sacrement du pardon

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PEYRE

sacrement du pardon

Message par PEYRE »

Par le baptême, nous sommes "prêtres, prophètes et rois". Le prêtre, comme médiateur représentant le Christ dans l'Eglise, a le pouvoir de pardonner tout manquement à l'amour (ce que nous appelons "péché" n'est rien d'autre qu'un manquement à l'amour, me semble-t-il). Ce qui blesse Dieu, c'est le manque d'amour fraternel. Le visage de Dieu, c'est le visage de chaque être humain. Ma question est la suivante : un chrétien baptisé n'a-t-il pas le pouvoir de pardonner dans son coeur, comme un prêtre, à des personnes qu'il rencontre et qui se confient à lui? Bien sûr, il ne peut pas l'exprimer avec les mots de l'Eglise réservés à ce sacrement. Est-ce trop audacieux? Je pense à Bernanos, à la fin du "Curé de campagne", à sainte Thérèse de Lisieux. La volonté de Dieu, c'est le bonheur de chacun, sa libération, or tant de personnes ne rencontrent pas de prêtre. La Communion des Saints nous permet-elle d'espérer que le Christ pardonne à travers le "prêtre" qu'est chaque baptisé, au long de ses rencontres chaque jour. Aimer, n'est-ce pas toujours pardonner, et la vraie paix n'est-elle pas dans le pardon?

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Lorsque Jésus ressuscité vient à la rencontre de ses apôtres au matin de Pâques, il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20, 22-23). Ces paroles s’adressent incontestablement en premier lieu aux « prêtres » agissant au nom du Christ. Le pardon sacramentel « garantit » l’intervention de la miséricorde (si le pénitent est dans les dispositions voulues), au sens où Dieu s’est lié par ses sacrements.
Mais le Très-Haut se réserve aussi la liberté d’agir par d’autres canaux que ses sacrements pour dispenser ses grâces. Aussi il est tout à fait légitime de prendre ces paroles du Ressuscité dans un sens plus large : tout baptisé est effectivement invité à exercer ce « pouvoir » de pardonner que Jésus remet entre ses mains (ou plutôt dans son cœur). Avec l’Esprit Saint, nous avons reçu le pouvoir de pardonner et nous sommes invités instamment à partager le bon Pain de la miséricorde dont nous sommes les premiers bénéficiaires. Avez-vous remarqué que toute la mission d’évangélisation se résume dans le quatrième Evangile à ce seul précepte : remettre les péchés ?
Vous avez donc tout à fait raison d’exercer largement ce ministère au nom de votre sacerdoce baptismal : comme vous le dites, il n’y a de paix et de joie que dans le pardon.

PEYRE

sacrement du pardon

Message par PEYRE »

Votre réponse me donne un grand bonheur. Pour moi, le quatrième Evangile est celui de l'amour, mais désormais, je dirai que c'est celui du pardon, ce que vous dites est très beau. Pardonner, c'est l'amour dans sa perfection, en effet.
Il m'est venu une question : Jésus a toujours pardonné, et sur la Croix Il demande à son Père : "Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."
Pourquoi n'a-t-il pas pardonné lui-même directement? Est-ce parce que le "crime" était si grand que le pouvoir ne lui en revenait plus?
Très bonne journée en cette grande fête de Marie du 8 décembre et union de prière.

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Vous avez raison de souligner ce point qui peut surprendre : Jésus ne dit-il pas au paralytique – ou plutôt aux Juifs qui le critiquent parce qu’il prétend pardonner les péchés de cet homme : « Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et va-t-en chez toi » (Mt 9, 6). Jésus a donc bien le pouvoir de pardonner les péchés en son nom. D’ailleurs n’a-t-il pas reçu tout pouvoir du Père en tant que Fils unique ?
La différence réside dans la fait que les bourreaux de Notre-Seigneur ne demandent pas pardon (le paralytique non plus me direz-vous, du moins pas explicitement ; mais sa démarche prouve une foi naissante, que Jésus oriente précisément vers l’essentiel : le pardon des péchés). Les Juifs qui ont condamné Jésus ne se considèrent pas en faute et sont loin de demander pardon. Aussi Notre-Seigneur intercède-t-il auprès de son Père en leur faveur, afin que celui-ci leur pardonne malgré leur aveuglement. Autrement dit, la victime innocente le coupable, couvre sa faute, ce qui suppose implicitement que Jésus lui-même leur a également pardonné.

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