J'ai vu sur le forum beaucoup de question sur l'enfer et le purgatoire. La mienne concerne le paradis. Si je ne me trompe pas, au Ciel nous baignerons dans la contemplation et l'amour de Dieu. Je me demande si nos affections terrestres subsisteront, ou bien si nous serons trop absorbés par l'amour divin pour nous souvenirs de ceux que nous avons aimés sur terre.
Tout amour vient de Dieu et nous fait pressentir quelque chose de sa Vie ; si du moins il s’agit bien d’un amour spirituel (dirigé vers l’autre dont je veux le bien) et pas simplement d’un amour de convoitise (orienté vers soi). Notre amour ici-bas – ou nos amours – sont hélas entachés d’égoïsme en raison (des conséquences) du péché originel qui nous affecte, nous blesse dans notre capacité à aimer. Mais ces amours ont tous été purifiés dans le creuset de la Croix glorieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; autrement dit nous retrouverons toutes nos affections, transfigurées, au ciel, où nous pourrons enfin aimer comme nous aurions toujours voulu pouvoir le faire, c'est-à-dire de manière divine. Pour le dire autrement : nous aimerons en Dieu, avec la puissance même de Dieu, qui dans l’Esprit se joindra à notre pauvre capacité d’aimer pour la surélever jusqu’à l’incandescence divine. C’est ce qu’annonçait le Seigneur par le prophète Ezéchiel : « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai. Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j'ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes » (Ez 36, 25-27). Nous savons que ces lois se résument en une seule, à deux volets : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37-39). La béatitude du ciel consiste en notre pleine participation à la Vie divine qui est plénitude d’amour ; amour de Dieu et de tous nos frères en humanité, particulièrement ceux qui nous ont été proches en cette vie ici-bas.
Mon Père, j'extrais cette citation d'un e vos messages:
"Nos amours – sont hélas entachés d’égoïsme en raison (des conséquences) du péché originel qui nous affecte, nous blesse dans notre capacité à aimer. Mais ces amours ont tous été purifiés dans le creuset de la Croix glorieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; autrement dit nous retrouverons toutes nos affections, transfigurées, au ciel, où nous pourrons enfin aimer comme nous aurions toujours voulu pouvoir le faire, c'est-à-dire de manière divine."
Ce qui est toujours difficile à comprendre dans le christianimse c'est que touut le bien de la croix ne se fera sentir qu'après notre mort et pas avant.
Pourquoi faut-il attendre?
Le Christ a expié nos péchés, il est ressuscité, Dieu nous a pardonné et nous a fait miséricorde, mais ceci n'a aucune valeur sur la terre. C'est une promesse dont la réalisation attendra que nous ayons fini notre vie et que nous mourions.
Pourquoi la Croix n'a-t-elle pu changer la terre et la transformer de fond en comble?
Dieu ne possède-t-il aucun pouvoir ici-bas? Seulement celui de se laisser assassiner?
Pourquoi pas dès maintenant?
Les Promesses de Dieu sont-elles comme les promesses électorales? Elles ne se réalisent que plus tard, donc jamais?
Qu'est ce qui nous prouve que ce beau récit n'est pas simplement un conte de fée? Personne ne nous a jamais raconté comment ça se passe là-haut, après la mort. Les frontières sont bien gardées entre le ciel et la terre, encore mieux que le passage du mur de Berlin pendant la guerre froide.
Personne n'a réussi à revenir en arrière pour nous rassurer.
Pourquoi cette opacité entre la terre d'ici-bas et le ciel de là haut?
Vous êtes certain que le ciel existe vraiment? Vous devez bien douter comme tout le monde de temps en temps. non?
Je ne suis « certain » de rien (dans les domaines que vous abordez) ; mais j’ai une conviction de foi qui est infiniment plus précieuse.
J’aime à dire que le plus grand miracle, c’est précisément qu’un rationaliste comme moi, parvienne à croire en la présence réelle ! Je ne vois que du pain, la chimie ne mettrait rien d’autre à jour, et pourtant, je suis prêt à donner ma vie pour persévérer dans l’affirmation de foi que Jésus y est réellement présent. N’est-ce pas une « preuve » de l’action de la grâce dans nos cœurs ?
Si la Croix donnait son fruit hic et nunc, qu’en serait-il de notre liberté personnelle ? Si Jésus était descendu de la Croix, pour « prouver » qu’il était le Fils de Dieu comme le suggéraient les pharisiens, ou s’il apparaissait régulièrement aux foules dans la gloire, nous serions contraints de croire, ce qui exclurait la possibilité de l’amour. Le voile demeure pour nous tant que nous sommes dans la chair, comme il demeurait pour les apôtres : seule la foi nous donne accès à la connaissance de la divinité cachée au cœur de l’humanité du Fils de l’homme. Seule la foi nous donne accès au Royaume qui se construit patiemment au cœur de ce monde qui passe.
