Etre vivant en "je" c'est parfois abandonner nos c

Verrouillé
Françoise

Etre vivant en "je" c'est parfois abandonner nos c

Message par Françoise »

Père Verlinden, Tout en étant fidèle "à ce qui vit en moi" et dont l'image du christ en est le référent. Comment puis-je laisser éclore cette parcelle de vie qui est tellement intense sans devoir consacrer ma vie dans un ordre religieux et sans me dire qu'aimer son prochain, c'est lui faire plaisir. J'ai de très forte angoisse à l'idée de devoir faire le choix d'une communauté. A vrai dire tout ce qui est établi m'exaspère au plus haut des points et encore plus en matière religieuse. Je pense que j'ai des représentations de la foi qui sont fausses et qui sont en conflits avec une ouverture d'esprit beaucoup plus large et épanouissante. Donc parfois, je me dis qu'il vaut mieux abandonner les croyances qui m'empêche d'être libre.

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Le consacré est d’abord consacré à Dieu en Jésus-Christ : c’est à lui qu’il se livre, et qu’il livre par le fait même son éducation. C’est Jésus qui nous apprend à vivre « en Esprit et vérité », qui nous enseigne ce qu’est la charité envers le prochain. Ce n’est qu’en le regardant vivre et en vivant avec lui qu’on discerne peu à peu ce qui fait la spécificité de l’agapé, la charité au sens fort, surnaturel du terme, vertu théologale que nous ne pouvons que recevoir.
C’est sur ce chemin que nous découvrons conjointement et tout aussi progressivement ce qu’est la vraie liberté. Bien sûr nous savons théoriquement qu’elle consiste dans la capacité d’aimer jusqu’à donner notre propre vie, mais c’est précisément cela la charité, c’est pourquoi je dis que nous découvrons la liberté dans la mesure où nous commençons à donner notre vie sous la direction de l’Esprit et dans son élan.
Le chemin de la charité – et donc celui de la liberté – n’est pas facile, car se donner implique renoncer à s’appartenir, à disposer pleinement de soi. Il est clair qu’on ne peut entrer que progressivement sur un tel chemin : c’est le but de toute initiation à la vie religieuse (postulat, noviciat, vœux temporaires). Il y a incontestablement des renoncements, mais ceux-ci ne sont pas absurdes : ils sont pour une plus grande liberté et ne constituent pas un renoncement à notre liberté authentique. Par contre ils portent un coup fatal au libre arbitre, cette pseudo-liberté qui consiste dans la prétention de juger par soi-même du bien et du mal, et par conséquent implique la possibilité de se détruire autant que de se construire.
Votre exaspération devant les exigences communautaires (que vous vous imaginez puisque vous n’êtes pas rentrée en communauté), me fais pressentir quelque blessure relationnelle, qu’il faudrait éclaircir avant de concrétiser votre projet : ce serait trop bête de ne pas pouvoir répondre à un appel parce que vous auriez fait l’économie d’un travail sur votre passé.

Verrouillé