demain après la mort

mariotti
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demain après la mort

Message par mariotti »

Résumé :
Avant de poursuivre m’expliquer à partir de mon premier texte, définir et préciser les termes que j’ai utilisés pour éviter le piège des mots.

Etre physique et spirituel.

Je considère acquis l’homme corps et esprit. « Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’esprit est esprit » (Jn.3-6). L’esprit : il est cette part spirituelle de notre moi que nous appelons aussi « âme ». Ma question est bien celle-ci : « A l’instant de notre mort, notre moi physique retourne à la poussière mais qu’en est-il de notre moi spirituel ? »

La vie.

L’origine de notre moi physique c’est la naissance au sein de l’humanité de la planète terre. Mais qu’en est-il de notre moi spirituel ? « Au commencement (1) était le Verbe…Par lui tout s’est fait…En lui était la vie… » (Jn.1-1) C’est en ce sens que j’ai écrit : « La Vie pouvant être considérée comme le support - sans commencement ni fin, non assujetti à nos dimensions - de l’existence, celle-ci nous faisant « être » de la naissance à la mort.». En d’autres termes (est-ce une erreur ?) nous sommes spirituellement de toute éternité et nous retournons à l’éternité. Sinon doit-on admettre que l’âme serait une création concomitante à notre naissance physique ? Comment l’expliquer et le comprendre ?

L’existence.

Elle est dans le temps et l’espace notre pèlerinage sur terre. Est-ce cela se tenir « hors du néant » ? Tandis que l’esprit, lui n’a pas à exister – à se tenir hors du néant - s’il est la vie.

Aparté : Avons-nous la capacité d’appréhender le néant ? Un jour les astrophysiciens nous aiderons à comprendre le cosmos et ses multiples dimensions, plus de dix dimensions selon l’hypothèse basée sur la théorie des cordes. Nous aurons peut-être un jour la surprise d’apprendre que le néant n’existe pas !

Ces pensées sont le fruit de ma réflexion personnelle. Elles ne se rattachent à aucune école, à aucune influence, à aucun maître. Elles ne s’imposent à personne, pas même à moi. Sans doute quand l’aube éclaircie la nuit y a-t-il lieu de se souvenir de l’ amour du Père, de sa miséricorde, de fermer son cahier et de simplement murmurer : « Jésus j’ai confiance en toi ».

(1) « au commencement » : je ne sais si la traduction est conforme ? En effet cette notion engendre une question que nul n’ignore : « Avant le commencement c’est quoi ? »
stella

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

La Bible propose une distinction tri-partite : corps, âme, esprit (1 Th 5). L’âme est à la fois psychique et spirituelle : l’intelligence et la volonté sont proprement spirituelles (ainsi que la mémoire supérieure ou spirituelle), tandis que l’imagination, l’estimative (l’affectivité), la mémoire (inférieure) sont intermédiaires entre le corps (dimension matérielle) et la dimension spirituelle. Saint Thérèse d’Avila désigne l’esprit comme la « fine pointe de l’âme » pour désigner qu’il s’agit de la partie de l’âme qui s’ouvre sur la transcendance.
Il est clair que les facultés spirituelles, n’étant pas liées à la corporéité, ne sont pas sujettes à la corruption. C’est le cas de l’intelligence, de la volonté et de la mémoire supérieure, qui subsistent après la mort.

Pour l’anthropologie chrétienne, l’âme spirituelle est suscitée par Dieu au moment de la conception ; elle est unie au corps au moment de la fusion des gamètes dans le sein de la mère. La Vie dont il est question dans le Prologue est bien sûr la Vie divine qui procède du Père et dans lequel Celui-ci engendre éternellement le Fils. Cette Vie qui est lumière et amour, peut s’identifier à l’Esprit. C’est à cette vie filiale que le Christ ressuscité nous donne part dans l’Esprit.
L’esprit de l’homme est donc lui aussi créé par Dieu tout comme le corps. Plus exactement, Dieu insuffle dans le corps une âme spirituelle qui fait de ce corps animé par cette âme spirituelle, un être humain.
L’existence appartient donc aussi bien à l’âme qu’au corps, mais chacun la reçoit selon son essence ; l’existence du corps est matérielle, celle de l’âme humaine est spirituelle. On parle en philosophie d’une analogie de proportionnalité : chacun reçoit l’être en proportion de son essence. L’existence du corps est mortelle (depuis le péché originel) ; l’existence de l’âme spirituelle (et donc immatérielle) est immortelle (elle a eu un commencement mais n’aura pas de fin).
Un corps animé est vivant : la vie est une modalité de son existence. Si l’âme (principe de vie) se sépare du corps, le corps est mort ; mais il continue d’exister sous forme de cadavre. Seule l’âme, du moins si elle est spirituelle, survit. On ne peut donc pas identifier la vie et l’existence, sauf en Dieu, car dans la parfaite simplicité de l’Etre divin, la Vie s’identifie à l’Amour, à l’Intelligence, à la Volonté, à l’Existence, etc. : son Essence infinie et son Existence coïncident parfaitement. Dieu et lui seul est pleinement Vie, Amour, Intelligence, Volonté, etc.

