l'amour se substitue à la Loi

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fraber

l'amour se substitue à la Loi

Message par fraber »

Au lieu d'un châtiment, le Christ a fait de la mort une délivrance et une renaissance.
La mère qui donne la mort à son enfant le délivre de ce monde-ci qui l'emprisonne et lui permet de renaître, libre dans les cieux, là où l'amour se substitue généreusement à la Loi qui réprime.

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Le Père n’est pas intervenu dans la Passion de son Fils, ni pour l’en soustraire, ni pour abréger son agonie ; mais il l’a ressuscité de la mort dans laquelle il avait accepté de descendre au terme de longues souffrances.
Si Jésus a voulu assumer ainsi notre souffrance, notre agonie et notre mort, c’est afin de nous y précéder et d’y ouvrir une brèche qui ouvre sur la vie.
Je ne crois pas que nous ayons le droit de nous substituer à Dieu et de décider d’une autre voie que celle de son Christ, en anticipant le moment du grand passage par la pratique de l’euthanasie. Nous sommes plutôt invités à demander comme Jésus la force de boire jusqu’au bout la coupe qui nous est tendue, dans la certitude que Dieu est fidèle et qu’il ouvre les portes de la Vie à ceux qui lui font confiance.

fraber

la non-intervention du Père dans la Passion de son Fils

Message par fraber »

Mon Père,
Vous dites dans votre message que "Le Père n’est pas intervenu dans la Passion de son Fils, ni pour l’en soustraire, ni pour abréger son agonie".
Cette absence de réaction du Père, voyant sous ses yeux les bourreaux profaner la face sacrée de son Fils est difficile à comprendre. D'autant qu'elle n'est pas sans conséquences graves.
Une telle licence accordée aux bourreaux, agissant en toute impunité, sans craindre le châtiment de Dieu, a permis par la suite les crimes les plus abominables.
Les nazis en ont profité pour exterminer le peuple juif. Si Dieu ne dit rien quand les bourreaux assassinent son propre Fils pourquoi viendrait-il au secours d’un peuple juif condamné par l’Eglise comme déicide?
Ne pas arracher son enfant aux mains des meurtriers revient à accorder un blanc-saing à tous les assassins.

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

N’est-il pas vrai que Jésus est allé jusqu’au bout de son chemin de croix ? N’a-t-il pas crié du haut de ce gibet : « Père pourquoi m’as-tu abandonné ? » Bien sûr le Père ne saurait objectivement abandonner son Fils puisque le Père est le Fils sont Un dans une éternelle communion d’amour ; mais subjectivement, Jésus a voulu assumer cette déréliction afin de pouvoir nous rejoindre dans la nôtre. La réponse du Père est venue au matin de Pâque, et tel est le sort qu’il réserve à tous ceux qui oseront mettre leurs pas dans ceux du Christ.
Si le Père était intervenu, s’il avait délivré spectaculairement son Fils des mains des bourreaux, où serait encore la foi ? Nous aurions l’évidence de la divinité de Jésus et serions contraint de nous soumettre à sa seigneurie. C’est très précisément la tentation à laquelle le Démon essaye de soumettre Jésus au désert, tentation que prolongeront les témoins de la crucifixion : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même » (Lc 23, 37). Jésus se contente d’intercéder pour ceux qui le méprisent : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » ; et au « bon » larron, il offre le paradis : « En vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23, 43).
Laissons l’accusation de déicide qui est un autre débat ; non Dieu n’est pas visiblement intervenu pour sauver le peuple juif de la Shoah ; mais il s’est manifesté par ses témoins : pensez à Saint Maximilien Kolbe. Par son attitude, il incarne la position de Dieu, qui se fait proche de ceux qui souffrent, qui souffre avec eux, qui meurt avec eux, dans la même déréliction et apparemment dans la même absurdité. Mais nous croyons que cette solidarité dans la souffrance débouche sur une solidarité dans la vie éternelle de l’autre côté du voile, pour les juifs comme pour les chrétiens des camps de la mort, et pour toutes les victimes innocentes de par le monde et tout au long de l’histoire.

