Une interview de notre évêque dans un journal chrétien rapporte ces paroles de sa part :"Nous pensons souvent que les mulsumans doivent s'adapter. Mais au nom de quoi pouvons-nous justifier cela? Dans la construction de l'Europe, nous devons être partenaires. L'aspect religieux doit être inscrit dans la Constitution Européenne, car ce n'est pas une affaire privée. Il faudrait cependant mentionner les trois religions qui ont constitué l'Europe: le christianisme, l'islam (on ne peut pas faire fi de huit siècles de présence en Espagne par exemple) et le judaïsme."
Je n'ai jamais entendu le Saint Père souhaiter cette mention des trois religions dans la Constitution européenne, mais seulement des racines chrétiennes. Que faut-il en penser?
mention des trois religions dans la Constitution Européenne
héritage
Il me semble que dans un cas (le Saint Père), il s'agit de penser l'héritage
spirituel de l'Europe (qui n'est en aucun cas l'islam) et dans l'autre (cet évêque), l'héritage culturel de l'Europe.
Dans tous les cas, il me parait évident que l'Europe s'est définie tout au long de son histoire (sauf peut-être ces deux derniers siècles) à la fois autour du christianisme, en tolérant le Judaïsme (mais en incitant vivement à la conversion le peuple juif) et en s'opposant à l'islam (même quand elle était occupée par des musulmans).
Par conséquent la proposition de cet évêque ne me paraît pas raisonnable, et de surcroît contraire à celle du Pape.
De plus, si l'aspect religieux n'est pas une affaire privée, mais qui concerne tous les états, alors sans doute faudrait-il DETERMINER quelle tradition (juive, chrétienne, musulmane) se rapproche le plus de la VERITE AVANT de l'inscrire dans la constitution...
Dans ce cas, cet évêque serait en première ligne pour faire de l'APOLOGETIQUE CATHOLIQUE (et non pas juive ou musulmane) aux dirigeants de l'Europe... Ce que l'on serait en droit d'attendre de lui plutôt
que des déclarations de ce genre. [/b]
spirituel de l'Europe (qui n'est en aucun cas l'islam) et dans l'autre (cet évêque), l'héritage culturel de l'Europe.
Dans tous les cas, il me parait évident que l'Europe s'est définie tout au long de son histoire (sauf peut-être ces deux derniers siècles) à la fois autour du christianisme, en tolérant le Judaïsme (mais en incitant vivement à la conversion le peuple juif) et en s'opposant à l'islam (même quand elle était occupée par des musulmans).
Par conséquent la proposition de cet évêque ne me paraît pas raisonnable, et de surcroît contraire à celle du Pape.
De plus, si l'aspect religieux n'est pas une affaire privée, mais qui concerne tous les états, alors sans doute faudrait-il DETERMINER quelle tradition (juive, chrétienne, musulmane) se rapproche le plus de la VERITE AVANT de l'inscrire dans la constitution...
Dans ce cas, cet évêque serait en première ligne pour faire de l'APOLOGETIQUE CATHOLIQUE (et non pas juive ou musulmane) aux dirigeants de l'Europe... Ce que l'on serait en droit d'attendre de lui plutôt
que des déclarations de ce genre. [/b]
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Tout au long des siècles, l'Église a eu des liens très étroits avec notre continent, si bien que le visage spirituel de l'Europe s'est trouvé modelé par les efforts de grands missionnaires, par le témoignage de saints et de martyrs, et par l'action assidue de moines, de religieux et de pasteurs.
Le christianisme a donné sa forme à l'Europe : c’est à partir de la conception biblique de l'homme, qu’elle a forgé sa culture humaniste dans ce qu'elle a de meilleur ; qu’elle a élaboré des normes de droit et, par-dessus tout, elle a promu la dignité de la personne, source de droits inaliénables. C’est dans l’Evangile qu’elle a puisé son inspiration pour ses créations intellectuelles et artistiques.
L'histoire du continent européen est marquée par l'influence vivifiante de l'Évangile. On ne peut certes pas douter que la foi chrétienne fait partie, de façon radicale et déterminante, des fondements de la culture européenne, y faisant pénétrer les valeurs qui ont donné un caractère universel à la culture européenne.
La modernité européenne elle-même, qui a donné au monde l'idéal démocratique et les droits humains, puise ses valeurs dans son héritage chrétien.
Aussi la question se pose réellement en ce début de troisième millénaire : la société croit pouvoir se passer de l’Eglise – et s’en passe effectivement. Mais peut-elle se détacher du christianisme qui a modelé sa culture et ses valeurs sans compromettre un certain nombre des valeurs fondamentales sur lesquelles elle repose et qui lui sont fournies précisément par le christianisme ?
