Virginité dans le mariage

[Nathalie]

Bonjour Père,

En ce mois de Novembre, nous honorons trois saintes (Françoise d'Amboise le 4, Salomé de Cracovie le 18 et Cécile le 22 ) qui ont choisi de vivre une virginité dans le mariage. Je suis étonnée, je pensais que le fait de réserver son corps dans le cadre du mariage était justement un motif d'annulation pour L'Eglise puisque les époux sont appelés à se donner mutuellement et à donner la vie. Comment expliquer que L'Eglise montre en exemple ces saintes en mettant en relief leur virginité ? Merci d'avance !

[P. Joseph-Marie]

Vous avez raison de souligner que ce n’est pas la trajectoire « normale » d’un couple. Saint Paul lui-même conseille : « La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme. Ne vous refusez pas l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière ; et de nouveau soyez ensemble, de peur que Satan ne profite, pour vous tenter, de votre incontinence » (1 Co 7, 4-5). Ainsi donc de commun accord, et en réponse à un appel tout à fait particulier de l’Esprit, des époux peuvent décider de continuer leur cohabitation dans la chasteté. Dans certains cas ils choisissent de vivre séparés, entrant chacun de son côté en religion. J’ajoute que ceci n’est possible qu’avec une permission expresse de l’évêque, qui ne se prononce qu’après une enquête.
Le mariage « blanc » auquel vous faites allusion, est le mariage non consommé. Celui-ci est effectivement invalide (exception faite pour Marie et Joseph en raison de la finalité unique de leur mariage !) les époux ne s’étant pas donné l’un à l’autre dans l’intégralité de leur être. Dans les cas des saintes que vous citez, il me semble plutôt qu’il s’agit d’épouse validement mariées, qui ont par la suite changé d’état de vie en réponse à un appel particulier de Dieu.

[Nathalie]

Pardonnez-moi Père, la seconde partie de votre réponse me laisse un peu perplexe. Quand vous dites "qu’il s’agit d’épouses validement mariées" à propos des saintes précitées et qu'elles se sont "données dans l'intégralité de leur être", entendez-vous qu'elles ont quand même connu charnellement leur époux avant d'avoir choisi cette voie de chasteté absolue ? Cela ne paraît pas le cas puisque l'Eglise utilise le mot "virginité" et non pas "chasteté". Il semblerait donc qu'il n'y ait jamais eu consommation entre les époux dès le départ. De fait, concrètement je ne vois pas bien la différence avec le mariage blanc (si ce n'est que ce choix est porté par une dimension spirituelle, bien sur).

[P. Joseph-Marie]

Je ne dispose pas de l’hagiographie d’où vous tirer votre information, mais la virginité dans le mariage me semble un contre-sens ! La « chasteté » dans le mariage – éventuellement même l’abstinence dans certains cas comme nous le disions – oui ; mais la « virginité » caractérise le célibat consacré.
Il me semble qu’il s’agit d’un abus de langage, qui ne m’étonnerait pas vraiment dans les hagiographies, surtout si elles sont anciennes. Vous n’êtes pas sans savoir que Saint Jérôme bébé ne tétait pas le sein de sa nourrice les vendredis, par esprit de pénitence ?

[Nathalie]

Merci bien Père, j'ai lu ces informations dans le "Magnificat" du mois de Novembre (je me suis trompée d'ailleurs, c'est le 17 et non le 18 que nous honorons sainte Salomé et il est bien mentionné "vierge" devant sa date de naissance). Et dans le cas de Sainte Cécile, il est même dit que la passion de son martyre exalte la virginité chrétienne. Je pensais que les hagiographies de cette édition étaient fiables et réactualisées !

[P. Joseph-Marie]

S’il est noté qu’elle est « vierge », alors pour sûr la Sainte dont on parle n’a pas été mariée. Saint Cécile n’a pas connu les noces que je sache, sinon les noces mystiques par son martyre (allusion à l’exaltation de sa virginité par le martyr).

[Nathalie]

Je vous joins le site du magnificat qui donne davantage de détail sur sainte Cécile qui fut dit-on mariée à un certain Valérien. C'est assez troublant parce que ce n'est pas la première fois que je rencontre un récit traitant d'un cas de virginité dans le mariage. Il semblerait bien que l'Eglise l'ait permise et même honorée au cours des siècles. Et comme cette parution est lue chaque mois par des milliers de catholiques, il serait bon que les rédacteur révisent leurs hagiographies !


Voici le lien : http://magnificat.qc.ca/cal/fran/11-22.htm

[P. Joseph-Marie]

Je maintiens que le mariage de cette angélique Sainte n’est pas valide ! Elle a vécu et est morte comme vierge, et n’a jamais été mariée. Son pieux ami a consenti – du moins dans le récit de l’hagiographe – à respecter sa virginité, non pas par mépris du mariage, mais par respect de son engagement antérieur, ce qui est tout autre chose !