homélie de la Pentecôte

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nicolasp

homélie de la Pentecôte

Message par nicolasp »

Mon père,

Je viens de lire votre homélie de la Pentecôte car l'homélie prononcée par notre curé ce jour-là m'interrogeait. Notre curé avait évoqué l'Esprit Saint comme une force présente en tout homme, y compris le non-croyant, et nous entraînant vers plus de vie et plus de charité.

Vous dites : « l’Esprit enfin est présence au plus intime de nous-même, que nul ne pourra nous ravir car « il demeure auprès de nous, et il est en nous » (Jn 14, 17) pour toujours, pourvu que nous demeurions fidèles à l’Alliance nouvelle et éternelle qui fait de nous des membres de « la famille de Dieu » (Ep 2, 19). »

Ceci me rassure. Certes, l'Esprit Saint est présence au plus intime de nous-même mais pour obtenir et garder cette présence il faut contenter Dieu en étant fidèle à son Alliance nouvelle et éternelle.

J'espère avoir simplement mal compris l'homélie de mon curé, parce que telle que je l'ai comprise on peut en déduire des interprétations douteuses sur la recherche de l'Esprit Saint, donc de Dieu, présent au fond de nous.

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Nicolas

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

La réponse mérite d’être nuancée. Tout homme est créé « capax Dei » (Saint Augustin) ; c’est même la spécificité de l’homme par rapport au monde animal selon le récit de la Genèse. Seul l’homme est capable de recevoir le ruah divin, c'est-à-dire son Souffle ou encore son Esprit Saint. Et de fait, l’Esprit Saint sollicite la conscience de tout homme, comme le confirme le livre de l’Apocalypse : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). Ce n’est pas exclusivement à la porte des baptisés que l’Esprit Saint frappe, mais à la porte du cœur de tout homme. C’est ce que nous appelons la grâce prévenante ; si nous y répondons positivement, l’Esprit vient en nous en tant que grâce sanctifiante, c'est-à-dire qu’il nous donne part à sa propre sainteté. Ainsi tout homme qui écoute la voix de l’Esprit Saint dans sa conscience, répond – tant soit peu - à la sollicitation divine, et permet à l’Esprit Saint de venir en lui pour y faire sa demeure. Je vous rappelle la définition de la conscience donnée par Vatican II dans la constitution pastorale Gaudium et Spes : « La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (GS 16). Il n’est pas dit de « l’homme croyant », mais de « l’homme » tout court.
Je ne serais sans doute pas aussi inclusif que votre curé en disant que l’Esprit Saint habite le cœur de tout homme, mais je ne serais pas non plus exclusif au point de dire que seul le chrétien en état de grâce est le Temple de l’Esprit ! Tous nous sommes sollicités par l’Esprit, et il fait en nous sa demeure dans la mesure de notre accueil.

nicolasp

merci

Message par nicolasp »

Merci mon père de votre réponse. Effectivement, ce quej'attendais en postant ici mon message était d'avoir le point de vue d'un prêtre sur ma réaction.

Il y a un an, à mon retour à la pratique catholique, j'avais une perception différente de l'Esprit Saint. J'étais marqué par les manifestations éclatantes de l'Esprit Saint relatées dans les évangiles, lorsque Jésus expluse les démons. Je pratiquais une forme de prière que je qualifierais maintenant de trop tournée vers moi-même, dans laquelle je lisais en les méditant des textes des Ecritures que m'inspirait l'humeur du moment.

A force de pratiquer cette forme de prière j'ai senti une énergie monter en moi, que j'ai attribué à l'Esprit Saint, et qui me poussait à des actes "rituel" un peu bizzares dont j'avais la certitude qu'ils me libèrerait de tout ce qui m'opprimait.

Cet épisode de délire m'a poussé à remettre en question ma façon de prier et ma vision de l'Esprit Saint. Mon curé m'a dit qu' "on reconnaît l'arbre à ses fruits", et que ce qui nous est inspiré par l'Esprit Saint nous pousse vers plus de vie et de charité. Une amie orthodoxe, quand à elle, m'a dit qu'elle considérait qu'il fallait une grande sainteté pour renconter Dieu dans la prière, et que nous simples croyants avions plus de chance d'être visités par des démons (ce qui m'est arrivé d'après elle) que par Dieu, et que nous devions par conséquent nous abstenir de suivre toute vision mystique survenue dans la prière.

Peut-être est-ce là une vision pessimiste de la spiritualité ?

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Nicolas

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Je trouve effectivement que cette vision est un peu manichéenne : soit Dieu soit le diable. Je crois qu’il ne faut pas oublier le troisième pôle, à savoir mon propre psychisme. Je constate que Saint Ignace de Loyola en tient compte dans son discernement des esprits. Nous pouvons provoquer en nous des phénomènes pseudo-spirituels (qui sont en fait d’ordre psychique) en raison de certaines tensions intérieures ou de recherches inconscientes qui s’ajoutent à notre quête spirituelle et viennent la parasiter. C’est probablement un phénomène de ce genre que vous avez vécu ; j’ose suggérer cette hypothèse à partir de ce que vous dites, à savoir que votre prière était centrée sur vous-même, ce qui a pu provoquer une sorte d’ « implosion » psychique.

Verrouillé