fraber

Message par fraber »

Vous écrivez, mon Père, que "Dieu n'est pas intervenu dans la Passion de son Fils". Pourquoi ai-je lu et entendu si souvent cette phrase, dont j'ignore l'auteur, :"Le Père a immolé son Fils sur la croix du Golgotha" qui fait du Père des cieux le véritable auteur de la mort du Christ.
Dans le même sens encore, on parle du Dessein de Dieu d'envoyer le Fils sauver l'humanité par sa croix.
Le Père n'a-t-il pas été considéré pendant des siècles de foi et de théologie comme le concepteur de la croix? C'est Lui qui veut et son Fils obéit.
Les prètres nous convient à admirer l'obéissance de Jésus appelé "l'innocent".
C'est à Dieu, son Père, que Jésus offre son humiliation, son supplice, ses souffrances, son sang, sa mort. Dieu est donc là, témoin du crime, témoin du sacrifice, témoin de l'offrande. Il accepte le crime, il accepte le sacrifice, il répond à l'offrande du sang par l'offrande de son pardon. Il ne peut interdire le crime, sauf à annuler le sacrifice. Dieu est piégé comme Jésus d'obéir à une Loi criminelle, celle des sacrifices de sang, qui date du commencement de l'humanité et que Iawhé avait aboli.
Par son silence et son inaction, il se fait le complice des bourreaux et pourrait être poursuivi aujourd'hui pour non-assistance à une personne en danger de mort.
Comment comprendre le Golgotha si nous ne pouvons éviter les terrifiantes contraintes de la Loi sacrificielle, sanglante et sacrilège?
Je pense que les Anciens se sont laissé enfermer dans ce récit du Golgotha sans en avoir apprécié les conséquences.

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Je ne doute pas que vous ayez lu – ou même entendu – toutes ces horreurs, mais elles ne sont pas chrétiennes ! Le dieu-vampire est une idole redoutable qui a détourné bien des hommes de l’Evangile, mais qui n’est qu’une contrefaçon lamentable de la Révélation. Au mieux, il s’agit d’une création de notre Surmoi culpabilisé ; au pire, d’une ruse de l’Ennemi.
Le Père est la Source de la vie : il est essentiellement vivifiant et ne peut vouloir que la vie. Il veut que tous ses enfants retrouvent la vie qu’ils ont perdue en raison du péché. C’est pour cela qu’il accepte que son Fils récapitule en lui toute notre humanité vouée à la mort, qu’il descende lui-même dans la mort, afin de relever son Fils et ceux qu’il incorpore en lui. La visée du Père, du Fils et de l’Esprit (car ils n’ont qu’une seule et même volonté d’amour et de salut), leur finalité n’est pas la mort mais la vie ; la mort est l’ennemi que Jésus affronte pour que triomphe la vie au matin de Pâque.
Jésus n’est pas seul dans ce combat : « Voici venir l'heure - et elle est venue - où vous serez dispersés chacun de votre côté et me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul : le Père est avec moi » (Jn 16, 32). Il y a une étonnante complicité entre les trois Personnes : le Fils descend dans la mort, le Père l’en relève et l’Esprit communique la victoire du Fils à ceux qui croient en lui.

fraber

le dessein de salut conçu par Dieu prévoit la mort du Fils.

Message par fraber »

Mon Père,
je veux bien croire que ce que j'ai dit concernant la responsabilité du Père dans la Passion de son Fils soit une horreur non chrétienne.
Toutefois, je me permets d’extraire du Catéchisme de l’Eglise catholique ce premier énoncé. Il y en a d’autres qui en confirment le sens:
“Le sacrifice du Christ est unique, il achève et depasse tous les sacrifices.

IL EST D’ABORD UN DON DE DIEU LE PERE LUI-MEME:
C’EST LE PERE QUI LIVRE SON FILS POUR NOUS RECONCILIER AVEC LUI.”