- Vous avez raison de dire que nous ne pouvons concevoir le néant de manière positive, comme l’a bien montré Bergson.
- La question « qu’y avait-il avant le commencement ? » n’a en effet guère de sens puisque Dieu crée le temps avec l’univers matériel (Augustin). On ne peut donc utiliser des catégories temporelles (telles que « avant » ou « après ») qu’à l’intérieur de notre monde manifesté. Le « au commencement » - « en arché » du Prologue 1, 1 qui renvoie au « Bereshit » de Genèse 1, 1 - signifie le fondement absolu, sans référence à la temporalité.

mariotti
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Message par mariotti »

Vous écrivez:
"l’âme spirituelle est suscitée par Dieu au moment de la conception ; elle est unie au corps au moment de la fusion des gamètes dans le sein de la mère."
d'une part
et d'autre part (les 2 propositions ne sont pas liées. Je pose 2 questions.):
"On ne peut donc pas identifier la vie et l’existence, sauf en Dieu..."

Vous serait-il possible d'argumenter ces 2 assertions?

Pourriez-vous donner 1 ou 2 exemples nous permettant de distinguer la mémoire spirituelle (ou supérieure) et la mémoire inférieure.
Merci
Cordialement :
stella

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

- L’Eglise n’a pas retenu la proposition de Saint Thomas d’Aquin qui, influencé par l’aristotélisme, suggérait que l’embryon soit d’abord animé par une âme végétative, puis sensitive, et après seulement par une âme spirituelle. Le Magistère a toujours maintenu que Dieu insuffle une âme spirituelle dès le premier moment de la conception.

- Dieu est parfaitement simple : son essence s’identifie à son existence même ; dès lors chacun des attributs de son essence exprime son Etre. On ne peut pas dire qu’il possède l’être et la vie, mais il « est » Etre infini, Amour infini, Intelligence infinie, Vie infinie, etc.

- La mémoire inférieure est celle qui recueille les impressions sensibles et affectives. La mémoire supérieure recueille les expériences spirituelles. Saint Augustin établit un parallèle entre l’intelligence et le Fils, entre la volonté et l’Esprit Saint, et entre la mémoire et le Père. La mémoire du cœur est le souvenir de l’amour de Dieu pour nous.

mariotti
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demain après la mort

Message par mariotti »

Vous affirmez :
« Le Magistère a toujours maintenu que Dieu insuffle une âme spirituelle dès le premier moment de la conception. »

Je serai tenté de vous répondre : « Oui, mais en quelles circonstances a-t-on obtenu cette réponse? Comment l’avons-nous apprise? Pouvez-vous citer vos références etc. »

Mais je pense que nous avons atteint le rivage où la seule réponse est celle que vous avez transcrite dans le cadre d’un autre sujet :

« Dans la foi nous accueillons le don que Dieu fait de lui-même en se révélant à nous, créatures faites à son image ; nous accueillons et acceptons la vérité que notre esprit ne peut comprendre jusqu’au bout et ne peut posséder, mais qui justement dilate l’horizon de notre connaissance, et nous permet d’atteindre le Mystère dans lequel nous nous sommes plongés et de retrouver en Dieu le sens définitif de notre existence. La foi, qui est un acte humain très personnel, reste un choix de notre liberté, qui peut aussi être refusé. Ici est mis en lumière une seconde dimension de la foi, celle de se confier à une personne : non à n’importe quelle personne mais à Jésus-Christ, et au Père qui l’a envoyé. Croire veut dire établir un lien très personnel avec notre Créateur et Rédempteur, en vertu de l’Esprit Saint qui travaille dans nos cœurs, et faire de ce lien le fondement de toute notre vie ». Benoît XVI, juin 2006.

Pensez-vous qu’entre votre réponse et la citation de Benoit XVI il y ait la place pour une explication complémentaire ?
stella

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

L’objet de la foi est Dieu en tant qu’il se révèle dans les Ecritures, la Tradition et le Magistère. La raison accueille ce donné révélé et se met au service de son explicitation. Elle approfondit la cohérence de la vision de Dieu, de l’homme, et du monde, qui ressort de la Révélation. Autrement dit, il y a effectivement priorité du donné révélé auquel se soumet la raison dans une humble obéissance de la foi.
J’ajoute que toute théorie différente relève tout autant d’une « croyance », même si elle ne présente pas ses axiomes sous cet angle. J’en veux pour preuve le flou le plus complet quant à la date à laquelle le fœtus devient un embryon humain. Faute d’argumentation objective, on ira jusqu’à dire : « le jour où les parents conçoivent un projet pour cet enfant » !

mariotti
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demain après la mort

Message par mariotti »

Nous avons essayé de nous entendre sur quelques concepts (existence, vie …)

La Vie est bien la Vie Divine, transcendante.

Il n’y avait pas dans mes propos de pan-vitalisme.

Pour répondre à ma question du 30 mai 2006, confronté au point de non retour, "notre moi existe-t-il encore?", l’écoute des 2 CD de votre conférence « L’heure du combat suprême » m’apporte une réponse appropriée. Une réponse dans son aspect mystique plutôt que philosophique. J’invite ceux qui lisent ce forum à s’y reporter pour autant qu’ils se soientt posés les mêmes questions que les miennes.

Merci, cordialement, stella
stella

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