J'ai lu un livre de psychologie qui dit qu'il existe des personnes qui donnent toujours tout (de leur temps, de leur argent, de leur personne ...) au services des autres (famille, amis, associations ...) et qui se laissent dominer par les autres sans cesse car ils ne savent pas "dire non".
Pourquoi ? Car il ne connaissent pas leurs propres besoins. L'auteur continue en disant que lorsqu'on connait ses propres besoins (repos, prière, temps seul, temps en famille ...) on prend confiance en soi et on arrive à ne plus se laisser dominer par tous ceux qui veulent nous demander qq chose (même si c'est pour la bonne cause !)
Qu'en pensez vous d'un point de vue chrétien ? N'est pas en décalage par rapport à l'évangile, qui dit que celui qui se perd sa vie la trouvera ?
De nature, je ne fais jamais attention à mes propres besoins, c'est les autres avant tout. Toutefois je sens que ce n'est pas encore le bon équilibre. Ce qui est dit dans l'évangile me trotte dans la tête, et la lecture de ce livre m'a comme apporté une vision autre. Pouvez vous m'apporter un éclairage chrétien. Merci et meilleurs Voeux
psychologie et vie chrétienne
-
- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Poser la question comme vous le faites prouve que vous avez la réponse ! Si je me donne aux autres parce que je dois « acheter » mon droit d’exister, soit parce que je « paye » une dette, ou parce que je suis prisonnier d’une culpabilité, soit que j’obéis à une injonction de sacrifice de soi, ou tout autre raison d’ordre psychologique, je ne suis pas vraiment libre de me donner, au sens où je ne suis incapable de faire autrement. Je peux éventuellement chercher à justifier rationnellement mon engagement en me référant à l’Evangile, mais je sens bien au fond de moi que quelque chose ne sonne pas juste : ma motivation est surdéterminée, c'est-à-dire que je me cache la vraie raison derrière de « bonnes raisons ».
Pour que mon don soit l’expression de l’amour, il faut qu’il soit libre, c'est-à-dire que j’ai la possibilité réelle de ne pas le faire sans culpabiliser (au sens de me sentir « coupable », ce qui n’a rien à voir avec une contrition d’ordre spirituel).
Ce qui ne signifie pas non plus que nous allons rester les deux pieds dans le même sabot ! Mais l’engagement gratuit au nom de l’obéissance de la foi est d’un autre ordre, car il ne se justifie que pour le seul motif d’obéir au commandement du Seigneur dans la force qu’il nous donne dans l’Esprit.
Il y a un troisième écueil : celui de demeurer perplexe car je ne sais plus si j’agis pour des raisons psychologiques ou spirituelles !!! Aussi je crois qu’il faut opérer cette conversion tout en marchant ; je veux dire : vérifier dans un sincère examen de conscience dans quel état intérieur je me suis mis au service de mon prochain ; rendre grâce lorsque j’ai agis poussé et porté par l’Esprit, et demander à Dieu de m’aider à ne pas céder aux pressions d’ordre psychologique.
Pour que mon don soit l’expression de l’amour, il faut qu’il soit libre, c'est-à-dire que j’ai la possibilité réelle de ne pas le faire sans culpabiliser (au sens de me sentir « coupable », ce qui n’a rien à voir avec une contrition d’ordre spirituel).
Ce qui ne signifie pas non plus que nous allons rester les deux pieds dans le même sabot ! Mais l’engagement gratuit au nom de l’obéissance de la foi est d’un autre ordre, car il ne se justifie que pour le seul motif d’obéir au commandement du Seigneur dans la force qu’il nous donne dans l’Esprit.
Il y a un troisième écueil : celui de demeurer perplexe car je ne sais plus si j’agis pour des raisons psychologiques ou spirituelles !!! Aussi je crois qu’il faut opérer cette conversion tout en marchant ; je veux dire : vérifier dans un sincère examen de conscience dans quel état intérieur je me suis mis au service de mon prochain ; rendre grâce lorsque j’ai agis poussé et porté par l’Esprit, et demander à Dieu de m’aider à ne pas céder aux pressions d’ordre psychologique.
le don aux autres
Il est important avant tout de penser dans le don aux autres à son devoir d'état ; par exemple, si moi, mère de famille nombreuse débordée, j'accepte de garder les 3 mômes d'une amie qui part s'éclater au ski, alors que je sais que je vais devenir nerveuse, que mon mari va trinquer et que je ne pourrai pas pendant ce temps suivre le travail de mes enfants , non, non et non.. effectivement, je serai reconnue à la sortie de l'école avec tous mes mouflets, mais est-ce vraiment ce que le Seigneur me demande... je suis sûre que ce n'est pas cela, ....
