Père,
Judas a été créé aussi libre que n'importe lequel d'entre nous. Alors que signifient ces paroles de Jésus dans l'Evangile de ce jour:
"J'ai veillé sur eux et aucun ne s'est perdu, sauf celui qui s'en va à sa perte, DE SORTE QUE L'ECRITURE SOIT ACCOMPLIE".( c'est moi qui souligne)
Jean 17,11.
Je ne comprends pas du tout la liberté de Judas mise en parallèle avec l'accomplissement inévitable des Ecritures.
Merci.
Judas
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P.Joseph-Marie
Re: Judas
Il n’a pas fallu que Judas trahisse pour que les Ecritures soient accomplies. Ce sont les Ecritures qui annonçaient la trahison de Judas. Dieu savait à l’avance ce que Judas ferait, et l’avait fait entrevoir au prophète, sans pour autant que ce savoir divin n’influe la liberté de Judas. Vous abordez indirectement le problème que je pourrais formuler ainsi : l’omniscience de Dieu est-elle compatible avec la liberté humaine ? Vous devinez que la réponse mérite un développement plus important que ces quelques lignes, mais globalement nous pouvons dire que Dieu connaît l’avenir (comment en serait-il autrement puisqu’il est dans l’éternité, qui rassemble précisément tous les instants de l’histoire en un seul « instant infini ») sans que cette connaissance n’influe les choix libres des acteurs de l’histoire. C’est en ce sens que nous disons que dès avant la création du monde, le Seigneur voyant par avance que l’homme commettrait le péché – que Dieu n’a pas voulu ! – a décidé de sauver l’humanité par l’incarnation rédemptrice de son Fils.
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Filie
Re: Judas
Père,
Dieu connaît l'avenir comme vous le dites, mais Judas était libre de son choix. Et si il avait fait un autre choix, Jésus aurai très bien pu être arrêté quand même. Jérusalem n'était quand même pas si grande que cela je pense.
Mais j'aimerai connaître les références de l'AT qui parlent de "Judas", pourriez vous m'éclairer ?
Cet avenir que Dieu connaît peut-il changer à chaque instant par des nos actes où est-il définitivement écrit ?
Merci
Dieu connaît l'avenir comme vous le dites, mais Judas était libre de son choix. Et si il avait fait un autre choix, Jésus aurai très bien pu être arrêté quand même. Jérusalem n'était quand même pas si grande que cela je pense.
Mais j'aimerai connaître les références de l'AT qui parlent de "Judas", pourriez vous m'éclairer ?
Cet avenir que Dieu connaît peut-il changer à chaque instant par des nos actes où est-il définitivement écrit ?
Merci
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P.Joseph-Marie
Re: Judas
Il n’y a pas de texte parlant explicitement de Judas, mais le thème du Juste trahi par les siens est courant dans l’Ancien Testament, vous en trouvez des traces dans les Psaumes et chez les Prophètes.
L’avenir est totalement ouvert pour nos libertés humaines qui se déterminent dans le temps. Dieu seul, qui lui surplombe mystérieusement le temps, saisit tous les instants simultanément. Il est inutile d’essayer de se représenter ce qu’une telle vision pourrait vouloir dire : notre condition humaine est spatio-temporelle, et il nous est impossible de nous soustraire à la temporalité ou de la transcender.
L’avenir est totalement ouvert pour nos libertés humaines qui se déterminent dans le temps. Dieu seul, qui lui surplombe mystérieusement le temps, saisit tous les instants simultanément. Il est inutile d’essayer de se représenter ce qu’une telle vision pourrait vouloir dire : notre condition humaine est spatio-temporelle, et il nous est impossible de nous soustraire à la temporalité ou de la transcender.
