il nous unifie, nous intègre, nous sauve de l’éparpillement dans la multiplicité des affections et des désirs. Seul l’Unique peut nous unifier ; seul l’Unique peut exiger de nous cette priorité absolue et ce don sans partage. Mais précisément, que nous reste-t-il alors à offrir au prochain qui sollicite également notre amour, s’il ne nous reste plus rien ?
La réponse paradoxale à laquelle Jésus veut nous conduire ne serait-elle pas que la charité consiste précisément à offrir ce « rien » ? Non pas « à ne rien offrir », mais « à offrir ce rien » qui nous reste lorsque nous avons tout donné à Dieu.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » : il ne s’agit surtout pas d’insister sur le « même », ce qui reviendrait à s’aimer dans l’autre réduit à l’identique de soi ; la charité n’a rien à voir avec une telle caricature de l’amour. Jésus ne nous dit pas non plus d’aimer notre prochain dans la mesure où nous nous aimons nous-mêmes ; ce qui entraînerait comme conséquence immédiate le devoir de développer l’amour de soi, puisqu’il serait la mesure de l’amour du prochain. Cette interprétation, souvent répétée, ne correspond probablement pas à l’intention du Seigneur.
L’expression : « aimer son prochain comme soi-même » ne signifierait-elle pas plutôt l’aimer dans cette pauvreté radicale de celui qui n’a rien à offrir, sinon ce « rien », dans lequel il est néanmoins disposés à accueillir l’autre.
N’est ce d’ailleurs pas l’unique manière d’aimer, qui respecte vraiment le prochain ? C’est-à-dire qui ne lui impose rien, ne le manipule pas, mais lui laisse la libre initiative de disposer de l’espace que je lui offre dans mon cœur pour qu’il puisse y faire sa demeure.
La réponse paradoxale à laquelle Jésus veut nous conduire ne serait-elle pas que la charité consiste précisément à offrir ce « rien » ? Non pas « à ne rien offrir », mais « à offrir ce rien » qui nous reste lorsque nous avons tout donné à Dieu.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » : il ne s’agit surtout pas d’insister sur le « même », ce qui reviendrait à s’aimer dans l’autre réduit à l’identique de soi ; la charité n’a rien à voir avec une telle caricature de l’amour. Jésus ne nous dit pas non plus d’aimer notre prochain dans la mesure où nous nous aimons nous-mêmes ; ce qui entraînerait comme conséquence immédiate le devoir de développer l’amour de soi, puisqu’il serait la mesure de l’amour du prochain. Cette interprétation, souvent répétée, ne correspond probablement pas à l’intention du Seigneur.
L’expression : « aimer son prochain comme soi-même » ne signifierait-elle pas plutôt l’aimer dans cette pauvreté radicale de celui qui n’a rien à offrir, sinon ce « rien », dans lequel il est néanmoins disposés à accueillir l’autre.
N’est ce d’ailleurs pas l’unique manière d’aimer, qui respecte vraiment le prochain ? C’est-à-dire qui ne lui impose rien, ne le manipule pas, mais lui laisse la libre initiative de disposer de l’espace que je lui offre dans mon cœur pour qu’il puisse y faire sa demeure.
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Mon accompagnateur spirituel me dit cependant que je dois être dans une relative bonne forme pour pouvoir aimer mon prochainJésus ne nous dit pas non plus d’aimer notre prochain dans la mesure où nous nous aimons nous-mêmes ; ce qui entraînerait comme conséquence immédiate le devoir de développer l’amour de soi, puisqu’il serait la mesure de l’amour du prochain. Cette interprétation, souvent répétée, ne correspond probablement pas à l’intention du Seigneur.
Ainsi, il me suggère de pratiquer des exercises afin de chasser la tension, de m'offrir des petites douceurs de temps à autre, tout ceci dans le but de demeurer dans un bon état psychique et corporel et pouvoir ainsi demeurer plus disposé encore à aimer mon prochain.
Cela semble entrer un tant sois peu en contradiction avec ce que vous dites.
Et, malgré toute ma bonne volonté, je crois que je peux tendre à n'être plus rien et offrir ce rien aux autres... mais mon expérience me dit que je suis plus "chrétien" lorsque je suis relativement dans un bon état d'esprit, pas trop irrité ou en colère

Je suis un peu confus

Qu'en dites-vous?
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Je ne crois pas que les deux approches soient incompatibles, du moins dans une certaine mesure. Si votre finalité, en vous distrayant, disons en vous occupant de vous-même, demeure de mieux servir votre prochain, vous ne développez pas « l’amour de vous-même », mais vous veillez à ce que les conditions soient remplies pour pouvoir aimer les autres. Le tout est de vérifier l’intention sans se mentir à soi-même. Car je peux commencer par m’occuper de moi dans un but altruiste, et prolonger dans une démarche égoïste. Jugeons l’arbre à ses fruits.
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