Comment Jeûner?

Verrouillé
Josie

Comment Jeûner?

Message par Josie »

Bonjour mon père,

Je chemine depuis quelques années et suis rendue à un point où je ressens un besoin puissant de jeûner, d'intégrer le jeûne de manière permanente dans mon mode de vie. Physiologiquement je suis en bonne santé.
pourriez-vous me proposer quelques scenaris?
Peut-on accompagner une neuvaine de jeûne?
Sauter le repas du soir peut-il être considéré comme un jeûne?

J'ai entendu dire que vous jeûnez beaucoup, parlez-moi de votre façon personnelle.
Pourquoi dit-on que le jeûne (etprière) est un bon remède contre les envoûtements, l'infestation diabolique? Jésus lui-même en fait l'éloge dans la bible?
Merci infiniment, vos conseils sont si précieux.
Josie

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Ce n’est pas donné à tout le monde d’assister en direct à la naissance d’un mythe qui le concerne !!! Non je ne suis pas un grand ascète jeûnant un jour sur deux, loin s’en faut. A vrai dire je préfère la sobriété quotidienne aux prouesses ascétiques éphémères. Ce n’est pas un jugement de valeur, mais une sensibilité personnelle qui se vérifie chez moi aussi bien au niveau du sommeil que de la nourriture. Et il me semble que cela correspond davantage à la vie monastique.
Tout cela pour dire que je ne suis sans doute pas le mieux placer pour vous donner des scénarii de jeûnes. Certes se passer d’un repas du soir est une forme de jeûne. Il y a également le jeûne au pain et à l’eau comme semble le conseiller la Vierge de Medjugorje. En général il y a jeûne lorsqu’on se prive d’une part de la nourriture prise habituellement, soit en enlevant le superflu (mais cela s’appelle plutôt de la sobriété), soit en soustrayant ce qui est plus agréable au palais (dessert), soit en ne prenant que le strict nécessaire pour pouvoir assurer son travail, soit enfin en « sautant » carrément un ou plusieurs repas.
Le jeûne est traditionnellement associé à la prière et à l’aumône comme moyens ascétiques de progrès spirituel. Mais à condition bien sûr que ces moyens soient finalisés sur une plus grande ouverture à Dieu et ne deviennent pas des prouesses qui risquent de « gonfler » l’ego. Si le jeûne est l’expression de notre volonté de dépendre davantage de Dieu, une manière de lui dire que nous ne voulons pas d’une autosuffisance mensongère, s’il exprime notre faim et soif de sa présence, s’il est l’aveu de notre misère et un cri d’appel vers le Seigneur, bref s’il creuse en nous l’humilité, il ne peut qu’attirer sur nous la grâce divine et nous rendre plus fort dans le combat contre l’ennemi, comme vous y faites allusion. Jésus lui-même n’a-t-il pas jeûné au désert avant de commencer son ministère public ?

Elisbeth

jeûne

Message par Elisbeth »

Comme on critiquait Jean-Baptiste, qui ne se nourrissait que de sauterelles, on critiquait Jésus parce qu'il mangeait et buvait avec ses disciples : "c'est un glouton!". Jésus lui-même, à qui on demandait pourquoi ses disciples ne jeûnaient pas, a répondu qu'on ne jeûne pas tant que l'Epoux est là : mais un jour viendra où l'Epoux leur sera enlevé, alors ils jeûneront". Je me suis moi-même souvent interrogée sur le sens ici de ce mot, et de ce que cela voulait dire pour nous. Si, Père, vous pouvez m'expliquer...
Dans Isaïe, on lit que le jeûne qui plaît au Seigneur, c'est de libérer ses frères des chaînes, de lutter contre l'injustice... Et ailleurs : "Tu ne voulais no offrandes ni sacrifices, alors je viens, pour faire ta volonté". "Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé..."
Le partage me paraît essentiel : partager la joie d'un bon repas, partager les biens matériels, c'est l'esprit de partage qui compte d'abord. Ne pas se livrer à des excès, c'est aussi un respect de soi-même, donc du Seigneur.