Autre citation:
“Notre salut découle de l’initiative d’amour de Dieu envers nous car “ c’est Lui qui nous a aimés et qui a envoyé son FILS EN VICTIME DE PROPITIATION pour nos péchés.”
Ces textes confirment bien le dessein de salut voulu par le Père des cieux et l’accomplissement de ce plan par le Fils, obéissant à son Père.
J’ajouterai ces deux citations, l’une de St Paul, terrible, je trouve:
“Dieu n’a pas épargné son Fils, mais L’a livré pour nous tous”
et celle-ci, de St Pierre:
"Le Fils a été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu.”
Encore une dans le même sens:
“Le dessein divin de salut a été annoncé par avance dans l’Ecriture.”
Difficile de croire en lisant ces textes que le Père des cieux n’est pour rien dans la mise à mort de Jésus.
Je n’ai rien inventé. Je n’ai fait que répéter des textes officiels de l’Eglise.
N’êtes-vous pas vous-même d’accord avec ces énoncés?

La mise à mort du Christ n’est pas seulement un accident de l’histoire. Elle est bien une nécessité incontournable qui implique la solidarité du Fils et de son Père tout au long du Sacrifice.
Si le Fils n’accepte pas d’accomplir le dessein de salut voulu par son Père, dessein révélé par avance dans les Ecritures, nous ne serons pas sauvés.
N’est-il pas surprenant d’apprendre qu’un Dieu Trinitaire est contraint d’obéir à une Loi sacrificielle que Iawhé avait aboli en sauvant de la mort le jeune Isaac?

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Vous ne pouvez pas séparer comme vous le faites l’intention du Père et celle du Fils : le Père, le Fils et l’Esprit ont une seule et même volonté de salut, un seul dessein de salut, auquel ils participent chacun pour leur part. Comme le Père est la Source au sein de la procession trinitaire, l’initiative lui est attribuée ; mais tenez compte du fait que Dieu n’est pas dans le temps : il n’y a donc pas d’antériorité chronologique, mais seulement logique dans les énoncés qui attribuent toute la responsabilité au Père. Vous remarquerez cette logique dans toutes les citations que vous rappelez : l’initiative vient du Père, la réalisation est attribuée au Fils, et la participation au salut à l’Esprit, par qui les hommes remontent au Père en s’unissant par la foi au Fils unique.
Pourtant Jésus dit également en toute vérité : « Nul ne me prend la vie, mais c’est moi qui la donne ». Nous n’opposerons pas cette parole à celles que vous me citez dans lesquelles il apparaîtrait que c’est tout au contraire le Père qui livre son Fils.
Tous les Trois, le Père, le Fils et l’Esprit épousent la même détermination à sauver le monde : le Fils en descendant jusqu’au plus profond de la mort, récapitulant en lui toute humanité et toute souffrance ; le Père en triomphant de la mort au matin de Pâque, et l’Esprit en répandant en surabondance la Vie divine dans tous ceux qui croient au salut offert par le Christ.
Le Père n’est effectivement « pour rien dans la mise à mort du Fils », pas plus que l’Esprit Saint d’ailleurs : en ce qui concerne cette horreur, nous nous sommes hélas débrouillés sans Dieu ! L’amour du Père - qui est aussi conjointement et inséparablement l’amour du Fils et de l’Esprit - consiste à accepter que son Unique descende dans cette mort horrible, afin de pouvoir y accueillir la vie divine de l’Esprit, dont le Père en tant que Source gratifie son Fils.
Peut-être la difficulté de compréhension de ces textes vient-elle d’une conception trop substantialiste des Personnes divines : Saint Augustin parle de trois « Relations subsistantes ». C’est toute l’unique substance divine qui circule du Père au Fils dans l’Esprit. Le Père engendre le Fils en lui communiquant toute sa substance, sans rien garder pour lui ; le Fils reflue de tout son être vers le Père, sans rien garder pour lui ; de sorte que l’Esprit consiste en ce mouvement d’amour réciproque entre le Père et le Fils, impliquant toute l’unique substance divine. Cette brève précision vous permettra peut-être de pressentir que le Père est nécessairement présent et agissant dans tout ce que fait le Fils, qu’il engendre à partir de lui-même dans un acte d’engendrement qui implique tout son être.

Verrouillé