Voeu de chasteté
Voeu de chasteté
Mon Père,j'ai un ami prêtre qui est très important dans ma vie.Pour moi,je lui dois ma renaissance.A l'occasion d'un voyage en France(il est prêtre à l'étranger) nous nous sommes revus.Nous nous sommes embrassés(comme des amoureux),je dis bien nous parce-que cela a été vraiment réciproque.J'ai parfois mauvaise conscience par rapport à ce prêtre et à l'Eglise.Je me sens coupable quelque part.Qu'en pensez-vous?Quelle est la position de l'Eglise? Je vous remercie d'avance pour la réponse.
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- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Le vœu de chasteté est un choix radical pour Jésus, qui implique que le prêtre renonce à toute forme de relation de tendresse à connotation érotique (au sens noble du terme) qui le lierait de façon particulière à une personne, et ceci afin de demeurer disponible à l’ensemble du troupeau que le Seigneur lui a confié et dont il doit aimer chaque brebis. Il n’est donc pas normal d’embrasser un prêtre sur la bouche, même si la joie de le retrouver est grande. Le fait qu’il réponde à votre élan constitue de sa part une transgression à la chasteté de cœur.
J’ajoute que s’il ne faut pas banaliser ce genre de « dérapage », il ne faut pas non plus le dramatiser ; comme le dit l’adage : « à tout péché miséricorde ». Un petit mot pour lui demander pardon de ne pas avoir pu maîtriser votre spontanéité pourrait remettre les choses au point, et lui permettre de son côté de faire la même démarche. Il faudrait qu’il y ait de part et d’autre une ferme résolution de vous maîtriser lors de votre prochaine rencontre, car ce genre de situation pourrait se représenter.
Puisque vous avez mauvaise conscience, pourquoi ne pas confier cet événement au Seigneur dans le sacrement de réconciliation ? La culpabilité ne vient pas de Dieu ; par contre la délicatesse de cœur qui vous fait percevoir que cette attitude n’était pas ajustée aux engagements de cet ami prêtre, vient de l’Esprit Saint. Il me semble qu’il faut donc répondre à son invitation à faire la vérité sur cet événement.
J’ajoute que s’il ne faut pas banaliser ce genre de « dérapage », il ne faut pas non plus le dramatiser ; comme le dit l’adage : « à tout péché miséricorde ». Un petit mot pour lui demander pardon de ne pas avoir pu maîtriser votre spontanéité pourrait remettre les choses au point, et lui permettre de son côté de faire la même démarche. Il faudrait qu’il y ait de part et d’autre une ferme résolution de vous maîtriser lors de votre prochaine rencontre, car ce genre de situation pourrait se représenter.
Puisque vous avez mauvaise conscience, pourquoi ne pas confier cet événement au Seigneur dans le sacrement de réconciliation ? La culpabilité ne vient pas de Dieu ; par contre la délicatesse de cœur qui vous fait percevoir que cette attitude n’était pas ajustée aux engagements de cet ami prêtre, vient de l’Esprit Saint. Il me semble qu’il faut donc répondre à son invitation à faire la vérité sur cet événement.
Je profite de cette intervention pour vous poser une question sur ce thème:
un de mes grands amis est religieux. Depuis qqs temps je me pose bcp de questions sur cette amitié (qui m'est très précieuse), et qui n'est pas comme les autres.
Vous parlez du voeu de chasteté comme "choix radical pour Jésus, qui implique que le prêtre renonce à toute forme de relation de tendresse à connotation érotique (au sens noble du terme) qui le lierait de façon particulière à une personne, et ceci afin de demeurer disponible à l’ensemble du troupeau que le Seigneur lui a confié et dont il doit aimer chaque brebis."
Mais quelle est la place, la possibilité à une tendresse non pas érotique, mais amicale ? (pouvez-vous d'ailleurs expliquer ce qu'est cette tendresse érotique ?).
En fait, si je pose cette question, c'est que j'ai pour cet ami une grande tendresse, que je qualifierai davantage de fraternelle... je me trouve maladroite pour l'exprimer puisque je suis une femme, et qu'il est religieux...
