Notre Père

Verrouillé
Edwige

Notre Père

Message par Edwige »

Qu'elle est "l'original" de la phrase suivante du Pater: "...et ne nous soumet pas à la tentation..." parce que dans d'autres langues elle n'a pas été traduite de la même façon. En effet, j'ai plusieurs fois vérifié que dans certaines langues les chrétiens disaient "...ne nous laisse pas soumettre à la tentation ...". Comme cette traduction me parait plus juste pour qualifier les actes de Dieu, je me permets de vous demander de quelle traduction le texte grec se rapproche .

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Je ne parviens plus à mettre la main sur la publication qui répondait « scientifiquement » à votre question. Je réponds donc de mémoire. Les Evangiles sont écrits en grec, alors que Jésus a enseigné le Notre Père en araméen. Si on reconstruit le parcours de l’original araméen jusqu’à la version grecque, on comprend que la traduction la plus fidèle est la suivante : « Ne nous laisse pas succomber à la tentation ». La traduction liturgique « officielle » propose cependant : « Ne nous soumet pas à la tentation », ce qui risque de déformer le sens du verset. Il va sans dire en effet que Dieu ne saurait nous soumettre à la tentation : ne faisons pas de Dieu le Tentateur !

Edwige

Notre Père

Message par Edwige »

Personnellement, à la messe je voulais dire pendant la récitation du Pater "...et ne nous laisse pas soumettre à la tentation ..." mais je voulais rester discrète afin de ne pas aller contre l'Unité de l'Eglise, et je ne voulais pas commettre d'erreur linguistique :oops: MERCI de votre réponse et union de prière pour votre retraite, Edwige.

André

Message par André »

Je butte chaque fois sur cette phrase. Quand je prie personellement je dis "ne nous laisse pas succomber à la tentation". A la messe je dis comme tout le monde "ne nous soumets pas à la tentation".
Lorsque je prie seul, je suis mon inclination. En Eglise je respecte la coutume établie, bien que je ne la comprenne toujours pas.
Je ne suis plus sûr de ma mémoire mais il me semble que lorsque j'étais petit (... mettons il y a 40 ans) c'était la première phrase qui avait cours ?

Hélène

Notre Père

Message par Hélène »

Permettez-moi, Père Verlinde, d'appuyer vos propos sur la tentation par cette Parole :wink:

"Que personne, lorsqu'il est tenté, ne dise: C'est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise." (Jacques 1.13,14)

Jésus "a été tenté comme nous en toutes choses" et il a de la compassion pour nous dans nos faiblesses. C'est de Lui qu'il faut s'approcher pour trouver la grâce, pour obtenir miséricorde et pour être secourus dans chacun de nos besoins.(Hébreux 4.15,16)

"Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces: mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir afin que vous puissiez la supporter."(ICorinthiens 10.13)

A la lumière de son Amour et de sa prévoyance, pourquoi sommes-nous donc si nombreux à "succomber"? :oops:

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

André a écrit :Il me semble que lorsque j'étais petit (... mettons il y a 40 ans) c'était la première phrase qui avait cours ?
Il est fort possible que la traduction populaire du « Pater Noster » était « ne nous laisse pas succomber à la tentation ». Mais la liturgie latine - qui était en cours à l’époque - disait déjà : « Ne nos inducas in tentationem », c'est-à-dire « ne nous induit pas en tentation ». Ce qui explique que lorsque la liturgie est passée en langue vernaculaire, elle ait gardé cette version.

P. Joseph-Marie
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Re: Notre Père

Message par P. Joseph-Marie »

Hélène a écrit :A la lumière de son Amour et de sa prévoyance, pourquoi sommes-nous donc si nombreux à "succomber"?
Vous tournez le couteau dans la plaie ! Je me pose souvent cette question. Je suis sûr que si je collaborais avec la grâce, je ne tomberais pas dans le péché comme je le fais quotidiennement et même si souvent par jour. Saint Jean nous le dit clairement : « Quiconque demeure en lui ne pèche pas. Quiconque pèche ne l'a vu ni connu. Celui qui commet le péché est du diable, car le diable est pécheur dès l'origine. C'est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu. Quiconque est né de Dieu ne commet pas le péché parce que sa semence demeure en lui ; il ne peut pécher, étant né de Dieu » (1 Jn 3, 4-9). Tout cela est bien troublant ; heureusement, dans la même lettre l’Apôtre ajoute : « Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste. C'est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jn 2, 1-2). Il ne me reste plus qu’à me convertir, et à mettre mon espérance dans cette autre parole : « Si nous confessons nos péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité » (1 Jn 1, 9).

Julien

"ne nous soumets pas à la tentation"

Message par Julien »

Pour revenir sur cette traduction du Notre Père, je voudrais ajouter la précision de François Bluche (in La Foi chrétienne, histoire et doctrines, aux éd. du Rocher, 1996, p.208) : "Reste l'invention du Notre Père commun en 1966. Cette version oecuménique du Pater [...] fut conçue à l'intention des fidèles, catholiques, protestants ou orthodoxes. Les protestants l'adoptèrent sans difficulté: elle correspondait presque mot à mot à leur version officielle. On leur faisait même la politesse d'intégrer la belle doxologie: "Car c'est à Toi qu'appartiennent le Règne, la puissance et la gloire", qui n'a pas été dictée comme le reste par le Christ mais qui nous a transmis une invocation pieuse de la primitive Eglise." Il continue en écrivant que le plus gros souci des catholiques français fut d'adopter le tutoiement.
Personnellement, ma mère m'a appris, enfant, l'"ancienne version" avec "ne nous laissez pas succomber à la tentation"; et elle rejoignait en cela l'appréciation d'un théologien dans un livre sur la dévotion au Pater de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus: il y était fait mention que, si le verbe soumettre proposait une traduction littérale de "ne nos inducas in tentationem", il pouvait donner lieu à des méprises sur la part de Dieu dans nos tentations et qu'il fallait donc lui préférer la phrase proposée par la coutume de langue française. Contrairement à André, je n'ai jamais eu de problème de conscience à ce niveau-là : un prêtre âgé qui nous a fait le catéchisme nous a expliqué les différences des deux versions, et je préfère m'en tenir à ce qui semble être plus proche de la vérité, en priant pour que l'unité y tende à nouveau.
Ce qui peut nous le laisser croire, c'est déjà que des chrétiens se posent la question de la traduction et ne récitent pas le Notre Père sans réfléchir à ce qu'ils disent. Ensuite, comme la revue Famille chrétienne l'avait signalé pour l'Eglise orthodoxe, Jean-Marie Gourvil a écrit "Ne nous laisse pas entrer dans l'épreuve-une nouvelle traduction orthodoxe du Notre Père"(éd. de Guibert), qui propose quelques pistes. Enfin, comme me l'a dit un ami prêtre, les spécialistes de l'Eglise sont à l'étude pour proposer une meilleure traduction à l'ensemble des fidèles.

Verrouillé