Le Paradis

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Certainement il est très peu naturel, mais précisément, l’homme n’est pas que simple nature. Je ne suis vraiment moi-même que lorsque j’ai pleinement accueilli l’Esprit Saint, qui veut travailler en synergie avec moi pour réaliser ce que Dieu attend de moi. La nature ne peut rien sans la grâce, qui la surélève jusqu’à la rendre capable d’agir de manière divine.
La charité n’exclut pas du tout l’étreinte charnelle : le sacrement du mariage vient précisément sanctifier l’amour humain pour en faire une réalité divino-humaine. La jouissance des époux unis par le sacrement du mariage est peut-être leur plus belle prière. N’oublions pas que par leur ouverture à la vie, ils se présentent à Dieu comme pro-créateurs, c'est-à-dire collaborateurs du Créateir pour l’engendrement de nouveaux enfants de Dieu.
Dans l’amour de convoitise je cherche mon propre bien ; dans l’amour d’amitié je cherche le bien de l’autre ; dans l’amour de charité, je suis disposé à donner ma vie pour ceux que j’aime. Cet amour est en effet « de droit » universel, car tout homme a été racheté par le Sang du Christ, est potentiellement fils du Père et donc mon frère.
L’amour d’amitié et de charité sont donc plus qu’un sentiment ; le terme sentiment désigne une passion de l’âme (pour parler comme Saint Thomas d’Aquin) qui s’enracine dans ma dimension « animale », c'est-à-dire instinctive. L’amour d’amitié s’enracine lui dans la volonté, qui est une faculté spirituelle. Quant à l’amour de charité, il jaillit du cœur nouveau, c'est-à-dire du cœur renouvelé dans l’Esprit Saint.

bertrand-paris

de la terre au paradis

Message par bertrand-paris »

Ca doit faire un choc terrible de passer de l'état humain à l'état d'âme céleste et de perdre tout ce que l'on était en perdant son corps naturel.
Comment peut on supporter une transformation aussi brutale?
Comment fait-on pour ne pas ressentir un immense chagrin de devoir quitter sa famille, sa femme, ses enfants, ses amis, son travail, ses occupations, pour trouver quoi en échange?
Dieu serait-il l'être parfait capable, à lui seul, de se substituer à nos biens, nos amis, nos familles, nos tendresses, nos afffections, notre mémoire, nos rêves, nos désirs? Je ne comprends pas cette rupture totale entre la terre, notre espace-temps naturel, et le ciel de l'éternité où nous devenons, selon vous, des corps glorieux.
Je crois que je préfère mon corps actuel et les vicissitudes de ce corps. Ici-bas, nous sommes obligés de faire des efforts pour apprendre. Nous gagnons à la sueur de notre front notre savoir et notre savoir-faire. Il faut un long apprentisage pour devenir un homme.
Ces conditions de vie sont annulées d'un coup sans qu'on en comprenne la nécessité. Tout à coup, tout est facile. On ne souffre pas. On n'est jamais malade. On n'éprouve aucun chagrin, jamais de peine. Mais on doit s'ennuyer à mourir. Ce beau Paradis est trop joli pour être réel, car il se présente à nous comme le contraire absolu de ce que nous vivons ici. Notre vie ici-bas a un prix, le prix de nos efforts. Soudain, tout nous est donné gratis. Ce "tout" que nous acquérons aussi aisément n'a à nos yeux aucune valeur. On ne peut pas s'y attacher. Souvent la notion de perfection me fait peur. La perfection c'est insupportable, privée de vie, d'invention, de création. On aimerait que l'Eglise ne nous dresse pas ce tableau de conte de fées mais soit plus réaliste, donc plus vrai.

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Ce n’est pas Dieu qui a voulu cette rupture dramatique : elle est une conséquence du péché. Pour ce qui est de l’au-delà, certes j’essaye d’entendre ce que me dit la Révélation pour nourrir mon espérance, mais je n’essaye pas de m’imaginer ce qui est hors de ma portée. Je me contente de faire le mieux que je peux ici bas, et je laisse au Seigneur le soin de s’occuper du reste, c'est-à-dire de mon accueil là-haut s’il m’en juge digne après être passé par le Feu de sa miséricorde.

Corinne Cap
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Enregistré le : 12 févr. 2004

Message par Corinne Cap »

Je ne pense pas que Dieu va se substituer à tout ce qui faisait notre vie.
En lui, tout trouvera achèvement et pleinitude, notre personne avec tout ce qui a fait nos vie, nos affections et nos luttes, mais tout sera purifié.
Je pense qu'actuellement, étant sur cette terre, il nous est absolument impossible de concevoir, ne serait-ce qu'une bribe de ce que sera l'éternité.
la notion d'éternité elle-même est difficilement imaginable...
Je fais confiance à notre Dieu qui a suffisemment d'imagination et de créativité pour ne pas nous laisser nous ennuyier ( il n'y a qu'à voir la richesse de la création ! :D ). Nous ne sommes pas en mesure d'envisager l'éternité, tout comme un enfant prêt à naître n'est pas capable d'envisager la vie au dehors de l'univers protecteur de la matrice qu'il connaît.

Verrouillé