Ensuite, vous dites : "une relation qui le lierait de façon particulière à une personne"... mais l'amitié n'est-elle pas une relation particulière entre 2 personnes ?
L'amitié est-elle possible pour les religieux ou prêtres ? Quelle sens a-t-elle et comment s'exprime-t-elle ? CAr l'amitié implique nécessairement une forme de réciprocité dans la relation...
J'espère ne pas vous noyer de questions !!!
C'est un sujet qui me tient bcp à coeur, et qui suscite en moi de nombreuses questions que j'ai du mal à exprimer !

un de mes grands amis est religieux. Depuis qqs temps je me pose bcp de questions sur cette amitié (qui m'est très précieuse), et qui n'est pas comme les autres.
Vous parlez du voeu de chasteté comme "choix radical pour Jésus, qui implique que le prêtre renonce à toute forme de relation de tendresse à connotation érotique (au sens noble du terme) qui le lierait de façon particulière à une personne, et ceci afin de demeurer disponible à l’ensemble du troupeau que le Seigneur lui a confié et dont il doit aimer chaque brebis."
Mais quelle est la place, la possibilité à une tendresse non pas érotique, mais amicale ? (pouvez-vous d'ailleurs expliquer ce qu'est cette tendresse érotique ?).
En fait, si je pose cette question, c'est que j'ai pour cet ami une grande tendresse, que je qualifierai davantage de fraternelle... je me trouve maladroite pour l'exprimer puisque je suis une femme, et qu'il est religieux...
Ensuite, vous dites : "une relation qui le lierait de façon particulière à une personne"... mais l'amitié n'est-elle pas une relation particulière entre 2 personnes ?
L'amitié est-elle possible pour les religieux ou prêtres ? Quelle sens a-t-elle et comment s'exprime-t-elle ? CAr l'amitié implique nécessairement une forme de réciprocité dans la relation...
J'espère ne pas vous noyer de questions !!!

C'est un sujet qui me tient bcp à coeur, et qui suscite en moi de nombreuses questions que j'ai du mal à exprimer !


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- Enregistré le : 5 sept. 2003
Avec l’expression « tendresse à connotation érotique » (expression dont je reconnais la limite !) j’entendais des gestes qui suscitent une réaction d’ordre sexuel. Une relation homme/femme est toujours sexuée, mais pas forcément sexuelle ; et une relation sexuelle peut mais ne doit pas forcément conduire à une relation génitale. Un baiser sur la bouche exprime plus qu’un amour d’amitié, mais fait partie du langage d’une relation sexuelle.
L’amour d’amitié est l’amour qui veut le bien de l’autre ; il va dont chercher à s’exprimer d’une manière qui ne trouble pas l’autre ou ne l’égare pas hors de son choix de vie. Il peut y avoir bien des manières d’exprimer cette tendresse ; il y a même de chastes baisers qui peuvent exprimer cette fraternité sans outrepasser les limites imposées par le vœu de chasteté. Se tenir la main quelques instants peut être un profond signe de communion. Un geste discret et délicat peut en dire long sur nos sentiments.
L’autre expression qui pose problème est « l’amitié particulière ». Il faut savoir qu’elle a un sens disons « technique » et signifie précisément une relation fraternelle qui devient exclusive, ou disons trop proche pour encore pouvoir être qualifiée de simplement fraternelle. C’est en ce sens que je dis qu’elle risque de « lier » les personnes. Je ne crois pas que l’amour d’amitié lie – du moins pas au sens négatif que je donnais à ce terme, les liens impliquant une perte de liberté. Je ne me sens pas lié par mes amitiés, au contraire : elles me libèrent. C’est d’ailleurs un critère pour discerner s’il s’agit d’une vraie amitié ou de ce que j’appelle une « amitié particulière », qui elle finit toujours par être aliénante. C’est en ce sens qu’elle est incompatible avec une vocation sacerdotale.
