L'âme

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Je suis sûr que c’est sans le vouloir, mais votre position est passablement réductrice ! Vous exposez un positivisme qui était très répandu jusqu’à ce que les messages des « esprits d’outre tombe » et l’influence de l’orient aient introduit la notion de réincarnation, et donc de survie de l’âme. Comme quoi les idéologies se font et se défont au moment même où elles croyaient triompher. Paix à l’âme d’Auguste Comte (père du positivisme que vous défendez si bien, probablement sans le savoir).
Votre problème est en fait épistémologique. La connaissance commence par les sens, se fonde sur elle, mais ne se termine pas avec elle. L’intelligence prend le relais pour extraire (abstraire) du donné des sens, la partie intelligible, qu’elle restitue dans le concept. L’objet formel de l’intelligence est la forme intelligible, la quiddité, l’essence des phénomènes que lui présentent les sens (par la médiation de l’imagination). Or cette opération abstractive serait impossible si l’intelligence était immergée dans le sensible, c'est-à-dire si son fonctionnement était uniquement le fruit de l’activité de nos neurones. Notre cerveau est condition nécessaire mais non suffisante pour la ré-flexion, le retour sur soi du sujet dans son acte, quel que soit celui-ci. Nos facultés spirituelles (intelligence, volonté) sont effectivement enracinées dans la dimension somatique de notre être, mais elles la transcendent également de manière radicale. Aussi n’y a-t-il aucune raison que cette dimension spirituelle disparaisse avec la mort du corps. Certes le cerveau ne fonctionnant plus, la pensée ne pourra plus s’exprimer selon les modalités que nous vivons actuellement, mais n’oubliez pas que les anges pensent, réfléchissent, communiquent, alors qu’ils sont de purs esprits, dépourvus de tout corps.
Par contre vous avez raison de marquer la différence entre la conception grecque et l’espérance chrétienne : nous n’attendons pas une simple survie de l’âme, mais ce que nous espérons, c’est de vivre de la vie même de Dieu ! La survie de l’âme est présentée dans la première Alliance comme très peu désirable : il s’agit du séjours dans l’Hadès, en français : les enfers (au pluriel), lieu que Jésus visite précisément le samedi saint pour bien signifier qu’il change le statut des âmes (immortelles par nature) en attente de leur accomplissement par leur participation à la vie divine.

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Louis a écrit :- Ne retrouve-t-on pas là le concept d'âme-groupe développé par certaines écoles ésotériques comme la théosophie par exemple?!
- Sur quels passages de la bible peut-on s'appuyer pour parler d'espèces immortelles?
- N’oubliez pas que les divers ésotérismes, comme tous les mouvements gnostiques, se sont développés à la lisière d’une Tradition religieuse à laquelle ils ont fait de larges emprunts ! En voilà sans doute un parmi bien d’autres.

- Vous ne trouverez pas la notion d’ « espèce » au sens où Saint Thomas la définit dans la Révélation, puisque ce concept appartient à l’explicitation philosophique du donné révélé. Mais nous lisons en Is 11 que la création tout entière sera au rendez-vous de la parousie (j’allais ajouter : heureusement !) : « Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur : son inspiration est dans la crainte du Seigneur. Il jugera mais non sur l'apparence. Il se prononcera mais non sur le ouï-dire. Il jugera les faibles avec justice, il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays. Il frappera le pays de la férule de sa bouche, et du souffle de ses lèvres fera mourir le méchant. La justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses hanches. Le loup habitera avec l'agneau, la panthère se couchera avec le chevreau. Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon. La vache et l'ourse paîtront, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le bœuf mangera de la paille. Le nourrisson jouera sur le repaire de l'aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Is 11, 1-9).
Je pourrais encore citer la lettre aux Romains : « La création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : si elle fut assujettie à la vanité - non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise - c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement » (Rm 8, 19-22). Je ne crois pas que les animaux soient exclus de ce renouvellement final, lorsque le Seigneur accomplira sa Parole : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5). Il s’agira d’une nouvelle création, à l’image de la première, dans laquelle Dieu avait dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce et il en fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les bestioles du sol selon leur espèce, et Dieu vit que cela était bon » (Gen 1, 24-25).

