mon père,
comme un soir où je n'avais pas grand chose à faire, je me baladais sur un forum chrétien (pas le vôtre), je suis arrivé sur le thème des "divorcés-remariés". D'ailleurs, de manière générale, les intervenants mélangeaient un peu tous les termes, sans respecter vraiment leur signification exacte. Donc, sur ce forum, on sentait la souffrance de ces pauvres gens 'forcés' de devoir se tenir éloignés des sacrements.
Toutefois, l'incompréhension de la valeur du sacrement du mariage et de son indissolubilité me faisait mal au coeur. Il y a même des personnes qui espéraient un nouveau pape pour réformer la morale de l'Eglise... et, en fait, instituer le divorce (qu'ils confondent avec la séparation de corps, enfin..) en détruisant du même coup le principe d'indissolubilité. J'ai donc pensé utile de réagir... et d'essayer d'expliquer avec mes mots la position de l'Eglise en la matière. Pour essayer d'être plus clair, j'ai pris l'exemple du concubinage. Même s'il est de plus en plus une réalité de notre société, les catholiques pensent dans l'ensemble que c'est un choix de vie contraire à la morale de l'Eglise, choix qu'il conviendrait de régulariser par le mariage. Ceci m'a ainsi permis de comparer 2 situations: dans l'une (concubinage) la morale était là et on choisit de la suivre ou pas, dans l'autre (remariage civil des divorcés civils après mariage religieux) la morale est un carcan qui rend malheureux et qui serait presque 'contraire' à la volonté de Dieu qui est miséricorde. Je ne voulais pas manquer à la charité envers ces personnes qui souffrent, mais il me semblait nécessaire de rappeler que la morale doit être notre garde-fou sur le chemin vers Dieu.
Le problème qui me préoccupe, c'est qu'une personne divorcée avec des enfants, et qui vit en concubinage, a répondu à mon dernier message en énonçant simplement la situation dans laquelle elle vit et qu'elle assume. Et je me sens bien incapable de lui répondre. Néanmoins, si je ne fais rien, et surtout vis-à-vis des autres lecteurs du forum, cela pourrait signifier que : voilà la réalité de la vie, Dieu a permis cette rencontre pour le bonheur des enfants qui avaient besoin d'un père et d'une femme qui avait besoin d'un mari; on peut toujours rappeler la morale poussiéreuse de l'Eglise, mais ce sont là des victimes de cette morale, et si l'Eglise leur refuse les sacrements, tant pis car ils prient Dieu directement.
C'est assez délicat.... ça m'apprendra aussi à vouloir ajouter mon grain de sel... aussi je serai très heureux si vous pouviez me conseiller sur une réponse charitable (au sens chrétien bien sûr) et juste. Merci beaucoup.
morale de l'Eglise
-
- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Je ne suis pas sûr qu’il y ait une réponse : je vous donne un autre exemple. Je connais une personne dont le mari a quitté le toit familial alors qu’elle avait …cinq enfants ! Plusieurs de ses amis lui ont proposé de l’épouser pour l’aider à éduquer ses enfants. Cette personne, profondément croyante, a maintenu que pour elle son mariage subsistait pour l’éternité et qu’elle se réservait pour son mari si ce n’est sur terre, alors au ciel. Elle répondait à ceux qui lui disait qu’elle se chargeait d’un fardeau impossible, qu’elle comptait sur la grâce divine qui n’abandonne pas ceux qui marchent dans la vérité de l’engagement chrétien. Eh bien, elle a magnifiquement éduqué ses cinq enfants, tout en achevant de payer sa maison (elle travaillait plein temps dans l’enseignement) ; et elle parvenait même à faire le catéchisme en paroisse et à s’occuper des jeunes dans son école !!!
Je crois que chacun fait ses choix en fonction de sa foi. Je ne crois pas que j’aurais eu l’audace de demander à cette femme de choisir la voie qu’elle a décidé elle-même d’emprunter par fidélité au Christ et à son époux. Je peux vous assurer qu’elle m’a beaucoup édifié.
Je crois que chacun fait ses choix en fonction de sa foi. Je ne crois pas que j’aurais eu l’audace de demander à cette femme de choisir la voie qu’elle a décidé elle-même d’emprunter par fidélité au Christ et à son époux. Je peux vous assurer qu’elle m’a beaucoup édifié.
morale de l'église
comment comprendre la morale de l'église, pourquoi est-elle si mal comprise et comment nous, pauvres fidèles pouvons nous nous y retrouver ? un exemple : le prêtre qui m'accompagnait m'avait bien expliquée que la pillule contraceptive non abortive était condamnée par l'Eglise dans tous les cas. Nous avons donc opté pour ce choix "difficile", et avons eu une famille nombreuse, avec des enfants désirés et d'autres moins, mais nous respections la loi de l'église. Pour cause de déménagement, j'ai changé d'accompagnateur : celui-ci au contraire m'encourage à prendre un contraceptif plutôt que d'avoir d'autres enfants non désiré, c'est la loi du moindre mal, comment donc s'y retrouver et comprendre ce que demande l'eglise ?
