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Verrouillé
sauveur

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Message par sauveur »

Bonjour mon père,

Que répondre à la question : "où donc est ton DIEU après ce grand malheur et ces milliers de morts en Inde et au Sri Lanka ,suite au tremblement de terre ? "

merci

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

C’était déjà la question que s’est posée l’intelligentsia européenne – et en particulier un Voltaire – lors du raz de marée qui détruisit Lisbonne le 1er novembre 1755, faisant 60.000 morts. Que devait faire Dieu ? Intervenir dans les causes naturelles pour empêcher le raz de marée ? C'est-à-dire accomplir un miracle ? Avertir les hommes que le raz de marée menaçait ? Je suppose que vous avez entendu comme moi qu’entre le déclenchement du séisme – qui a été enregistré – et l’arrivée de la vague meurtrière sur la côte, il s’est passé …plus d’une heure ! Un spécialiste a reconnu qu’on aurait pu agir, si du moins l’infrastructure avait été mise en place. Est-ce bien Dieu qu’il faut incriminer ou l’imprévoyance de l’homme qui avait les moyens d’éviter la catastrophe ? Mais tous les pays ne semblent pas mériter autant de protection que les côtes californiennes…

Chantal

Dieu...

Message par Chantal »

Votre question me fait penser à cette histoire...

Il était une fois un homme croyant et pratiquant qui entre chez le barbier pour une coupe de cheveu et barbe. Le barbier, non croyant ni pratiquant lui demande ce qu'il fait son Dieu à laisser les gens mourir de faim, etc bla bla bla. L'homme écoute et ne réponds pas. Une fois le travail terminé, il paie le barbier, ouvre la porte. Dehors, un sans-abri est là, qui attend une aumône. L'homme dit au barbier : heille toi le barbier, que fais-tu, tu n'as pas de client présentement ? Regarde ce sans-abri, les cheveux et la barbe longue et sale. Le barbier de rétorquer, et bien s'il veut être propre il n'a qu'à faire les premiers pas et entrer dans mon salon... et voilà qu'en disant cela il a compris le silence de l'homme...

Louis

Message par Louis »

Chantal a écrit :Le barbier de rétorquer, et bien s'il veut être propre il n'a qu'à faire les premiers pas et entrer dans mon salon... et voilà qu'en disant cela il a compris le silence de l'homme...
Ce barbier semble très loin de Dieu par son manque de charité. J'ai une autre histoire plus réaliste :D :

un clochard affamé assis sur un trottoir interpelle une vieille dame passant devant lui. Tendant la main il lui dit " S'il vous plait Madame, je n'ai rien mangé depuis hier" la dame répond "mais il faut vous forcer mon bon monsieur!".

pablo

suite

Message par pablo »

Si je comprends bien votre message, mon Père, tout est en ordre. Les victimes sont deux fois victimes: victimes des éléments et victimes de l'incompétence des spécialistes qui aurient dû les prévenir de l'imminence du raz de marée.
Quant à Dieu il fait comme Ponce-Pilate, il s'en lave les mains.
Décidément vous avez réponse à tout, l'essentiel étant pour vous de protéger Dieu contre toute critique dirigée contre lui, d'où la condamnation sanns appel de ceux qui auraient dû prévoir la catastrophe.
Vous faiites votre métier de théologien, de garde du corps de Dieu. Bravo.
La sainteté vous guette.

Pourquoi cette ironie cinglante à propos d’événements si douloureux ? Je suis un pauvre type comme vous, aussi démuni que vous devant la souffrance et la mort. Je me fatigue à dire que je n’ai aucunement la prétention de résoudre le problème de la souffrance, puisque ce n’est précisément pas un problème mais un mystère. Seulement, j’essaye - maladroitement sans doute, je le reconnais sans peine - de l’approcher à la lumière de ma foi, c'est-à-dire de la certitude que Dieu aime tous ses enfants, particulièrement ceux qui souffrent ; et qu’il fait pour eux ce qu’il y a de meilleur, même si nous préfèrerions qu’il agisse autrement. Si moi j’ai quelque sentiment de compassion pour ces victimes, Dieu n’en aurait pas infiniment plus que moi ? Ne nous mettons pas au-dessus de lui, sans quoi nous ne parlons plus de Dieu, mais d’une idole que nous aurions construite dans notre imagination. Je ne prétend pas avoir réponse à tout et surtout pas je le répète au mystère de la souffrance, car Jésus lui-même ne s’est pas prononcé sur elle : il s’est contenté de l’étreindre, de l’assumer, et d’en triompher au matin de Pâques. Voilà l’ancre de mon espérance, y compris pour les victimes de ce séisme.
J’ai beau me relire, je ne vois pas où je prononce une condamnation sans appel de ceux qui auraient dû prévoir la catastrophe. Je n’ai d’ailleurs jamais dit qu’ils auraient dû la « prévoir » (je ne crois pas que ce soit possible), mais je répercute seulement le témoignage des spécialistes qui ont eux-mêmes reconnus qu’il aurait été possible de mettre à profit le temps entre le constat du séisme et le moment où la vague avait rejoint la côte. Ne croyez-vous pas que c’est regrettable ? Et émettre ce regret revient-il à une condamnation sans appel ?
Quant à faire le « garde du corps de Dieu », je crois que c’est inutile : il a demandé à Saint Pierre qui voulait le défendre à Gethsémani, de rengainer son épée. Je cherche seulement à avancer dans la cohérence de ma foi, rien de plus.

