J'ai entendu Jean d'Ormesson à la télé qui a dit que selon lui : "La foi est la forme de l'Espérance". La "forme" étant "ce qui actualise" l'Espérance s'entend.
Qu'en penser ? Ca rejoint St jean de la Croix dans la montée du Carmel ? Merci.
J’imagine qu’il faut prendre le terme « forme » dans les deux sens : ce qui structure et ce qui actualise. La foi donne effectivement à l’espérance son objet : nous « croyons » en la résurrection des morts, mais « j’espère » que je participerai à cette résurrection. Et par cette espérance, j’accueille déjà la réalisation de ce projet divin sur moi, puisque l’espérance est une vertu infuse, c'est-à-dire une participation à la vie divine dans l’Esprit.
Je pourrais dire aussi que la foi est une lumière surnaturelle qui illumine mon intelligence et lui donne un objet formel nouveau, à savoir Dieu en tant qu’il se révèle et me révèle son projet d’amour. Et que l’espérance est une lumière surnaturelle qui éclaire ma mémoire afin de me permettre de garder le cap sur les promesses divines. Quant à la charité, c’est bien sûr ma volonté qui en est bénéficiaire en tant qu’elle me donne une nouvelle faculté d’aimer. Vous aurez reconnu les analogies psychologiques de Saint Augustin. Auquel cas, l’espérance est à mettre en rapport avec le Père, comme la foi et l’intelligence sont mis en rapport avec le Fils (le Verbe lumière) et la charité et la volonté sont mis en rapport avec l’Esprit Saint. L’objet de l’espérance serait donc la filiation divine pleinement réalisée en moi ; filiation qui m’est révélée par et dans le Fils dans la mesure de ma foi ; filiation qui consiste en un lien d’amour dans l’Esprit.