Peut-etre le deux ?!
Nous croyons en Dieu, le Tout-puissant, Créateur et Seigneur de l'Univers, meme qu'absolument Transcendant, Eternel et Infini, infiniment Bien-heureux, doué de toutes perfections au plus haut degré, sans aucune imperfection. Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
Jésus-Christ nous révèle que ce Dieu est, précisément, son Père ; au point que lui, le Fils, est dans le Père et le Père en lui : " Qui me voie, voie le Père ! ".
Jésus-Christ nous révèle aussi que Dieu, son Père, est meme notre Père, qui nous a créés libres pour nous donner son Amour et la participation à sa propre Vie. Dieu a, ainsi, voulu pour soi-meme la loi de l'Amour !
Dante Alighieri a représenté dans un vers inoubliable de la Comédie cette loi d'Amour : " Amor, ch'a nullo amato amar perdona " (Enfer V°, 103) ; c'est-à-dire que l'Amour, le " vrai " Amour, exige correspondance.
Et si le bien-aimé refuse librement de correspondre à l'Amour ? C'est la souffrance, la plus grande, pour qui aime vraiment !
Mais Dieu, peut-il souffrir ? La souffrance d'Amour, accueillie librement, est-elle une imperfection, un " pati ", c'est-à-dire un subir de l'extérieur sans pouvoir faire quoi que ce soit ? Est-elle compatible avec la supreme perfection de Dieu ?
Nous avons besoin de croire en Dieu Tout-puissant et, en meme temps, Compatissant (dans le sens de " souffrir " avec) aux malheurs de l'homme.
Que nous en avons eu des malheurs, le siècle passé, et nous en avons, hélas !, dans le siècle à peine commencé !
Sans la Compassion, la présence du " mal " pourrait devenir occasion d'un jugement contre Dieu !
Il est l'Immuable, d'accord, mais son immutabilité est-elle en opposition avec sa supreme Liberté ? Il nous a livré son Fils unique et il a contrainte son Infinité et Majesté divines dans notre chair ! Saint Augustin a écrit qu'"une saine réaction de souffrance est près de l'immortalité bien plus du torpeur insensible " (s.Augustin, En. in Ps. 55, 6).
Nous trouvons dans la Bible aussi des expressions qu'on ne peut pas aisément expliquer comme des anthropomorphismes (cfr Gn 6, 6 ; Is 7, 13 ; 63, 10 ; Ger 12, 7 ; 31, 20 ; Os 4, 6 ; 6, 4 ; 11, 8 seg.).
Et quelque père de la foi a exprimé des idées pareilles. Grégoire le Thaumaturge a employé une expression dialectique : " Dieu en Jésus-Christ a souffert impassiblement, parce qu'il l'a fait librement (Grégoire Th., ad Theopompum IV-VIII).
D'une lettre de saint Cyrille au patriarche Nestorius (COD 42), au Concile d'Ephèse nous apprenons que le Fils fait siennes les souffrances infligées à sa nature humaine (" oikeiosis ", c'est à dire, faite propre). Pouvons-nous reconduire la proposition à une simple expression des idiomes ?
Je sais bien, Chalcédoine! On ne peut pas affirmer " formellement " que notre Seigneur Jésus-Christe est passible dans sa divinité (DS 16, 166, 196 s., 284, 293 s., 300, 318, 358, 504, 635, 801, 852). Bon ! Il faudrait, quand meme, expliquer exactement le terme " passibilité ".
Cependant le Peuple Chrétien a toujours loué la Miséricorde de Dieu ; est-elle la meme chose que la Compassion? Je ne crois pas! Et quoi penser du culte du Sacré-Cœur et du culte de l'Amour Miséricordieux ?
Sauvegardée la christologie du Concile de Chalcédoine, reste qu'il nous faut progresser ; certes, avec humilité et dans la prière, étant donnée notre totale insuffisance à percer l'insondable mystère de Dieu.. Nous sommes des etres intelligents et, avec la Lumière du Saint-Esprit, le dépôt de la Foi peut progresser dans l'Eglise aussi avec notre réflexion, notre méditation e la cohérence de notre vie (cfr Conc. Ec. Vat. II°, Dei Verbum 8, 23 ; 24 ; Gaudium etr Spes 62).
Dieu s'est révélé clairement avec l'économie du Salut, en Jésus-Christ. Le Fils éternel a assumé la " kenosis " (la spoliation, le vidage) de l'Incarnation dans sa propre Vie; ainsi Dieu s'est révélé et donné dans une manière absolue et définitive.
Ne s'agit-il pas de l'Essence meme du Père ? Il est bien le Père qui accompli le mystère en union avec le Fils et le Saint-Esprit. Il s'agit de la Relation Trinitaire: dans la Vie la plus intime de la Sainte Trinité cet événement est, donc, possible.
Dieu, dans son incompréhensible Liberté, nous offre en Jésus-Christ le dialogue de la Génération éternelle, dans laquelle le Père dit à son Fils: " Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai généré ".
Idées et considérations acceptables et soutenables ?! Quelqu'un parle, avec réprobation, d'hegelisme, de protestantisme, de douleurisme, de staurothisme et, encore, d'hérésie théopasquite !
Quoi penser?
Je vise au mystère de l'Incarnation dans sa globalité, de la naissance à la glorieuse Résurrection. Dieu, la Sainte-Trinité, le Ciel entier, sont sans doute Bien-heureux en visant la Gloire du Ressuscité, assis à la droite du Père ; mais pouvons-nous oublier le prix que notre Seigneur a payé pour la Gloire de Dieu et pour notre rachat ?
Est-il possible annoncer la Parole de Dieu aujourd'hui en restant rigidement ancré au langage de Chalcédoine et des siècles passés ? Prenons, plutot, l'esprit de notre meilleure Tradition, suivant, naturellement, l'enseignement magistèrial de l'Eglise avec docilité; mais il faut quand meme " avancer " (en Théologie aussi, ou bien, surtout !).
Je crois que la meilleure façon de suivre la Tradition et l'enseignement des pères de l'Eglise, des saints e des saints docteurs soit de faire comme ils ont fait: vivre saintement dans leur époque avec sensibilité aux problèmes du moment, avec les mots et la compréhension de propre temps.
Est-ce que je me trompe? S'agit-il d'une déviation " moderniste " ?
Est-il possible croire que notre Dieu est Impassible meme que Compatissant (naturellement, comme le dit le père Verlinde, " d'une manière que Dieu seul connaît et que nous désignons analogiquement sous ce terme ")?
Amicalement,
Emile.
Un Dieu Impassible ou Compatissant?
Impossible de répondre à une telle intervention: nous sommes loin des exigences formulées dans la charte du site: une brève question à la fois !!!
Je dirai simplement qu'Origène parlait d'une "passion d'amour" de la Trinité pour désigner le triduum pascal. Les Pères de l'Eglise considèrent que le Dieu impassible peut souffrir par amour, la souffrance qu'il endure pour ceux qu'il aime mettant davantage en lumière son infini amour.
Je dirai simplement qu'Origène parlait d'une "passion d'amour" de la Trinité pour désigner le triduum pascal. Les Pères de l'Eglise considèrent que le Dieu impassible peut souffrir par amour, la souffrance qu'il endure pour ceux qu'il aime mettant davantage en lumière son infini amour.