Parfois, le don aux autres est une fuite à soi-même, à sa famille.. il est certes plus valorisant d'être la meilleure madame Caté de la paroisse .. que de se retrouver face à soi-même ranger le grand foutoir de ses enfants pour rendre la maison accueillante et paisible pour le retour des uns et des autres..
Et puis se donner aux autres, c'est aimer.. et aimer, n'est-il pas vouloir le bien de l'autre, de sa famille, de soi-même ? si aimer doit passer par un renoncement à l'autre, aux autres, n'hésitez pas, vous trouverez la paix..
Parfois, le don aux autres est une fuite à soi-même, à sa famille.. il est certes plus valorisant d'être la meilleure madame Caté de la paroisse .. que de se retrouver face à soi-même ranger le grand foutoir de ses enfants pour rendre la maison accueillante et paisible pour le retour des uns et des autres..
Et puis se donner aux autres, c'est aimer.. et aimer, n'est-il pas vouloir le bien de l'autre, de sa famille, de soi-même ? si aimer doit passer par un renoncement à l'autre, aux autres, n'hésitez pas, vous trouverez la paix..
-
- Messages : 24
- Enregistré le : 12 févr. 2004
"Pour que mon don soit l’expression de l’amour, il faut qu’il soit libre, c'est-à-dire que j’ai la possibilité réelle de ne pas le faire sans culpabiliser (au sens de me sentir « coupable », ce qui n’a rien à voir avec une contrition d’ordre spirituel). "
Comment discerner la contrition d'ordre spirituel par rapport au sentiment de culpabilité ?
Satan est aussi appelé l'accusateur et les fruits de la culpabilité sont mauvais pour soi et pour l'autre, car il faussent les rapports. Mais qu'est ce qu'une véritable contrition et comment se manifeste-t-elle. Comment entre en "état de contrition" et sémasquer le cupabilité ?
Merci de m'éclairer.
Comment discerner la contrition d'ordre spirituel par rapport au sentiment de culpabilité ?
Satan est aussi appelé l'accusateur et les fruits de la culpabilité sont mauvais pour soi et pour l'autre, car il faussent les rapports. Mais qu'est ce qu'une véritable contrition et comment se manifeste-t-elle. Comment entre en "état de contrition" et sémasquer le cupabilité ?
Merci de m'éclairer.
-
- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Commençons par définir le terme de culpabilité ; le P. Xavier Thévenot propose :
« C’est une réalité interne au psychisme qui donne à la conscience l’impression d’être accablée par un poids, de sentir la morsure du remords et d’être comme devant un tribunal intérieur prêt à juger et à infliger une punition.
C’est pourquoi le sentiment de culpabilité est quasiment toujours lié à un appel intérieur en faveur d’une conduite de réparation » (Les péchés, que peut-on en dire ? Salvator, Paris 1984, p.51).
Les psychanalystes se sont penchés sur la genèse du sentiment de culpabilité, qui semble être lié à « la conscience d’une non-réponse à un désir de l’autre qui a pour l’enfant force de loi. Le sentiment de culpabilité ne serait alors que l’expression de l’angoisse de perdre l’estime de l’objet d’amour, voire d’être agressé par lui » (A. Vergote, Dette et désir, éd. du Seuil, Paris 1978, p. 52).
Pour Freud, la culpabilité résulte du refoulement de l’agressivité, interdite par le surmoi ; elle est la peur de notre agressivité destructrice envers ceux que nous aimons et que nous retournons contre nous-mêmes.
Pour Nietzsche, la culpabilité serait « une maladie de l’âme », résultant des instincts qui ne trouvent pas à faire irruption au-dehors et qui se retournent vers le dedans.
Elle est donc essentiellement une réalité conflictuelle intérieure au psychisme, qui, bien qu’elle comporte une dimension sociale, n’en reste pas moins fortement égocentrique. L’« autre » n’est pas présent en tant que tel, mais sous sa forme intériorisée, et finalement comme un aspect voilé de ma propre intériorité.
La culpabilité n’apporte pas la paix mais le trouble, la confusion, la honte, la gêne, l’aliénation de soi. Elle n’est pas l’œuvre de l’Esprit, et le démon se sert d’elle pour nous conduire à la tristesse voire à la désespérance.
Avec la contrition, nous abordons le domaine spirituel.