Invité

Message par Invité »

:?: je suis nouvelle en informatique et je découvre votre site,ungrand merci et ce forum me permet d'avoir de trés belles réponses à des questions restées en suspend.mais je voudrais poser une question qu'une amie,guérie d'un cancer lors d'une intercession pour les malades chez les dominicaines de salernes dans le var a éveillée en moi.Dans son témoignage elle a dit:"j'ai demandé au Seigneur de guérir mon âme car avec une telle pathologie je suis sûre que mon âme était touchée" .je suis moi-mème touchée par un terrain cancérigène à la goge côté gauche,et faisant un chemin de guérison intérieure,(accompagnée par Fernand et Edith Fritch pour la plus grande partie,car Fernand est partie rejoindre le Seigneur} cela m'a interpelée,dois-je prier en ce sens .j'ai fortement besoin de votre conseil? car cette maladie est liée à une douleur dans mon coeur,blessure de la petite enfance?,blessure du veuvage?, monâme est-elle liée à cela, est-elle atteinte ? merci de m'éclairer et de prier pour moi car depuis que Fernand est parti au Ciel ,je suis un peu perdue bien qu'Edith soit toujours à mes cotés. Merci pour vos intercessions à Fontvieille,où le Seigneur a choisi de me redonner la vie,et je rends gràce à Dieu pour sa miséricorde et son infini tendresse,je reste dans l'espèrance de la guérison et que cela n'était qu'une épreuve de plus pour m'édifier davantage :?: . :?: mais j'attends votre réponse

Invité

Message par Invité »

j'espère que vous avez reçu mon message où je pôsais la question au sujet de la liaison entre notre corps et ses maladies ,et l'état de notre âme ?dans une pathologie lourde l'âme est-elle atteinte? Merci Père de bien vouloir me répondre

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Je suppose que les deux dernières interventions émanent de la même personne (« Invité »).
Votre question pose tout le problème du rapport entre le corps, l’âme et l’esprit. Il est certain qu’en raison de l’unité de la personne humaine, tout ce qui m’affecte dans mon corps se répercute dans les autres dimensions et réciproquement : Sainte Thérèse d’Avila était très gravement malade (physiquement) suite à une épreuve spirituelle, et une maladie physique influe sur notre réflexion et sur notre prière. Nous pouvons dire que toute maladie est toujours « psycho-somatico-spirituelle » - le terme n’existe pas mais vous voyez ce que je veux dire.
La question surgit bien sûr de savoir quelle est la cause de la maladie : se déclenche-t-elle au niveau physique, ou au niveau psychique voire spirituel ? Il me semble que là encore, les trois sont interactifs, mais que l’influence descend de haut en bas.
Bien sûr le corps est mortel, il « s’use » au cours du temps : nous ne sommes pas éternel. Nous portons en nous des maladies potentielles en fonction de notre hérédité, de notre terrain, et d’autres facteurs d’ordre génétique. Mais le facteur déclenchant de la maladie vient probablement des niveaux psychiques et spirituels. Il est bien connu que nous résistons mieux à une infection lorsque le moral est bon. Ou encore, que nous sommes plus fragile physiquement lorsque nous passons par une épreuve spirituelle.
J’ai bien dit le facteur déclenchant : je ne crois pas qu’une rancune puisse provoquer un cancer de l’intestin, mais il n’est pas impossible que certaines maladies se déclenchent plus rapidement si la personne entretient un certain type de stress, d’autres maladies correspondant à d’autres tensions irrésolues.
La nuance me semble importante : je ne suis pas la cause de ma maladie ; elle est en moi à l’état de germe ; mais si elle se déclenche, ce n’est probablement pas sans rapport avec un événement en lien avec mon psychisme ou ma vie spirituelle. D’où l’importance de demander au Seigneur de m’éclairer sur les problèmes irrésolus que je porte en moi et qui peuvent agir dans le secret, déclenchant des processus pathologiques qui pourraient être différés si je parvenais à les mettre à jour.
Bien sûr une fois qu’ils sont mis en route, il est plus difficile de les arrêter, mais la prise de conscience peut dans certains cas efficacement freiner l’évolution, voire même l’interrompre.
Je n’ai pas parlé d’une intervention toujours possible du Seigneur, qui reste libre d’accélérer une guérison naturelle (guérison miraculeuse), ou de provoquer une guérison surnaturelle (miracle).

Verrouillé