Mais nous avons tous besoin d’amitié humaine, fraternelle, et pourquoi pas avec une personne du sexe opposé, à condition de garder toute la prudence nécessaire pour garder notre liberté intérieure.
Enfin je crois que pour un prêtre, comme pour tout chrétien d’ailleurs, cette amitié doit ou devrait être vécue en Christ : « Celui qui ne me préfère pas à sa mère, son père, son épouse, ses enfants, ses frères et sœurs,… n’est pas digne de moi ». Jésus n’est pas jaloux de mes amitiés, mais il est le garant de leur vérité.
L’amour d’amitié est l’amour qui veut le bien de l’autre ; il va dont chercher à s’exprimer d’une manière qui ne trouble pas l’autre ou ne l’égare pas hors de son choix de vie. Il peut y avoir bien des manières d’exprimer cette tendresse ; il y a même de chastes baisers qui peuvent exprimer cette fraternité sans outrepasser les limites imposées par le vœu de chasteté. Se tenir la main quelques instants peut être un profond signe de communion. Un geste discret et délicat peut en dire long sur nos sentiments.
L’autre expression qui pose problème est « l’amitié particulière ». Il faut savoir qu’elle a un sens disons « technique » et signifie précisément une relation fraternelle qui devient exclusive, ou disons trop proche pour encore pouvoir être qualifiée de simplement fraternelle. C’est en ce sens que je dis qu’elle risque de « lier » les personnes. Je ne crois pas que l’amour d’amitié lie – du moins pas au sens négatif que je donnais à ce terme, les liens impliquant une perte de liberté. Je ne me sens pas lié par mes amitiés, au contraire : elles me libèrent. C’est d’ailleurs un critère pour discerner s’il s’agit d’une vraie amitié ou de ce que j’appelle une « amitié particulière », qui elle finit toujours par être aliénante. C’est en ce sens qu’elle est incompatible avec une vocation sacerdotale.
Mais nous avons tous besoin d’amitié humaine, fraternelle, et pourquoi pas avec une personne du sexe opposé, à condition de garder toute la prudence nécessaire pour garder notre liberté intérieure.
Enfin je crois que pour un prêtre, comme pour tout chrétien d’ailleurs, cette amitié doit ou devrait être vécue en Christ : « Celui qui ne me préfère pas à sa mère, son père, son épouse, ses enfants, ses frères et sœurs,… n’est pas digne de moi ». Jésus n’est pas jaloux de mes amitiés, mais il est le garant de leur vérité.
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- Messages : 16
- Enregistré le : 20 nov. 2004
Merci pour toutes ces réponses...
Encore une ou deux
:
un prêtre ou un moine a-t-il vocation à être l'ami de tous ? (c'est ce que je comprends dans votre réponse... corrigez-moi si j'ai mal compris). Alors quelle place a dans sa vie d'homme (ou de femme pour une religieuse) les amitiés "d'élection" (pour ne pas employer le terme d'amité particulière auquel vous donnez une connotation négative) ?
Il faut être disponible à toutes ses brebis, mais il est naturel et humain d'avoir des préférences, des liens "particuliers" (mais pas nécessairement aliénant) , non ? et tout cela dans une forte dimension spirituelle ?!
Dans la vie des saints, nous trouvons nombre d'amitié de ce type, non ?
François et Claire, Benoît et Scholastique, Vincent de Paul et Louise de Marillac, François de Sales et Jeanne de Chantal... et j'en oublie !!
Il y avait bien une relation particulière, ou plutôt "extraordinaire" entre ces saints, non ? Et cela dans le Christ ?
Merci pour tout ce que vous faites;
Bonne fête du Christ Roi !
Encore une ou deux
un prêtre ou un moine a-t-il vocation à être l'ami de tous ? (c'est ce que je comprends dans votre réponse... corrigez-moi si j'ai mal compris). Alors quelle place a dans sa vie d'homme (ou de femme pour une religieuse) les amitiés "d'élection" (pour ne pas employer le terme d'amité particulière auquel vous donnez une connotation négative) ?