Il est historiquement indéniable que l’Europe dans laquelle nous vivons n’aurait pas été telle si elle n’avait pas été chrétienne. Il n’y a rien de clérical à cela. Il ne s’agit pas en effet de nier la laïcité du domaine politique et de confondre des rôles qui doivent rester distincts. Il s’agit de quelque chose de plus simple et de plus profond : reconnaître notre identité.
Dans un entretien accordé à la chaîne nationale italienne RAI 2, Joaquin Navarro Valls rappelle que le Saint-Siège souhaite simplement que le préambule mentionne l'héritage culturel et religieux de l'Europe en ajoutant seulement trois mots : « spécialement le christianisme ». Nous ne nions donc pas l’influence d’autres religions, traditions et cultures dans la construction de l’Europe, mais nous maintenons, en accord avec la vérité historique, que le christianisme y à joué un rôle primordial et essentiel. Le nier ou vouloir l’ignorer serait trahir notre passé, avec le risque de nous mettre dans l’impuissance à construire notre avenir.
Il faut certes accueillir le pluralisme religieux et permettre à chacun de vivre sa foi ; mais une culture doit nécessairement avoir un socle cohérent sur lequel se construire. Ce socle ne peut être qu’un ensemble de valeurs, fondées et unifiées dans une tradition religieuse précise. Or les divergences entre les propositions religieuses sont telles qu’il est quasi impossible de fonder une culture sur un pluralisme religieux. Ce qui ne signifie pas – j’insiste - que ce pluralisme ne puisse pas être vécu au sein d’une culture qui a auparavant défini son identité.
Le christianisme a donné sa forme à l'Europe : c’est à partir de la conception biblique de l'homme, qu’elle a forgé sa culture humaniste dans ce qu'elle a de meilleur ; qu’elle a élaboré des normes de droit et, par-dessus tout, elle a promu la dignité de la personne, source de droits inaliénables. C’est dans l’Evangile qu’elle a puisé son inspiration pour ses créations intellectuelles et artistiques.
L'histoire du continent européen est marquée par l'influence vivifiante de l'Évangile. On ne peut certes pas douter que la foi chrétienne fait partie, de façon radicale et déterminante, des fondements de la culture européenne, y faisant pénétrer les valeurs qui ont donné un caractère universel à la culture européenne.
La modernité européenne elle-même, qui a donné au monde l'idéal démocratique et les droits humains, puise ses valeurs dans son héritage chrétien.
Aussi la question se pose réellement en ce début de troisième millénaire : la société croit pouvoir se passer de l’Eglise – et s’en passe effectivement. Mais peut-elle se détacher du christianisme qui a modelé sa culture et ses valeurs sans compromettre un certain nombre des valeurs fondamentales sur lesquelles elle repose et qui lui sont fournies précisément par le christianisme ?
Il est historiquement indéniable que l’Europe dans laquelle nous vivons n’aurait pas été telle si elle n’avait pas été chrétienne. Il n’y a rien de clérical à cela. Il ne s’agit pas en effet de nier la laïcité du domaine politique et de confondre des rôles qui doivent rester distincts. Il s’agit de quelque chose de plus simple et de plus profond : reconnaître notre identité.
Dans un entretien accordé à la chaîne nationale italienne RAI 2, Joaquin Navarro Valls rappelle que le Saint-Siège souhaite simplement que le préambule mentionne l'héritage culturel et religieux de l'Europe en ajoutant seulement trois mots : « spécialement le christianisme ». Nous ne nions donc pas l’influence d’autres religions, traditions et cultures dans la construction de l’Europe, mais nous maintenons, en accord avec la vérité historique, que le christianisme y à joué un rôle primordial et essentiel. Le nier ou vouloir l’ignorer serait trahir notre passé, avec le risque de nous mettre dans l’impuissance à construire notre avenir.
Il faut certes accueillir le pluralisme religieux et permettre à chacun de vivre sa foi ; mais une culture doit nécessairement avoir un socle cohérent sur lequel se construire. Ce socle ne peut être qu’un ensemble de valeurs, fondées et unifiées dans une tradition religieuse précise. Or les divergences entre les propositions religieuses sont telles qu’il est quasi impossible de fonder une culture sur un pluralisme religieux. Ce qui ne signifie pas – j’insiste - que ce pluralisme ne puisse pas être vécu au sein d’une culture qui a auparavant défini son identité.
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Sur la base de ce que dit le pape Jean-Paul II dans son homélie sur la place José Marti à Cuba le 25 janvier 1998 :
je pense qu'il ne faut inscrire le nom d'aucune religion dans la constitution européenne.