marie-ève

raz de marée (suite)

Message par marie-ève »

Mon Père,
je suppose que Dieu n'intervient pas dans les mouvements désordonnés de la nature et qu'il ne fait ni la pluie ni le beau temps, ni la sécheresse ni les ouragans.
Il nous laisse libres de conduire nos vies comme nous l'entendons. Je ne l'imagine pas occupé à corriger les erreurs de la nature ni celles des hommes, mettant fin à une guerre ici, à un génocide ailleurs, nourrissant des nouveaux-nés mourant de faim, et abreuvant un troupeau assoifé.
Dieu n'est pas une assistante sociale et le ciel n'est pas une organisation humanitaire, ce que l'on peut regretter.
Nous aimerions que Dieu se substitue à nous, à chaque fois que faisons le mal volontairement ou par négligence.
L'Eglise semble insister toujours sur le désir de Dieu de respecter notre liberté de choix et d'action. C'est librement qu'Adam et Eve ont choisi, comme Satan, de se rebeller contre Dieu. Nous payons les conséquences de cette rébellion. Nous ne pouvons pas en reporter la responsabilité sur Dieu.
Les raz de marée font sans doute partie de conséquences du péché originel. Je laisse le soin au théologien de confirmer cette idée.
Reste tout de même une question qu'il n'est pas possible de contourner : pourquoi ce Dieu qui nous a laissé toute liberté d'aller au bout de notre destin d'insoumis, de rebelle, de pécheur, désire soudain nous ramener, tous et toutes sans exception, y compris ses juges et ses bourreaux, dans son Royaume, en fin de nos vies et de notre histoire humaine ?
Dieu nous laisse libres d'agir en criminels jusqu'à la fin des temps, n'intervenant pas ni pour nous interdire de commettre nos crimes ni pour sauver les victimes, mais lorsqu nous mourons il nous sauve grâce au sang de son Fils ?
Le Dieu qui n'intervient pas durant toute la semaine du Golgotha pour sauver son enfant et laisse les bourreaux agir en toute impunité, le Dieu qui laisse un ras de marée anéantir toute une région et ses habitants, faisant des dizaines de milliers de morts et de sans abri, ce même Dieu, quand nous mourons, nous recueille dans son ciel et nous ressuscite.
Pourquoi ?
Pourquoi ces deux attitudes contradictoires ?
Pourquoi sauver les milliards d'individus qui ne le lui demandent pas ?
Leur liberté n'a-t-elle plus cours à partir du moment où ils sont morts ?

Dieu ne nous sauvera pas malgré nous : il ne violera pas plus notre liberté en fin de parcours qu’à chaque instant de notre vie ici-bas. Mais au moment de paraître devant lui, nous verrons les choses autrement ; disons que nous verrons aussi l’envers du décor que nous ignorons pour le moment, ou plutôt auquel nous n’avons accès que dans la foi. Même le non-croyant pourra se rendre compte et faire un choix libre de sa destinée éternelle. N’avons-nous pas vu le brigand crucifié à côté de Jésus se convertir au dernier moment ? Pour lui la conversion s’est résumée à reconnaître que Jésus était un juste et que la mort n’aurait sur lui nulle prise. Implicitement, cette foi embryonnaire confessait que Jésus est Seigneur de la vie et de la mort. Le Verbe a pris chair de notre chair, il a récapitulé toute humanité en lui, afin de pouvoir se tenir proche de chacun de nous à chaque instant de notre vie et de notre mort, et afin de pouvoir recueillir de nos lèvres l’acte de foi qui nous sauvera, même s’il est énoncé en des termes peu « orthodoxes » : Dieu voit le cœur et juge sur l’amour, non sur la doctrine.
Je ne crois donc pas qu’il y ait contradiction dans l’attitude de Dieu : il demeure le Dieu patient qui cherche par tous les moyens à nous faire miséricorde pour nous accueillir dans son Paradis, c'est-à-dire pour nous faire vivre de sa propre vie. Et il gardera cette attitude jusqu’au moment où nous paraîtrons devant lui et ferons un choix définitif.

jeclfo

Message par jeclfo »

P. Joseph-Marie a écrit : Que devait faire Dieu ? Intervenir dans les causes naturelles pour empêcher le raz de marée ?
Je sais bien que nous n'avons pas été fair play au Paradis Terrestre mais, tout de même, Dieu aurait pu nous placer en un lieu où la nature aurait été un peu plus douce, parce qu'entre les séismes, les virus et les amanites phalloïdes, ce n'est pas de tout repos :(

Elisabeth

catastrophes

Message par Elisabeth »

:!: Ce n'est pas gentil, Pablo, ce que vous dites là... Dieu ne peut pas, à la fois nous offrir la liberté, nous choisir comme responsables, partenaires de la création, et tirer les ficelles en intervenant sur cette terre. Il nous a choisis LIBRES, c'est le prix à payer... Sa toute-puissance est uniquement d'AMOUR. Notre foi nous dit que l'amour de Dieu aura le dernier mot sur le mal et la mort : "Ne craignez pas, j'ai vaincu le monde."
Mais Dieu n'a pas voulu nous obliger à avoir la foi. La souffrance de Dieu, sa réelle douleur, son infinie bonté ne nous sont-elles pas révélées en Jésus?

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