La contrition fut définie en 1551, à la session XIVème du Concile de Trente comme suit : « Une douleur de l’âme et une détestation du péché commis, avec le propos de ne plus pécher à l’avenir. » Par « douleur », le concile entend non pas une émotion sensible entraînant des effets physiologiques ; mais plutôt une douleur spirituelle, un regret rationnel et volontaire du mal qu’est le péché, que l’on déteste et haït. Et nous le détestons, parce qu’à la lumière de l’amour de Dieu, nous en découvrons l’horreur. Le péché est horrible parce qu’il nous sépare du souverain Bien qui est l’Amour de Dieu pour nous. C’est donc uniquement à la lumière de la grâce que nous pouvons découvrir ce qu’est la contrition. La contrition est le premier fruit de l’action de l’Esprit Saint nous attirant vers le Christ pour recevoir de lui le pardon ; c’est le premier mouvement de la conversion salutaire.
« C’est Dieu qui, en révélant sa gloire, donne à l’homme de reconnaître son péché. Nous pardonnant notre faute, Dieu nous donne le mouvement de la contrition véritable. C’est dans le même acte que l’homme est appelé à confesser son péché et la sainteté de Dieu » (J.C. Sagne).
La contrition est donc toujours source de paix, de joie, d’émerveillement devant l’amour de Dieu, qui m’a aimé alors que j’étais encore son ennemi (Rm 5, 10), et qui fait tout pour me ramener à lui afin qu’il puisse me pardonner.
« C’est une réalité interne au psychisme qui donne à la conscience l’impression d’être accablée par un poids, de sentir la morsure du remords et d’être comme devant un tribunal intérieur prêt à juger et à infliger une punition.
C’est pourquoi le sentiment de culpabilité est quasiment toujours lié à un appel intérieur en faveur d’une conduite de réparation » (Les péchés, que peut-on en dire ? Salvator, Paris 1984, p.51).
Les psychanalystes se sont penchés sur la genèse du sentiment de culpabilité, qui semble être lié à « la conscience d’une non-réponse à un désir de l’autre qui a pour l’enfant force de loi. Le sentiment de culpabilité ne serait alors que l’expression de l’angoisse de perdre l’estime de l’objet d’amour, voire d’être agressé par lui » (A. Vergote, Dette et désir, éd. du Seuil, Paris 1978, p. 52).
Pour Freud, la culpabilité résulte du refoulement de l’agressivité, interdite par le surmoi ; elle est la peur de notre agressivité destructrice envers ceux que nous aimons et que nous retournons contre nous-mêmes.
Pour Nietzsche, la culpabilité serait « une maladie de l’âme », résultant des instincts qui ne trouvent pas à faire irruption au-dehors et qui se retournent vers le dedans.
Elle est donc essentiellement une réalité conflictuelle intérieure au psychisme, qui, bien qu’elle comporte une dimension sociale, n’en reste pas moins fortement égocentrique. L’« autre » n’est pas présent en tant que tel, mais sous sa forme intériorisée, et finalement comme un aspect voilé de ma propre intériorité.
La culpabilité n’apporte pas la paix mais le trouble, la confusion, la honte, la gêne, l’aliénation de soi. Elle n’est pas l’œuvre de l’Esprit, et le démon se sert d’elle pour nous conduire à la tristesse voire à la désespérance.
Avec la contrition, nous abordons le domaine spirituel.
La contrition fut définie en 1551, à la session XIVème du Concile de Trente comme suit : « Une douleur de l’âme et une détestation du péché commis, avec le propos de ne plus pécher à l’avenir. » Par « douleur », le concile entend non pas une émotion sensible entraînant des effets physiologiques ; mais plutôt une douleur spirituelle, un regret rationnel et volontaire du mal qu’est le péché, que l’on déteste et haït. Et nous le détestons, parce qu’à la lumière de l’amour de Dieu, nous en découvrons l’horreur. Le péché est horrible parce qu’il nous sépare du souverain Bien qui est l’Amour de Dieu pour nous. C’est donc uniquement à la lumière de la grâce que nous pouvons découvrir ce qu’est la contrition. La contrition est le premier fruit de l’action de l’Esprit Saint nous attirant vers le Christ pour recevoir de lui le pardon ; c’est le premier mouvement de la conversion salutaire.
« C’est Dieu qui, en révélant sa gloire, donne à l’homme de reconnaître son péché. Nous pardonnant notre faute, Dieu nous donne le mouvement de la contrition véritable. C’est dans le même acte que l’homme est appelé à confesser son péché et la sainteté de Dieu » (J.C. Sagne).
