Avortement et adoption

[Bertrand G.]

Mon Père,

J'ai depuis ma conversion tenté de réfléchir sur l'interdiction de l'avortement par l'Eglise. Une réflexion de type philosophique et non exégétique m'a conduit à admettre que la position de l'Eglise peut se justifier dans le simple exercice de la raison naturelle.
Cependant sur la loi même et l'attitude des chrétiens, face à cette loi, j'éprouve un certain malaise; j'ai parfois l'impression que nous ne luttons que sur le terrain juridique (pour l'annulation de la loi) ou de façon plus militante comme le docteur Darcos, mais d'une façon qui me semble plus réactive que réellement active ( si j'en crois ce que la presse non chrétienne nous dit de ces actions).

Ma question est la suivante: plutôt que lutter contre l'avortement, ne devrions nous pas nous mobiliser pour proposer des solutions aux jeunes filles, souvent dans une réelle détresse, qui ont fait ce choix répréhensible mais à mon sens excusable étant donné l'ignorance profonde qui règne sur ces questions dans notre société.

Comme solution j'avais pensé à favoriser le contact entre parents cherchant à adopter et femmes ne pouvant pourvoir à l'éducation de leur enfant.

On m'a fait remarquer que le fait de donner un enfant à adopter est tellement douloureux que certaines mères dans leur désespoir ne préfèreraient peut-être ne pas en être réduit à ce rôle.

Mais on m'a appris qu'il existait d'autres modes d'adoption notamment celui de parent nourricier qui n'implique pas l'adoption.

Et voici ma question ne serait-ce pas une voie plus sainte et plus efficace, puisque légal ou non l'avortement a toujours existé, que les familles chrétiennes dans un vrai geste d'abnégation tâchent, selon des voies que j'ignore mais qui doivent exister, de proposition aux femmes qui sont dans cette situation de détresse de donner une éducation aux enfants à naître sans réclamer le statut de parents de plein droit.

Il me semble que par ce moyen, on éviterait les cabbales médiatiques contre ceux qui tentent de s'opposer à l'avortement.

En communion de prière.

P.S.: 1. Je ne sais pas quel est l'état de droit et ne sais pas si ma position se tient au vu des lois du pays merci de m'éclairer.
2. Je signe dorénavant mes articles Bertrand G. après en avoir signé certains par mon seul prénom, m'étant rendu compte qu'il y avait un autre Bertrand qui écrit sur ce site et ne voulant pas introduire de confusion, d'autant qu'il me semble que j'ai des positions assez éloignées des siennes.

[P. Joseph-Marie]

Vous avez pleinement raison de souligner qu’outre une opposition au niveau politique contre une loi inique car allant contre la loi naturelle, il faut aussi favoriser l’accueil des femmes et jeunes filles en situation de détresse, pour éviter qu’elles posent un acte dont elles ne mesurent pas toujours l’importance ni les conséquences.
Bien des associations font déjà tout ce qu’elles peuvent en ce sens : pensez à Mère de Miséricorde, qui accueille les filles mères, les accompagne, pourvoit à leurs besoins (matériel, logement, sécurité sociale, réinsertion dans le travail, etc.), qui les aide par tous les moyens à garder l’enfant, mais qui éventuellement les aide aussi à placer l’enfant si vraiment la mère n’est pas en état de l’éduquer. Je ne suis pas au courant de tout ce que font ces diverses associations, mais il se peut fort bien que votre suggestions soit déjà mise en œuvre dans l’une d’elles. En surfant sur Internet, je suis sûr que vous devriez trouver quelques adresses où vous trouverez peut-être ce que vous cherchez.