Mon Père,
j'ai lu cette phrase dans une de vos homélies:
"En entrant dans sa Passion, Jésus a accepté librement de ne plus disposer de soi, mais d’être celui dont on dispose comme d’un objet."
J'avoue avoir été surprise de voir écrit sous la plume d'un théologien une phrase qu'aurait pu signer un adepte du sado-masochisme.
Devenir un objet disponible, entièrement soumis à l'autorité de son maître tel est bien le rêve de tout adepte, homme ou femme de la soumission.
Vous récidivez plus loin en ajoutant:
"La vraie liberté consiste dans la capacité à se mettre au service des autres dans une totale désappropriation de soi à l’image du Christ Jésus « qui m’a aimé et s’est livré pour moi ».
Perdre sa volonté propre, ne plus penser par soi-même mais être pensé par un autre qui s'approprie votre volonté et votre corps, voilà bien le projet de tout rapport sadomasochiste. Livrer son corps et son âme afin de se perdre dans la désir de l'autre permet cette désappropriation de soi que vous évoquez pour Jésus. Celle-ci est effectivement au programme de ce que l'Eglise nomme une perversion. Je comprends mieux maintenant les supplices de la Passion subis sans révolte, le fouet, la couronne d'épines, les châtiments, toute cette quincaillerie de l'avilissement qui sévit dans une certaine littérature où les gémissements des victimes ravissent leurs propriétaires.
