Après la mort le Jugement

[Intrigue]

Bonjour mon père,

Dans la prière que nous recitons à la messe: "Je crois en Dieu le Père tout puissant, créateur du Ciel et de la Terre...", nous disons: "...Il est assis à la droite de Dieu [...] d'où Il viendra juger les vivants et les morts".
Voilà la base de tout ma question qui va suivre:

A en croire ces paroles, en tant que vivants, nous ne sommes par encore jugés(jusque là, pas de soucis ), mais les morts ne le sont pas non plus. S'il n'y a pas eu de jugement ils ne peuvent donc n'y être au Ciel, ni purgatoire, ni enfer. Où sont-ils? Qu'en est-il des Saints?
D'après mon père, qui est très croyant, les morts sont dans une sorte de repos, et ils se reveilleront lors du Jugement. Partagez vous cette avis? N'est-ce pas triste de penser qu'ils ne sont nul part, et pas au coté de Dieu?

A en croire ces paroles, il y aura donc des vivants qui seront jugés, alors qu'ils n'auront jamais connu la mort. Est-ce exact?

Pour ce qui est du jugement, mon père m'a donné cette image que je trouve très forte, c'est celle d'imaginer que Dieu le Père nous rappelera tous les péchés que nous avons commis, et Jésus sera à nos cotés, et dira au Père: "Laisse, J'ai payé pour ses péchés" (Jésus serait, en quelque sorte, notre avocat). Je trouve que cette image est une formidable preuve d'amour infini, et renforce le fait que nos péchés blessent Jésus directement (et ainsi nous convaincre de ne plus pécher). Qu'en pensez vous?

Une dernière question.
J'ai entendu dire que les personnes non baptisées iront en enfer. Si cette affirmation est vraie, croyez vous qu'une personne comme le Dalaï Lama, qui est une personne Saine d'esprit, irait en enfer? Est-ce qu'un enfant vivant en Afrique et souffrant de la famine, qui n'a jamais eu l'occasion de connaitre l'existance de Dieu, finirait en enfer? Cela a t-il un sens?

Merci infiniment pour toutes vos réponses!

[P. Joseph-Marie]

En fait selon notre foi, il y aurait deux jugements : l’un, personnel, immédiatement après la mort, au cours duquel se décidera notre destinée éternelle ; puis un autre, appelé le « Jugement général », qui aura lieu à la Parousie, c'est-à-dire lors du retour glorieux du Christ, comme nous le disons dans le Credo. On peut pressentir la raison de ce second jugement : comment pourrions-nous entrer dans le bonheur plénier aussi longtemps que tant de nos frères sont encore dans la tourmente du combat spirituel ? Et bien plus : nos péchés continuent à porter leur fruit de souffrance dans l’humanité encore engagée dans le temps. Il y aurait quelque chose d’injuste que nous soyons déjà dans la béatitude, alors que d’autres souffrent encore des conséquences de nos fautes. Ce n’est donc qu’à la fin des temps, que tous les élus entreront ensemble dans cette plénitude à laquelle le Père nous a destinés dans son amour.
Ce qui ne signifie pas qu’en attendant nous soyons dans une sorte de sommeil : au contraire, dans la mesure où Dieu le permet, nous aidons nos frères de l’Eglise militante en leur transmettant les grâces divines dont ils ont besoin. Saint Thérèse de Lisieux disait qu’elle « passerait son ciel à faire du bien sur la terre ».
Les personnes qui seront encore en vie au moment du retour glorieux du Christ ne connaîtront effectivement qu’un seul jugement : le jugement personnel sera pour elle aussi le jugement général.
L’image proposée par votre père est effectivement très belle et très juste, encore faut-il que l’âme accepte d’être ainsi rachetée, sauvée par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Notre seul mérite sera précisément cet acte d’humilité qui consiste à accepter de dépendre totalement de la miséricorde divine.
« Au soir de notre vie, dit Saint Jean de la Croix, nous serons jugés sur l’amour ». Autrement dit, les personnes qui auront accepté d’entendre les appels de l’Esprit Saint, et qui auront accueilli son aide pour s’engager sur les chemins de l’amour, seront sauvées. Certes elles n’ont pas reçu le baptême et n’ont pas confessé le Christ, du moins elles ne l’ont pas fait explicitement ; mais en écoutant la voix de leur conscience, c'est-à-dire le murmure de l’Esprit Saint, elles ont cueilli le fruit de la Rédemption sur l’Arbre de la vie, même sans le savoir. Dieu n’est pas injuste : il y a tant d’hommes et de femmes qui n’ont jamais entendu parler de Jésus, ou qui en ont entendu parler dans de telles circonstances, d’une manière tellement déformée, qu’il aurait mieux valu ne rien entendre. Le livre de l’Apocalypse dit au chapitre trois, s’adressant non seulement aux chrétiens, mais à tout homme : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20).

[Invité]

Justement, mon Pere, pensez-vous a ecrire un livre qui explique ce qui est dans le livre d'Apocalypse?

C'est tres dure a comprendre ce livre et en plus, ca me fait du frisson!
J'ai aussi remarque qu'il y a plusieurs interpretations sur la marche et donc, difficile a savoir laquelle est correcte. En effet, j'en ai trouve certaines qui ne sont que les speculations.

[P. Joseph-Marie]

Il s’agit d’un admirable livre, mais dont il faut avoir les clés d’interprétation. Je n’ai pas les compétences pour écrire un ouvrage sur l’apocalypse, mais il y a des exégètes qui s’en sont chargés. Je pense par exemple à Divo Barsotti pour citer un auteur qui est non seulement un exégète, mais aussi très spirituel.