-
- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Ne regrettez pas votre choix : le contraceptif est en effet moralement illicite, car il sépare l’étreinte des époux de l’ouverture essentielle de l’amour à la vie. Ceci dit, la procréation responsable suppose que les parents décident librement du nombre d’enfants qu’ils accueillent au sein de leur famille, en fonction de leurs possibilités réelles, et moyennant une certaine générosité. Cette dernière clause semble avoir été largement suivie dans votre cas ; aussi vous semblez opter pour ne plus avoir d’autres enfants. Auquel cas l’Eglise vous conseillerait les méthodes de régulation naturelle des naissances : les avez-vous essayées ?
morale de l'église
Oui, bien sûr, nous les pratiquons, mais vous savez, et pardonnez-mooi ces détails, elles sont tellement exigeantes qu'au bout de 24 années de mariage, nous sommes épuisés, je suis épuisée, surtout quand certains prêtres prônent autour de nous la pillule.. elles demandent un self-contrôle et une grande maitrise de soi ; elles exigent aussi une certaine distance à certains moments du cycle qui est bien difficile et pas toujours comprise par l'époux, surtout quand des enfants sont arrivés alors qu'on croyait être dans une période non-fertile ; elles sont aussi source d'angoisse et de stress pour l'épouse dès que les règles ne sont pas là au jour J ! en plus, pour moi, ce qui a été particulièrement difficile, c'était que même si c'était un choix que nous avions fait à deux, j'ai eu l'impression d'être la seule à gérer le problème et ne pas avoir d"écoute chez mon mari.. En plus, et encore pardonnez-moi ces détails "intimes", elles obligent à renoncer à se donner l'un à l'autre au moment où la femme est au mieux, c'est à dire au moment de l'ovulation.. ma seule consolation dans ce chemin bien difficile est d'avoir respecté la loi morale, mais à quel prix ?? je pense que quand meme que la note est bien élévée.. et je ne pense pas que l'amour pour mon mari en soit ressorti plus grand, au contraire, je peux dire que ces méthodes nous ont éloignés l'un de l'autre et ont engendré bien des insastisfactions et des incompréhensions.
-
- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Vous le soulignez vous-même : le problème n’est pas tant dans la méthode, que dans l’accueil ou plutôt le choix au sein du couple. Il est certain que cette approche ne peut être épanouissante (et elle l’est réellement, comme de nombreux couples peuvent en témoigner) que lorsque les deux conjoints sont partie prenante et gèrent ensemble la méthode. Si le mari est réticent, il est clair que la situation devient très vite ingérable pour l’épouse et cause de tensions pour le couple.
En amont, il y a donc le problème de « l’éducation à l’amour », particulièrement du mari. Voici ce qu’écrit un mari à ce sujet : « La paternité responsable consiste à aimer le corps de son épouse selon ce qu’il est : le lieu où se vit la joie des époux pour la fécondité de l’amour. Le cycle féminin n’est donc pas une malédiction, mais une bénédiction : la femme, dans le secret de son corps et de son cœur, est gardienne du sens de l’amour, qui est fécondité. C’est pourquoi la joie de l’union peut à certains jours du mois être le prélude d’une action de grâce qui ne finira jamais, car elle occasionne la venu d’un nouvel être : l’enfant. Chaque enfant peut ainsi prononcer une vérité plus profonde que le cogito cartésien, car il peut dire : “Ils s’aiment, donc je suis”. La paternité responsable commence lorsqu’on aide sa femme à découvrir le sens de cette bénédiction en le vivant à deux dans la tendresse. Parler de paternité responsable, ce n’est pas d’abord développer un discours d’ordre technique, mais un discours qui touche le mystère de l’amour humain. Il ne peut y avoir de peur du corps car les amoureux n’ont jamais peur l’un de l’autre. L’amour est fait pour la joie et pour la fécondité. Dans ce cadre-là prend place un discours sur la maîtrise de soi, pour ne pas confondre la voix parfois pressante de la sensualité avec les accents d’une authentique tendresse conjugale, pour ordonner la pulsion sexuelle afin qu’elle soit le signe d’un amour libéré de l’égoïsme » (J.-M. MEYER, « La paternité responsable », dans Les Actes du 9ème Congrès international de la famille, Fayard, Paris, 1987, p. 68).
En amont, il y a donc le problème de « l’éducation à l’amour », particulièrement du mari. Voici ce qu’écrit un mari à ce sujet : « La paternité responsable consiste à aimer le corps de son épouse selon ce qu’il est : le lieu où se vit la joie des époux pour la fécondité de l’amour. Le cycle féminin n’est donc pas une malédiction, mais une bénédiction : la femme, dans le secret de son corps et de son cœur, est gardienne du sens de l’amour, qui est fécondité. C’est pourquoi la joie de l’union peut à certains jours du mois être le prélude d’une action de grâce qui ne finira jamais, car elle occasionne la venu d’un nouvel être : l’enfant. Chaque enfant peut ainsi prononcer une vérité plus profonde que le cogito cartésien, car il peut dire : “Ils s’aiment, donc je suis”. La paternité responsable commence lorsqu’on aide sa femme à découvrir le sens de cette bénédiction en le vivant à deux dans la tendresse. Parler de paternité responsable, ce n’est pas d’abord développer un discours d’ordre technique, mais un discours qui touche le mystère de l’amour humain. Il ne peut y avoir de peur du corps car les amoureux n’ont jamais peur l’un de l’autre. L’amour est fait pour la joie et pour la fécondité. Dans ce cadre-là prend place un discours sur la maîtrise de soi, pour ne pas confondre la voix parfois pressante de la sensualité avec les accents d’une authentique tendresse conjugale, pour ordonner la pulsion sexuelle afin qu’elle soit le signe d’un amour libéré de l’égoïsme » (J.-M. MEYER, « La paternité responsable », dans Les Actes du 9ème Congrès international de la famille, Fayard, Paris, 1987, p. 68).