morale sexuelle et divergence dans le couple

Invité

Message par Invité »

P. Joseph-Marie a écrit :Je vous avoue ma perplexité. J’admire votre courage et votre esprit de sacrifice. Je suis convaincu qu’il y a de nos jours bon nombre de « martyrs sexuels », j’entends de personnes comme vous qui subissent et doivent supporter de véritables sévices sexuels pour sauver l’essentiel, à savoir leur famille et par là l’équilibre de leurs enfants. Je pensais à l’adage : « la fin - aussi excellente fut-elle - ne justifie pas les moyens illicites ». Mais ce principe éthique ne s’applique pas vraiment à votre cas, car vous ne choisissez pas le moyen : vous le subissez, pour préserver une fin bonne. En somme vous cherchez « le moindre mal », ce qui est moralement tout à fait justifié. En tout cas vous n’êtes pas coupable d’un acte que vous récusez mais que vous êtes obligée de poser ! Je ne peux que me joindre à votre prière et demander avec vous au Seigneur qu’il guérisse la sexualité de votre mari…
Je vous livre un extrait concernant le moindre mal:
Moindre Mal
1 Doctrine catholique
"Moindre Mal (choix du)

Choisir le moindre mal :
Choisir, et donc accomplir, le moindre des deux maux n'est pas licite s'il s'agit de deux maux moraux, c'est-à-dire de deux opérations qui sont en elles-mêmes des violations de la loi morale. (...)
Un mal ne devient pas bon ou licite parce qu'il y a un autre mal plus grand que l'on pourrait choisir. (...)
L'homme peut toujours s'abstenir de tout acte positif qui comporte le choix d'un moyen.
L'homme peut toujours ne pas faire, si faire l'une ou l'autre chose est toujours un péché. (...)
Choisir le moindre mal est licite quand ce moindre mal n'est pas en soi un mal moral."
("Dictionnaire de théologie morale", publié sous la direction des cardinaux Roberti et Palazzini.
Cité in "Si Si No No - Courrier de Rome", février 1989, p.6)

Dans le manuel de bioéthique de Mgr Sgreccia il est aussi question du moindre mal.
Suite au prochain épisode donc....

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Le terme « laxiste » n’était évidemment pas juste, car ma position eût été laxiste si c’était le mari qui demandait de pouvoir continuer impunément ces pratiques. Dans le cas qui nous concerne, supporter ces pratiques pour sauvegarder le bien de la famille ne saurait être considéré comme du laxisme.
Est-ce une trop grande tolérance au risque de devenir une complicité ? Je n’ai pas eu l’impression dans notre échange que vous courriez ce risque : mais plutôt une profonde souffrance de devoir vous prêter à quelque chose que vous réprouvez totalement.
Par contre la limite selon moi est plutôt au niveau du droit à votre dignité personnelle. Et cela, je crois que vous seule pouvez en être juge. Je reconnais que le problème est très difficile. Ce qui m’a fait pencher pour la réponse que je vous ai donnée, c’est probablement le fait que je connais hélas plusieurs (bon nombre !) épouses se trouvant dans la même situation et ayant fait courageusement le même choix que vous…

Invitée

Message par Invitée »

Bonjour mon Père
j'ai fait un autre choix, un jour. Pendant des années, j'ai subi sexuellement les fantaisies de mon mari. Et un jour, l y a à peu près deux ans, j'ai eu l'impression de me réveiller. Je me suis sentie littéralement salie, utilisée comme un objet, j'ai failli faire une dépression, j'ai perdu toute estime de moi. (je ne souhaite pas entrer dans les détails, mais il n'y avait pas que la fellation qu'il me réclamait). J'ai craqué quand j'ai compris que je n'étais plus qu'un objet pour réaliser ses fantasmes.
Depuis, je ne me refuse pas sexuellement, mais je refuse ses "jeux". Et faire l'amour ne l'intéresse plus. Il va sur Internet, sur des sites interdits aux moins de 18 ans, et je sais qu'il va me quitter un jour. Ou alors, il faut que je me prostitue à ses désirs pour acheter la survie de mon couple, et je ne suis pas certaine d'en avoir le courage discutable.
Je suis un peu perdue.
je n'ose pas en parler, parce que j'ai honte, et j'ai peur. j'ai l'impression d'avoir fait une erreur, sans savoir précisément laquelle, ni où.

