Expiation

Verrouillé
Pierre-Nicolas

Expiation

Message par Pierre-Nicolas »

Bonjour, j'aimerais avoir plus d'informations sur l'expiation dans la religion catholique. Je comprends un peu, mais pas trop. J'ai trouvé ce texte sur le Rosaire de Saint JoséMaria Escriva. C'est une réflexion sur la Flagellation de Jésus :
Pilate parle: C'est votre coutume que je vous relâche un prisonnier à Pâques. Qui allons-nous libérer, Barabbas — un bandit emprisonné avec d'autres pour meurtre — ou Jésus? (Mt 27, 17). — A mort cet homme et relâche-nous Barabbas, crie la foule, poussée par ses grands prêtres (Lc 23, 18).

Pilate parle de nouveau: Que ferai-je donc de Jésus que l'on appelle Christ? (Mt 27, 22). — Crucifige eum ! — Crucifie-le ! (Mc 15, 14).

Pour la troisième fois, Pilate leur dit: Quel mal a donc fait cet homme ? Je n'ai rien trouvé en lui qui mérite la mort (Lc 23, 22).

La clameur de la foule se fait plus forte: crucifie-le, crucifie-le! (Mc 15,14).

Et Pilate, voulant contenter la populace, leur relâche Barabbas et ordonne de flageller Jésus.

Il est lié à la colonne ; couvert de blessures.

Les coups de lanière claquent sur sa chair déchirée, sur sa chair sans tache qui souffre pour ta chair pécheresse. — Davantage de coups. Davantage de fureur. Davantage encore... C'est le comble de la cruauté humaine.

Finalement, épuisés, ils détachent Jésus. — Et le corps du Christ succombe à son tour à la douleur et s'écroule comme une masse, brisé, à demi-mort.

Toi et moi, nous sommes incapables de parler. — Les mots sont inutiles. — Regarde-le, regarde-le... lentement.

Après cela... pourras-tu jamais craindre l'expiation ?
Cela me rappelle beaucoup le film sur la Passion du Christ. Serait-il possible de me donner plus d'informations sur l'expiation et en quoi elle consiste ? Ou me renvoyer à un livre ou article ?

Merci bien,

Pierre-Nicolas

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Vaste sujet ! Pour bien comprendre le sens du sacrifice « expiatoire » du Christ, il faut le situer – et situer ce vocabulaire – sur l’horizon de la première Alliance, que Jésus vient accomplir. Le sacrifice expiatoire (hattâ en hébreu) est décrit en Lev 4. Son motif est toujours le péché, et son but est de purifier (kipper) le peuple de son péché. Le sacrifice expiatoire a donc une valeur lustrale, purificatrice, sanctificatrice ; c’est un sacrifice qui efface tout ce qui sépare le peuple de son Dieu ; qui ôte toute souillure qui rend l’homme impur, c'est-à-dire indigne de se tenir devant Dieu. Le rite du sang caractérise le sacrifice expiatoire. On lit en Lev 17, 11 : « La vie de la chair est dans le sang, et moi je vous le concède sur l’autel pour expier pour vous ; c’est le sang qui expie par la vie qui est en lui ». Ce n’est pas le sang « matériel » qui expie, mais la nephesh, le principe de vie qui est en lui. Ce principe vient de Dieu et doit retourner à lui. C’est pourquoi l’homme ne peut selon la loi juive, boire le sang des animaux : il contient la vie qui appartient à Dieu seul. Or le péché est une manière de détourner notre vie de Dieu à qui elle revient ; pour nous permettre de nous réconcilier avec lui, Dieu nous donne la vie de l’animal, pour que nous puissions la lui offrir en substitution de la nôtre ; en signe de notre volonté de revenir à lui ; et en réparation - en expiation – pour le « détournement » que nous avons fait subir à notre vie par notre péché. Insistons donc et soulignons que déjà dans l’Ancien Testament, c’est Dieu qui pourvoit au sacrifice de réconciliation, et qu’il ne se rassasie pas du sang des victimes ! Ce qu’il attend, c’est le retour de notre âme vers lui, symbolisée par l’offrande du sang de l’animal, dont l’âme remonte vers Dieu. Pour signifier l’offrande à Dieu, le sang des animaux était aspergé sur le « propitiatoire », c'est-à-dire la plaque d’or qui surmontait les deux chérubins qui encadraient l’Arche d’Alliance dans le Temple.
Nous comprenons mieux maintenant l’insistance de la lettre aux Hébreux sur la rédemption obtenue par Jésus par l’effusion de son sang. Jésus est à la fois le grand prêtre qui offre le sacrifice et le sacrifice offert ; il est l’offrande parfaite non pas par le sang matériel versé, mais par sa vie livrée (symbolisée par son sang) qui remonte vers le Père dans un pur élan d’amour, qui parle plus fort que tous nos refus d’aimer. Ou pour le dire autrement : la vie que nous avions reprise à Dieu par notre péché, Jésus la lui a remise en notre nom à tous au prix de son sacrifice sur la Croix, c'est-à-dire au prix de sa mort : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Puisse ces quelques pauvres lignes éclairer ne fût-ce qu’un tout petit peu le mystère…

Verrouillé