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P.Joseph-Marie
Re: Judas
Si vous pensez à Judas en terme de traître, souvenez-vous qu’il y en eut un autre, dont le nom était Pierre. La différence entre les deux, c’est que le second a sans doute désespéré de lui-même, mais pas de son Seigneur. Il a accepté de croiser son regard, et a saisi qu’il ne pouvait rien faire d’autre que laisser Jésus mourir pour lui en acceptant de ne pas comprendre, et en renonçant à vouloir maîtriser quoi que ce soit,… y compris sa trahison ! C’est Jésus ressuscité qui sur le rivage du lac de Tibériade, en lui demandant par trois fois de lui déclarer son amour, lui permettra d’effacer sa triple trahison. Nous aussi nous avons à marcher sur ce chemin, qui est celui de tout disciple.
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Louis-Alexandre
Le salut de Judas
Je ne peux accepter la condamnation définitive de Juda, ni celle des plus pecheurs, ni d'ailleurs celle des anges déchus.
Un Dieu d'amour ne laisserait-il pas toujours une chance de sauvegarde à ceux qui l'on rejeté ? Après tout, puisqu'il nous a fait, il bien du laisser au milieu des créatures les pires qqch qui les sauvera !
Un Dieu d'amour ne laisserait-il pas toujours une chance de sauvegarde à ceux qui l'on rejeté ? Après tout, puisqu'il nous a fait, il bien du laisser au milieu des créatures les pires qqch qui les sauvera !
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P.Joseph-Marie
Re:
L’Eglise nous demande de croire que l’enfer existe, mais pas qu’il y a quelqu’un qui s’y trouve ! Je m’explique. L’enfer n’est pas une création de Dieu : une sorte de tournebroche à vitesse variable qu’il aurait conçu depuis toute éternité pour ceux qui lui résistent. L’enfer disait le cardinal Balthasar, est une « possibilité réelle ». Une possibilité précisément parce que ce n’est pas Dieu qui le crée ; mais une possibilité réelle, car l’homme est réellement libre, et dès lors capable de créer son enfer. L’enfer est l’état de séparation définitive de Dieu, suite à une décision libre de l’homme, décision prise en pleine conscience et connaissance. Pour que ces conditions soient remplies, il faut donc que l’homme soit confronté à son Sauveur et refuse explicitement de recevoir de lui la vie bienheureuse pour laquelle il est créé.
L’Eglise ne nous demande pas de croire que Judas est damné ; rien ne nous dit que Judas, au moment de ce qu’on appelle le « jugement particulier » (lorsque nous paraissons devant Dieu au moment de la mort), n’a pas reconnu son Sauveur et accepté de recevoir de lui le pardon et la vie. Mais l’Eglise nous demande de croire que la possibilité de ce refus définitif existe réellement. Elle a toujours condamné la doctrine de l’ « apocatastase », selon laquelle à la fin des temps tous les élus intercèderaient pour les damnés (ceux qui souffrent la peine du « dam », c'est-à-dire de la séparation définitive de Dieu) et que tous seraient sauvés. Une telle doctrine annulerait implicitement la liberté humaine, puisqu’en tout cas le ciel nous serait de l’une ou l’autre manière « imposé », quoi que nous fassions.
Ainsi c’est le réalisme de la liberté humaine qui est en jeu, et par là la possibilité même d’une relation d’amour avec Dieu, car sans liberté, il ne peut y avoir d’amour.
L’Eglise ne nous demande pas de croire que Judas est damné ; rien ne nous dit que Judas, au moment de ce qu’on appelle le « jugement particulier » (lorsque nous paraissons devant Dieu au moment de la mort), n’a pas reconnu son Sauveur et accepté de recevoir de lui le pardon et la vie. Mais l’Eglise nous demande de croire que la possibilité de ce refus définitif existe réellement. Elle a toujours condamné la doctrine de l’ « apocatastase », selon laquelle à la fin des temps tous les élus intercèderaient pour les damnés (ceux qui souffrent la peine du « dam », c'est-à-dire de la séparation définitive de Dieu) et que tous seraient sauvés. Une telle doctrine annulerait implicitement la liberté humaine, puisqu’en tout cas le ciel nous serait de l’une ou l’autre manière « imposé », quoi que nous fassions.
Ainsi c’est le réalisme de la liberté humaine qui est en jeu, et par là la possibilité même d’une relation d’amour avec Dieu, car sans liberté, il ne peut y avoir d’amour.