La contrition est donc toujours source de paix, de joie, d’émerveillement devant l’amour de Dieu, qui m’a aimé alors que j’étais encore son ennemi (Rm 5, 10), et qui fait tout pour me ramener à lui afin qu’il puisse me pardonner.
-
- Messages : 24
- Enregistré le : 12 févr. 2004
Merci beaucoup pour vos explications.
J'ai compris au niveau intellectuel, mais au niveau pratique et au niveau du coeur, c'est pas mal plus complexe! Comment faire pour changer de vision lorqu'on on a vécu plus de 40 ans dans la culpabilité constante ( je me sens même parfois coupable d'exister!) qui génère l'anxiété et la dépression et aussi l'impression de n'être jamais adéquate. La cupabilité me colle à la peau comme un moule dans le quel j'étouffe.
J'ai compris au niveau intellectuel, mais au niveau pratique et au niveau du coeur, c'est pas mal plus complexe! Comment faire pour changer de vision lorqu'on on a vécu plus de 40 ans dans la culpabilité constante ( je me sens même parfois coupable d'exister!) qui génère l'anxiété et la dépression et aussi l'impression de n'être jamais adéquate. La cupabilité me colle à la peau comme un moule dans le quel j'étouffe.
-
- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Je comprends tout à fait : la culpabilité est une « passion de l’âme » (Saint Thomas) particulièrement complexe, qui s’enracine en général dans des événements douloureux du passé qui concernent nos relations avec les personnes qui ont compté pour nous dans les premières années de notre vie. Je vous suggère de ne pas continuer à porter ce fardeau, mais à essayer de vous faire aider par une psychothérapie. Si cette éventualité ne vous attire pas, vous pouvez aussi vous inscrire à une session de guérison intérieure telle que celle que nous proposons au Monastère. Notre démarche consiste à aider les personnes à revisiter les « blessures » qui sont causes de mal-être à l’état d’adulte, afin de pouvoir refaire, avec la grâce de Dieu, les choix positifs qui permettent de pleinement intégrer notre vie.
-
- Messages : 24
- Enregistré le : 12 févr. 2004
Je pense que je vais saisir votre proposition et m'inscrire en liste d'attente. Comment faut-il procéder ? Faut-il remplir un formulaire, auquel cas il faudrait que je vous donne mon adresse... J'en profite pour vous demander si vous venez parfois donner des conférences en Suisse et si il y a qqch de prévu bientôt dans notre petit pays.
En attendant, je ne pense pas que le Saint-Esprit se croise les bras ( si on peut parler de bras....
) votre explication fait son chemin dans mon coeur . Je suis heureuse d'avoir la possiblilté, grâce au forum de vérifier si mes intuitions sont les bonnes.
Par rapport à la culpabilité, il me semble que depuis toute petite, j'ai fait un amalgame malheureux: aimer = rendre l'autre heureux. Et comme je n'y arrive jamais, je me sens coupable. Je n'ai pas non plus de liberté, car il faut sans cesse se conformer aux dérsirs des autres et en prime, cela produit beaucoup de rencoeurs
.
De plus en plus, je me rends compte que le véritable bonheur ne dépend pas des circonstances et que nul n'est capable de faire le bonheur de l'autre, pas même Dieu, si cet autre ne l'a pas décidé.
Jésus n'a pas non plus aimé de cette manière, car il aurait fini sa vie dans des pantouffles en caressant le pharisiens dans le sens du poil. En fait, je me rends compte que je cherchais plutôt à être aimée qu'à aimer.
Suis-je dans le bon chemin?
En attendant, je ne pense pas que le Saint-Esprit se croise les bras ( si on peut parler de bras....
Par rapport à la culpabilité, il me semble que depuis toute petite, j'ai fait un amalgame malheureux: aimer = rendre l'autre heureux. Et comme je n'y arrive jamais, je me sens coupable. Je n'ai pas non plus de liberté, car il faut sans cesse se conformer aux dérsirs des autres et en prime, cela produit beaucoup de rencoeurs
De plus en plus, je me rends compte que le véritable bonheur ne dépend pas des circonstances et que nul n'est capable de faire le bonheur de l'autre, pas même Dieu, si cet autre ne l'a pas décidé.
Jésus n'a pas non plus aimé de cette manière, car il aurait fini sa vie dans des pantouffles en caressant le pharisiens dans le sens du poil. En fait, je me rends compte que je cherchais plutôt à être aimée qu'à aimer.
Suis-je dans le bon chemin?