Ce serait donner le mauvais exemple, par exemple à l'Inde qui se hâterait d'inscrire l'hindouisme dans sa constitution. Or si l'hindouisme était inscrit dans la constitution de l'Inde, pourrait-on avoir un premier ministre sikh comme c'est le cas actuellement? La vie des chrétiens ne serait-elle pas rendue plus difficile?
http://www.vatican.va/holy_father/john_ ... na_fr.htmlJean-Paul II a écrit :il est bon de rappeler qu'un Etat moderne ne peut faire de l'athéisme ou de la religion l'un de ses systèmes politiques.
je pense qu'il ne faut inscrire le nom d'aucune religion dans la constitution européenne.
Ce serait donner le mauvais exemple, par exemple à l'Inde qui se hâterait d'inscrire l'hindouisme dans sa constitution. Or si l'hindouisme était inscrit dans la constitution de l'Inde, pourrait-on avoir un premier ministre sikh comme c'est le cas actuellement? La vie des chrétiens ne serait-elle pas rendue plus difficile?
Il ne s'agit pas de mettre la Constitution sous l'autorité d'une religion particulière - le christianisme - mais simplement de reconnaître dans la Préambule de la Constitution, que l'Europe s'est construite sur les valeurs héritées du christianisme. J'espère que vous voyez la différence. Il ne s'agit pas de demander une "religion d'état" pour l'Europe, mais simplement de reconnaître que les valeurs européennes ont leur fondement dans le christianisme.
la question de la laïcité
La question agite beaucoup les Français. D'ailleurs, c'est la France qui a fait pression pour que ne soit pas mentionné l'héritage chrétien de l'Europe...
Je ne savais pas trop quoi penser de cette fameuse laïcité, et ce qu'a écrit Mgr Calvet, dont l'ouvrage "La Trame des jours" vient d'être réédité chez Téqui, m'a beaucoup plu. Désolé de ne vous mettre que la conclusion du chapitre, mais ce serait trop long (pages 142 puis 144-145 de la réédition) :
Je ne savais pas trop quoi penser de cette fameuse laïcité, et ce qu'a écrit Mgr Calvet, dont l'ouvrage "La Trame des jours" vient d'être réédité chez Téqui, m'a beaucoup plu. Désolé de ne vous mettre que la conclusion du chapitre, mais ce serait trop long (pages 142 puis 144-145 de la réédition) :
La première édition date de 1955.Il faut construire une notion exacte de l'humanisme; nous ne pouvons plus nous en passer. [...] L'oeuvre est d'une nécessité qui nous presse. Le cycle d'action de la Renaissance est fermé: elle a donné toutes ses conséquences, elle est donc achevée. Averti de sa force, l'homme s'est mesuré à la nature, a pénétré ses secrets et libéré ses forces captives pour les employer à son service; averti de sa dignité, l'homme a proclamé les droits de l'homme et mis fin, théoriquement, à l'exploitation de l'homme par l'homme. Ces conquêtes scientifiques et économiques, dans le bilan de la Renaissance, sont à porter à son actif, au crédit de l'homme. Mais comme il est seul en face de ces richesses et qu'il ne trouve pas en lui-même la loi qui en réglerait l'usage, il arrivera fatalement à l'abus qui est la mort: les progrès de l'économie engendreront des conflits que l'économie ne peut pas résoudre, et les progrès de la science créeront des machines que la science ne peut pas dominer. L'homme est devenu trop grand, il ne peut plus être seul; s'il est seul, il est perdu.
Si un humanisme intégral ramène Dieu dans l'homme, la religion dans la vie, l'équilibre peut revenir, suivi d'une exploitation triomphale des conquêtes de la Renaissance par l'homme complet.
Ramener Dieu dans la vie par une droite conception de l'homme n'est pas seulement pour le penseur un acte de saine philosophie, et pour le chrétien un acte de vrai christianisme, c'est pour tous les hommes, qui ne peuvent plus se refuser à voir la réalité, un acte de salut public.
Banquier, industriel, marchand, avocat, homme politique, qui êtes baptisés, qui faites vos Pâques, qui payez le denier du culte, qui confiez vos enfants à l'école catholique, quand vous allez le matin à votre bureau, vous laissez votre manteau au vestiaire. Vous y laissez aussi les principes de la morale chrétienne; vous ne retenez, pour guider votre action, que l'habit plus commode de la coutume, qui est particulière à chaque profession et qui ne doit rien à l'Evangile. - Oui, je sais, vous reprendrez votre manteau à la sortie.