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Les deux approches sont justes et conviennent. L’important est de savoir discerner quand il faut donner la priorité à la convivialité pour garder « l’unité de l’Esprit par le lien de la paix », et quand il faut savoir se retirer dans la solitude avec Dieu, et payer de sa personne par une certaine ascèse, pour revenir à la radicalité évangélique d’un désir totalement centré sur Dieu et sur la venue de son Royaume. Il me semble que ces deux moments s’alternent bien : le jeûne vécu comme un recentrement du désir, permet de vivre ensuite la convivialité dans la perspective eschatologique des noces de l’Agneau que nous célébrerons dans le Royaume des cieux.

Un Canadien errant
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Message par Un Canadien errant »

Dans le cadre du même sujet en général, nous avons une amie très chère membre de l'Opus Dei, qui, en réponse à une des questions de mes filles, lui admettait candidement porter un silice... comme mentionné dans DaVinci Code :!:
On a été d'abord surpris mon épouse et moi, et j'ai par la suite effectué une petite recherche dans mon catéchisme, mais n'ai rien trouvé à ce sujet.
Qu'est-ce que l'Église dit Père à ce sujet?
Pas pour juger notre amie, mais plutôt pour éclairer notre conscience un peu troublée je dois l'admettre et surtout pour éclairer notre fille.
Merci

Maryvonne
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le jeûne

Message par Maryvonne »

Vous ressentez cet appel, remerciez le Seigneur de vous attirer plus vers Lui. Pratiquement, il y a un piège à éviter : prendre seul de telles initiatives, car en effet on peut tomber dans l'orgueil, ou du moins dans des excès imprudents, ou, ce n'est pas mieux, dans des découragements rapides. Je suppose que vous avez un accompagnateur dans votre vie spirituelle, il saura discerner avec vous le désir de Dieu. Jésus Lui-même relie le jeûne et la prière. Dans le concret, les appels sont divers, le Père a donné des pistes. Il y a des circonstances ou des périodes de la vie spirituelle où le jeûne peut être important pour telle personne, alors que telle autre insistera sur d'autres points. La parfaite santé n'est pas un critère obligé, c'est à discerner. Il me semble que c'est en acceptant de tâtonner pour trouver sa juste mesure personnelle qu'on avance. Entre celui qui se prive d'une douceur, celui qui se prive d'un repas et celui qui jeûne au pain et à l'eau, il n'y a pas de différence si l'intention d'amour est la même... On peut commencer doucement, et aller plus loin si on se sent appelé (comme pour prier, c'est généralement peu à peu qu'on augmente le temps qu'on libère pour Dieu). Je crois que le critère des limites est de pouvoir accomplir sereinement son devoir d'état. Un autre critère que cela ne devient pas un attachement à une forme de prouesse, c'est la liberté intérieure, et extérieure : j'étais plus fatiguée et j'ai eu moins de résistances, je l'accepte avec simplicité ; un collègue fête un évènement ce jour-là, je prends tout simplement part à la collation...

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Un Canadien errant a écrit :Le port du silice
Le silice est un instrument d’ascèse traditionnel, que des générations de chrétiens (pas seulement des religieux) ont utilisé. Il est vrai que c’est un peu étonnant de le retrouver en ce début de troisième millénaire, mais l’important est qu’il soit « bien » utilisé. La question ne me semble pas tant celle du silice – tant de saints l’ont porté qu’on aurait mauvaise conscience à le rejeter par principe ! - que celle de la visée du port du silice ? Une auto-punition ? L’expression du rejet du corps considéré comme mauvais ? Une répression des voluptés charnelles diaboliques ?... Ou une participation à la souffrance rédemptrice du Christ ? Un rappel continu de sa présence à mes côtés et une réponse à son invitation à œuvrer avec lui pour la conversion des pécheurs ?
Il me semble qu’il est difficile en notre monde d’être chrétien sans s’imposer l’une ou l’autre forme d’ascèse. A chacun de trouver la sienne ; le silice est inattendu, mais s’il donne un bon fruit, pourquoi pas ? L’important est bien sûr qu’il ne trahisse pas une problématique névrotique refoulée.

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