le pardon

[laurène]

Comment pardonner l'impardonnable ? est-ce un effort de la volonté ou un don de Dieu ? comment guérir sa mémoir quand son coeur, son corps semblent blessés à tout jamais ? pardonner est-il finalement oublier ou vivre avec l'offense.. comment pardonner quand l'autre n'a jamais reconnu l'offense et demander pardon ? guidez-moi pour qu'enfin un jour je connaisse le pardon qui libére, le pardon qui étouffe la rancoeur et la haine.

[P. Joseph-Marie]

Vous vous doutez bien que je ne pourrais répondre à votre question en quelques lignes : le pardon est au cœur de toute la démarche de guérison intérieure. Je dirai seulement que le pardon n’est pas l’oubli - qui serait en fait du refoulement, car il y a des choses que nous ne pouvons pas « oublier ». Le pardon n’est pas non plus l’excuse, qui consiste à reconnaître à l’offenseur des circonstances atténuantes. Le pardon commence lorsque l’acte subi est précisément inexcusable. C’est pourquoi le pardon est vraiment de l’ordre de la grâce, même s’il requiert notre collaboration volontaire. Je crois que le Seigneur attend de nous que nous nous préparions à accueillir la grâce du pardon en faisant la vérité sur nos sentiments (émotions), osant les reconnaître, et en cherchant honnêtement à discerner et à reconnaître notre part de torts. Il faut ensuite chercher et trouver du positif dans la personne de l’offenseur (aucune personne est cent pour cent mauvaise !) afin de redécouvrir son humanité, sa souffrance, son droit d’être elle aussi en chemin. Tout ceci n’est qu’un travail préliminaire, car arrivé à ce stade, l’offense peut demeurer comme un obstacle insurmontable à la reprise de la relation. A ce moment il me semble que nous ne pouvons qu’exprimer au Seigneur notre disponibilité réelle à accueillir la grâce de la miséricorde et à la transmettre au moment où il nous la donnera. Puis il faut veiller, dans l’attente de cette grâce, qui viendra et qu’il faudra saisir lorsqu’elle est donnée…

[Elisabeth]

Le pardon, c'est bien pour pardonner l'impardonnable. Quel intérêt si c'est seulement de pardonner ce qui est pardonnable? Jacques Derrida, à ce sujet, avait écrit un article très intéressant. On pense aux camps de la mort pendant la seconde guerre mondiale, c'est parce que c'est impardonnable qu'on doit pardonner. Ceci dit, il faut de la patience. Un prêtre reconnaissait qu'il lui avait fallu sept ans pour pardonner à quelqu'un, et que pourtant, tous les jours il disait "pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés". Le pardon est l'originalité du christianisme, c'est très très important. Personnellement, je dis : "Seigneur, aide-moi à pardonner, je le voudrais mais je ne peux pas encore, aide-moi". L'important est de rester disponible, comme dit le Père, et le temps aide beaucoup. Pardonner, disait quelqu'un, c'est ne pas se venger et faire du mal à une personne qui, un jour, pourrait se trouver faible par rapport à nous, la situation se trouvant renversée. Le minimum, c'est de ne pas avoir de sentiment de vengeance. Courage donc, et toute confiance.

[philippine]

Ok, Elisabeth, mais reconnaissez que dans l'offense, il y a différents dégrés, et qu'il est plus facile de pardonner à quelqu'un qui par exemple vous a critiquée qu'à une personne qui vous a violée... mais vous savez, la douleur physique et morale peut être tellement violente que vous avez l'impression qu'elle ravive l'offense... et croyez moi, il est bien dans ce cas difficile de dire : je te pardonne.. effectivement, la phrase du Notre Père 'pardonne-nous..." pourrait et certainement devrait m'y aider, mais il faut croire que Dieu ne nous donne pas forcément la grâce du pardon, et puis notre condition d'homme fait pécheur par le péché originel fait que la démarche est encore plus difficile, pour moi inhumaine.. et puis je me dis que dans ce cas de non-pardon, Satan, certainement se déchaîne car il sait là où le non pardon peut justement nous entraîner.

[P. Joseph-Marie]

Loin de moi de vouloir profiter de votre souffrance pour faire de la « pub », mais pour arriver à pardonner certaines offenses, je crois qu’il faut se faire aider, ce qui peut se faire par exemple au cours d’une session de guérison intérieure.

[laurène]

Justement, qu'est-ce qu'une session de guérison intérieure ? quels sont les fruits qu'on peut en attendre ?


Je vous suggère de lire d'abord le dialogue suivant, puis de poser éventuellement d'autres questions de précision:

http://www.fsjinfo.net/forums/viewtopic ... t%E9rieure

[Elisabeth]

Pourquoi ne pas être assez humble et confiant pour dire : "Seigneur, tu sais tout, tu sais ce que je souffre et que, maintenant je ne peux pas pardonner, mais je te fais CONFIANCE, tu es juste, bon, miséricordieux, tu m'as créée, tu me connais, tu m'aimes et tu ne veux que mon bonheur. Je sais, parce que j'ai confiance en toi, que ce qui est impossible pour moi aujourd'hui, tu le comprends." Dieu ne nous juge pas, il nous sauve, ce temps de Noël nous le rappelle encore.
Quant à Satan... Laissez-le dormir, le Jésus de la Crèche est bien plus fort que lui. N'AYEZ PAS PEUR! Dieu est Dieu. ALLez, souriez!

[Maryvonne]

Je suis d'accord avec Elisabeth. Reste une difficulté : les situations d'offense grave répétitive. Il faut du temps pour pardonner, on est touché au niveau sensible et il faut intégrer cela sans le gommer. Alors quand les choses se répètent trop fréquemment avec quelqu'un que l'on côtoie chaque jour...


Je crois que seule la foi nous permet d’avancer sur un tel terrain, plus précisément la parole de l’Evangile : « Alors Pierre, s'avançant, lui dit : “Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu'à sept fois ?” Jésus lui dit : “Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix-sept fois” » (Mt 18, 21-22). Mais il faut compter sur le fait que la Parole de Dieu donne ce qu’elle ordonne…
"Dieu viens à mon aide, Seigneur viens vite à mon secours" !!!
PJM+