C’est la grâce propre de l’Esprit d’ouvrir nos yeux sur l’autre face de notre vie, celle qui depuis notre baptême, est « cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3, 3). Le regard d’espérance auquel l’Eglise nous convie consiste alors à voir les hommes en Jésus, sauvés par son Sang, et à agir envers eux comme l’Evangile nous y invite, afin de travailler concrètement à l’instauration du Royaume.
« Posez des actes de foi, disait déjà Pascal, et vous aurez la foi ». Rassurez-vous : ce n’est pas la méthode Couet ! Mais la foi est une vertu théologale, c'est-à-dire participation à la vie même de Dieu dans l’Esprit ; c’est donc dans la mesure même où nous consentons à l’action de l’Esprit en nous, que nous expérimentons le bien-fondé de notre acte de foi.
D'un côté la terre déchue, terre soumise à la loi du péché, de l'autre, le ciel de la perfection et de la sainteté.
Ici bas, l'asservissement au travail, à la maladie, à la souffrance, à la sexualité, à la mort; là-haut la perfection, le bonheur, une existence sans histoire, sans mouvement, sous le rgard d'un Dieu Souverain et Juste.
Puisque le Christ s'est incarné parmi nous, on aurait pu imaginer qu'il réconcilie la terre et le ciel ne faisant qu'un des deux royaumes, terrestre et céleste. N'était-ce pas le projet initial de l'incarnation? Né homme d'une femme comme nous tous, le Christ n'avait-il pas l'intention de fusionner les deux mondes pour n'en faire qu'un?
Hélas, ce n'est pas du tout cela qui s'est passé. Nous devrons quitter cette terre que nous aimons à notre mort et nous dépouiller de notre corps pour nous retrouver dans une royaume lointain et idéal où nous ne serons plus des hommes mais des âmes, c'est à dire des entités indéfinissables. Qu'y ferons-nous? Contempler Dieu. Voilà qui doit convenir parfaitement à des moines et à des religieuses mais pas du tout à des profanes actifs qui ne peuvent se penser comme des être exclusivement religieux. Sans nos corps, sans notre terre, nous devenons des abeilles infirmes dont on a arraché les ailes pour les empêcher de butiner les fleurs. Pourquoi n'est-il pas possible de rassembler le ciel dans la terre et la terre dans le ciel? Quel bonheur ce serait pour tout le monde.
Vous semblez oublier le chapitre 15 de la première lettre aux Corinthiens ! La Bonne Nouvelle que nous chanterons bientôt dans la nuit pascale, c’est que le Christ est ressuscité ; et il ne l’est pas seulement pour lui-même, mais pour chacun de nous. Autrement dit nous aurons bel et bien un corps dans ce qu’il est convenu d’appeler le « ciel » ; et même un corps glorieux, qui ne sera plus soumis aux vicissitudes de la dégradation inévitable qui s’impose à nous en ce monde marqué par le péché. Non seulement nous aurons un corps, mais le cosmos tout entier sera transfiguré et trouvera son accomplissement dans la participation à la gloire des saints. Je me permets de vous renvoyer aux versets 19 et suivants du chapitre 8 de la lettre de Saint Paul aux Romains.
Enfin la contemplation de Dieu ne sera pas du tout statique, mais participation dynamique à sa propre vie, insertion dans la circumincession trinitaire qui fait la béatitude de Dieu lui-même.
Bref : l’espérance chrétienne est infiniment plus riche et exaltante que ce que vous pensez !
Vous avez dit : Tout amour vient de Dieu et nous fait pressentir quelque chose de sa Vie ; si du moins il s’agit bien d’un amour spirituel (dirigé vers l’autre dont je veux le bien) et pas simplement d’un amour de convoitise (orienté vers soi). Notre amour ici-bas – ou nos amours – sont hélas entachés d’égoïsme en raison (des conséquences) du péché originel qui nous affecte, nous blesse dans notre capacité à aimer. , cet amour spirituel paraît si peu humain... Certainement, il se passe de sexualité et dépasse les apparences charnelles. Doit-on le ressentir pour son prochain quel qu'il soit, devons-nous tendre vers cela ? Est-ce que c'est cet amour qui va jusqu'à donner sa vie pour ceux qu'on aime ?
Ou bien l'amour spirituel est un amour d'élection, dirigé vers quelques personnes. Et l'amitié spirituelle, est-ce le même sentiment ?