Il faut être disponible à toutes ses brebis, mais il est naturel et humain d'avoir des préférences, des liens "particuliers" (mais pas nécessairement aliénant) , non ? et tout cela dans une forte dimension spirituelle ?!
Dans la vie des saints, nous trouvons nombre d'amitié de ce type, non ?
François et Claire, Benoît et Scholastique, Vincent de Paul et Louise de Marillac, François de Sales et Jeanne de Chantal... et j'en oublie !!
Il y avait bien une relation particulière, ou plutôt "extraordinaire" entre ces saints, non ? Et cela dans le Christ ?
Merci pour tout ce que vous faites;
Bonne fête du Christ Roi !
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- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Je répète que l’amitié ne peut pas être mauvaise si elle est respectueuse des choix de vie de chacun ; De même qu’une amitié entre un homme marié et une femme qui n’est pas son épouse, une telle amitié est légitime jusqu’à un certain point, à savoir que le cœur de l’époux ne soit pas divisé entre son épouse et l’amie. De même pour le prêtre : si cette relation ne l’éloigne pas du Seigneur, rien ne s’oppose à une relation qui peut l’aider à grandir en humanité. Je crois que le critère d’une telle amitié consiste à vérifier si elle me rapproche de Jésus ou m’en éloigne ; si elle m’aide à mieux le rencontrer ou au contraire s’interpose en lui et moi. Il y a un bon nombre d’amitiés dans l’histoire de l’Eglise qui sont de toute évidence « données » par le Seigneur : vous en nommez un certain nombre, mais j’en ajouterais une des plus fondamentales, même si elle est unique : l’amitié entre Marie et Joseph !
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- Messages : 16
- Enregistré le : 20 nov. 2004
L'amitié entre Marie et Joseph m'a tjs bcp questionnée !
Ils étaient bien amoureux, non ? C'était donc bien plus qu'une amitié ? Leur tendresse mutuelle n'était-elle pas "à connotation érotique" , pour reprendre votre expression ?
J'avous que la relation entre Marie et Joseph m'a tjs emerveillée (puisqu'on y devine une si grande tendresse) mais laissée perplexe !
Merci pour toutes vos réponses,
Ils étaient bien amoureux, non ? C'était donc bien plus qu'une amitié ? Leur tendresse mutuelle n'était-elle pas "à connotation érotique" , pour reprendre votre expression ?
J'avous que la relation entre Marie et Joseph m'a tjs emerveillée (puisqu'on y devine une si grande tendresse) mais laissée perplexe !
Merci pour toutes vos réponses,
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- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Les termes sont ambiguës : qu’entendez-vous par être « amoureux » ? Je crois qu’il s’aimait en pleine transparence à la grâce, c'est-à-dire dans une parfaite obéissance à la volonté de Dieu sur eux, dans le contexte de leur mission très particulière, et même unique. Non leur tendresse n’était pas à connotation érotique puisque par ce terme – comme vous l’aurez compris – je désigne toute forme de tendresse qui éveille un désir de nature génital. Comme cette forme d’expression amoureuse n’était pas compatible avec leur mission, Marie et Joseph l’ont prudemment exclu de leurs relations.
Ne soyez pas étonné que je parle de s’aimer dans l’obéissance : comment définir l’obéissance sinon par la communion des volontés ? Et comment définir l’amour sinon par les mêmes termes ? Il n’y a donc pas d’amour qui ne désire s’exprimer dans l’obéissance, ni d’obéissance bien comprise qui ne soit l’expression de l’amour. C’est d’ailleurs bien ce que nous enseigne Jésus : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour » (Jn 15, 10).
Ne soyez pas étonné que je parle de s’aimer dans l’obéissance : comment définir l’obéissance sinon par la communion des volontés ? Et comment définir l’amour sinon par les mêmes termes ? Il n’y a donc pas d’amour qui ne désire s’exprimer dans l’obéissance, ni d’obéissance bien comprise qui ne soit l’expression de l’amour. C’est d’ailleurs bien ce que nous enseigne Jésus : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour » (Jn 15, 10).