Bonsoir
Je viens de commencer une formation en psychanalyse mais dès le départ plusieurs points m'inquiètent. Auparavant j'avais demandé conseil à plusieurs amis prêtres me disant que cela n'était pas incompatible avec ma foi chrétienne (mais tout en restant très réservés concernant cette orientation).
Une démonstration du professeur, psychanalyste de renom, ne m'a pas convaincu et même inquiété. Il s'agit de l'analyse liguistique. Il nous demande d'écrire le titre d'un livre ou d'un film qui nous vient spontanément à l'esprit. Et à partir d'un mot de ce titre, il interprète et explique notre relation avec la mère.
Exemple : dans "vivre" on entends "vie", "ivre" ; dans "aime" on entend "hais", "meut" (mouvoir).
L'inconscient s'exprime ainsi!
Mais qui s'exprime ainsi? n'y a-t-il pas un danger?
En tout cas moi je n'ai aucune confiance et je pense arrêter cette formation.
Merci pour vos conseils et ce site très utile et efficace
Psychanalyse
-
P. Joseph-Marie
- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Votre question est délicate et mériterait un développement bien plus détaillé que ce que je pourrai faire. Sans pousser les choses à l’excès, il est vrai que notre inconscient se trahit dans des pensées apparemment anodines. L’intérêt de la psychanalyse est de laisser émerger ce qui nous habite à notre insu, c'est-à-dire inconsciemment.
A la question : pourquoi donc conscientiser cet inconscient ? Je répondrai : parce que les pensées inconscientes ne sont pas passives : elles agissent à mon insu ; elles me poussent, m’orientent, me « manipulent » en quelque sorte. Bien sûr elles sont une partie de moi-même, mais elles représentent un reliquat du passé qui peut m’empêcher de faire aujourd’hui ce que je voudrais réaliser. Il faut que le passé soit à sa place, c'est-à-dire dans le passé, et pas secrètement présent dans le présent pour m’empêcher de construire librement mon avenir.
Ceci dit, si cette formation vous trouble, il me semble effectivement plus sage de l’interrompre : il est probable qu’elle ne vous correspond pas. Je suis loin d’être un inconditionnel de la méthode psychanalytique, tout en reconnaissant le bien-fondé de la démarche, si du moins elle ne devient pas totalitaire ; je veux dire si elle n’envahit pas tout le champ de la conscience et de la vie, et si elle respecte les différents niveaux du mystère humain. Car le domaine de la psychanalyse est le psychique, et non le spirituel. Autant il est légitime d’analyser les répercussions de ma foi au niveau psychique, autant il serait erroné (épistémologiquement parlant) de prétendre analyser la foi elle-même (vertu théologale) à la lumière de la psychanalyse.
A la question : pourquoi donc conscientiser cet inconscient ? Je répondrai : parce que les pensées inconscientes ne sont pas passives : elles agissent à mon insu ; elles me poussent, m’orientent, me « manipulent » en quelque sorte. Bien sûr elles sont une partie de moi-même, mais elles représentent un reliquat du passé qui peut m’empêcher de faire aujourd’hui ce que je voudrais réaliser. Il faut que le passé soit à sa place, c'est-à-dire dans le passé, et pas secrètement présent dans le présent pour m’empêcher de construire librement mon avenir.
Ceci dit, si cette formation vous trouble, il me semble effectivement plus sage de l’interrompre : il est probable qu’elle ne vous correspond pas. Je suis loin d’être un inconditionnel de la méthode psychanalytique, tout en reconnaissant le bien-fondé de la démarche, si du moins elle ne devient pas totalitaire ; je veux dire si elle n’envahit pas tout le champ de la conscience et de la vie, et si elle respecte les différents niveaux du mystère humain. Car le domaine de la psychanalyse est le psychique, et non le spirituel. Autant il est légitime d’analyser les répercussions de ma foi au niveau psychique, autant il serait erroné (épistémologiquement parlant) de prétendre analyser la foi elle-même (vertu théologale) à la lumière de la psychanalyse.
-
Louis
Merci, votre réponse est excellente!
(Excusez pour la coquille "analyse linguistique")
Je voulais rajouter que ce qui m'a le plus choqué c'est le fait de n'avoir pas le droit d'être sceptique à propos de certaines théories (réaction très dur du professeur face à un simple sourire). Dès le 1er cours il faut adhérer à 100% où prendre la porte!
Et je sais par expérience qu'il facile d'argumenter et de faire correspondre n'importe quel cas de figure à ses propres théories.
Mais vous avez raison : ce n'est pas ma voie!
(Excusez pour la coquille "analyse linguistique")
Je voulais rajouter que ce qui m'a le plus choqué c'est le fait de n'avoir pas le droit d'être sceptique à propos de certaines théories (réaction très dur du professeur face à un simple sourire). Dès le 1er cours il faut adhérer à 100% où prendre la porte!
Et je sais par expérience qu'il facile d'argumenter et de faire correspondre n'importe quel cas de figure à ses propres théories.
Mais vous avez raison : ce n'est pas ma voie!