Nathalie

Message par Nathalie »

Pardon pour le mot "laxiste", il était en effet mal choisi. Je reconnais avoir un surmoi sévère et cela m'empêche sans doute de comprendre avec finesse cette situation. Malgré tout, quelque chose ne m'apparaît pas juste. Le ciment d'un couple ne se fonde pas sur de tels actes. A vous lire, cela devient très inquiétant : c'est comme si tout l'amour, l'affection, les joies de la vie familiale, les enfants, les loisirs communs, les projets, les repas partagés et tant d’autres belles choses, tout cela s'effondrait et n'avait plus aucune valeur par rapport à quelques habitudes malignes dont il serait impossible de priver l’époux.

J'essaie de me demander ce que dirait Jésus. Je sais seulement que Ses yeux de miséricorde étreindraient A.A. jusqu'au fond de son coeur, elle se sentirait à tel point aimée, digne et comprise qu'elle saurait exactement quoi faire !
En attendant je prie, et je demande pardon si mes paroles ont pu apparaître blessantes. Le préjudice subi me semble vraiment grave, d'où ma réaction.

Confions tout cela à la Vierge Marie et à Saint Joseph. :oops:

Maryvonne
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Enregistré le : 13 nov. 2004

morale sexuelle et divergence dans le couple

Message par Maryvonne »

Je voudrais aussi dire à Nathalie qu'il se peut que la prière ne change rien aux réactions du conjoint, car Dieu ne force pas nos libertés ; il se peut que celui-ci n'accepte aucunement une thérapie ou une autre remise en cause ; il est possible aussi qu'il participe à des sessions, retraites, entretiens de conseil conjugal, et que rien ne change. C'est un mystère... Il se peut que ses demandes "hors normes" s'accompagnent de violence, et que leur refus entraîne d'autres violences. Il se peut qu'il n'y ait apparemment, à vues humaines, aucune solution satisfaisante. Que rester soit une souffrance continuelle. Que pourtant on ne parte pas pour des raisons profondes, dont l'une est que l'épouse a pour mission de manifester à l'époux l'amour du Christ pour lui, et qu'il en a d'autant plus besoin qu'il est blessé profondément (sinon il ne seait pas ainsi blessant). Et qu'on soit souvent torturée à se demander si la position que l'on prend - qui peut ne pas être la même au fil des années - est la plus adéquate à ce moment-là... d'autant que c'est dans toute la vie quotidienne et pas seulement sur le plan de la sexualité qu'il faut "composer" avec une personnalité perturbée. Nathalie, je pense que votre consécration et notre fidélité dans la souffrance procèdent de la même fidélité de Dieu...

Nathalie

Message par Nathalie »

Je voulais tous vous remercier aujourd‘hui. Après les paroles du père Verlinde qui m’ont profondément déboussolée (j’avais le sentiment d’avoir perdu un repère intérieur solide), j’ai beaucoup prié cette nuit et ce matin pour que le Seigneur m’éclaire à ce sujet. A la fin de cette prière, j’ai compris que la charité et la compassion passait avant l’exigence de dignité (si structurante et si nécessaire soit-elle), et je voulais remercier A.A. pour cette prise de conscience qu’elle m’a permise de vivre.
Ceci dit A.A., je reste convaincue que ce sont vos qualités humaines et personnelles qui comblent le cœur de votre mari et l’attachent à vous. Je demeure certaine que votre époux resterait à la maison quand bien même il serait amené à vivre certaines frustrations sexuelles. Mais il est vrai que je ne connais pas tous les tenants ni les aboutissants, je ne sais pas combien il est pénible de vivre au côté d’un mari irrité, éventuellement tenté de chercher ailleurs, je ne peux appréhender le retentissement sur l’ensemble de la vie familiale. Pardon de ne pas l’avoir compris tout de suite.

Pour finir voici une belle prière trouvée sur le forum catholique INXL6, elle émane d’une jeune femme qui l’a choisie pour son mariage, c’est une prière de Notre Dame la Dalbade :
« Fais de nos déchirures un passage et de nos blessures un chemin, apprend nous a ouvrir notre âme à ce qui est beau notre esprit a ce qui est vrai notre coeur a ce qui est bien, ne laisse jamais pénétrer en nous l'indifférence."

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Invitée a écrit :Bonjour mon Père
j'ai fait un autre choix, un jour. Pendant des années, j'ai subi sexuellement les fantaisies de mon mari. Et un jour, l y a à peu près deux ans, j'ai eu l'impression de me réveiller. Je me suis sentie littéralement salie, utilisée comme un objet, j'ai failli faire une dépression, j'ai perdu toute estime de moi. (je ne souhaite pas entrer dans les détails, mais il n'y avait pas que la fellation qu'il me réclamait). J'ai craqué quand j'ai compris que je n'étais plus qu'un objet pour réaliser ses fantasmes.
Depuis, je ne me refuse pas sexuellement, mais je refuse ses "jeux". Et faire l'amour ne l'intéresse plus. Il va sur Internet, sur des sites interdits aux moins de 18 ans, et je sais qu'il va me quitter un jour. Ou alors, il faut que je me prostitue à ses désirs pour acheter la survie de mon couple, et je ne suis pas certaine d'en avoir le courage discutable.
Je suis un peu perdue.
je n'ose pas en parler, parce que j'ai honte, et j'ai peur. j'ai l'impression d'avoir fait une erreur, sans savoir précisément laquelle, ni où.
Je ne crois pas que vous ayez fait « une erreur », puisqu’il y allait de votre dignité humaine. C’est exactement ce que j’essayais de dire hier : nous avons à écouter en conscience ce que le Seigneur nous donne la force de faire - sans juger ceux qui font autrement. Mais si un jour « vous n’en pouvez plus », si la réduction à un objet de plaisir vous est devenue à ce point insupportable que vous en déprimez, ou si la révolte intérieure gronde au point de friser la violence (ce qui peut arriver !), alors vous avez le devoir en conscience de dire « stop » !
J’ose espérer que le dialogue pourra reprendre avec votre mari, qui aurait vraiment besoin de rencontrer un psychothérapeute pour l’aider à sortir de cette situation de mensonge.

marie aude

sexualité dans le couple

Message par marie aude »

sujet délicat que la sexualité... difficile aussi de s'exprimer sur le forum alors que l'on ne connaît pas les "tenants et les aboutissants"... je souhaite cependant exprimer mes interrogations quant aux réponses données ! il ne me semble pas juste (vu de l'extérieur bien sûr) de rester coûte que coûte en subissant des perversions sexuelles ; en effet, on ne peut pas penser que cela reste caché et ne concerne uniquement que le couple seul... la question de la dignité de la personne est en cause mais aussi l'amour et le rejaillissement sur la famille et les enfants. je veux dire que ce genre de comportement dans un couple entraîne le plus souvent des relations difficiles, perverties, cela influence la relation et les comportements du couple et des enfants, des non-dits que les enfants perçoivent très bien. alors de continuer de vivre cela n'est-ce pas aussi induire que l'on ne peut pas dire non ! au nom de quoi ??? il semble qu'aujourd'hui dans les recherches en psychogénéalogie on constate que ce genre de comportement se "retrouve" sur plusieurs générations (alors même que les enfants au départ ne savent rien du comportement de leurs ancêtres) et que cela s'arrête lorsqu'une des personnes ose rompre le silence, ose dire non et ose vivre... peut être s'agit-il plus alors d'un chemin de guérison intérieur qui puisse permettre d'oser vivre, d'oser la dignité pour soi-même et pour sa famille... je ne suis pas sûre que rester pour sauver la famille sauve vraiment cette famille... (cela la sauve extérieurement mais à l'intérieur, que de blessures) mais cela n'est absolument pas un jugement. parce que seule la personne concernée peut elle-même juger et prendre des décisions... bien fraternellement.

Verrouillé