Suis-je un hérétique ?
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Re: le péché originel, rupture entre Dieu et l'humanité
Dieu a confié à l’homme la création toute entière : il en est le prêtre, le prophète et le roi, et Dieu respecte la subsidiarité qu’il a lui-même établie. Après que la liberté de l’homme ait failli, le Seigneur ne le laisse pas pour autant seul dans sa misère : il vient partager notre condition, pour ouvrir devant nous, moyennant la foi, un nouveau chemin vers le Royaume. Je ne crois pas que l’on puisse parler de mondes parallèles lorsqu’on adhère au christianisme : ne mettons-nous pas le mystère de l’incarnation rédemptrice au centre de notre foi ? Bien sûr la souffrance et la mort subsistent, mais nous croyons qu’elles ne sont pas le dernier mot : la Parole ultime est celle de la résurrection, qui dévoile le mystère de grâce à l’œuvre dans l’ombre du vendredi saint.maurice a écrit :Pourquoi le ciel et la terre ne luttent-ils pas de concert pour faire advenir dès maintenant, sur la terre, le royaume des cieux au lieu d’attendre la fin des temps?
J’ai beaucoup de mal à comprendre comment s’exerce l’infinité de la souveraine perfection de Dieu confrontée à l’immense misère d’une humanité asservie au travail, à la souffrance et à la mort.
On a l’impression de deux mondes qui glissent l’un sur l’autre sans se connaître. D’un côté des laboratoires avec des scientifiques, de l’autre les églises avec des prètres, chacun agissant dans son domaine, ignorant l’autre, sans qu’il ne se passe jamais rien entre ces deux eux.
Cette rupture est incompréhensible.
Je constate que mon avant-dernière question n'est pas passée. Comme elle ne comporte ni provocation ni injure, j'en conclue qu'elle n'est pas arrivée à bon port et je me permets donc de la présenter à nouveau. Voilà:
- L'homme est étroitement lié à la Terre puisque s'il quitte les couches atmosphèriques il se désagrège dans le vide absolu.
- La Terre est elle-même liée au Soleil dont elle est un satellite. Mais le Soleil a vécu la moitié de sa vie: dans deux ou trois milliards d'années, quand il aura consommé tant d'hydrogène que son poids gravitaire ne compensera plus la poussée due à sa fusion, alors il va gonfler comme un ballon de baudruche. Il va ainsi bruler les satellites les plus proches puis les engloutir et enfin exploser comme toute étoile qui arrive en fin de vie.
- Conclusion: le Soleil et la terre ne sont pas immortels.
- Déduction: comment peut-on justifier la création d'un homme immortel sur une planette qui ne l'est pas ?
- L'homme est étroitement lié à la Terre puisque s'il quitte les couches atmosphèriques il se désagrège dans le vide absolu.
- La Terre est elle-même liée au Soleil dont elle est un satellite. Mais le Soleil a vécu la moitié de sa vie: dans deux ou trois milliards d'années, quand il aura consommé tant d'hydrogène que son poids gravitaire ne compensera plus la poussée due à sa fusion, alors il va gonfler comme un ballon de baudruche. Il va ainsi bruler les satellites les plus proches puis les engloutir et enfin exploser comme toute étoile qui arrive en fin de vie.
- Conclusion: le Soleil et la terre ne sont pas immortels.
- Déduction: comment peut-on justifier la création d'un homme immortel sur une planette qui ne l'est pas ?
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Je n’ai pas retenu la question parce que j’ai l’impression que nous tournons en rond et que vous ne percevez pas le sens de mes réponses - qui manquent sans doute de clarté. J’ajoute que j’aimerais éviter de m’enliser dans un débat sans fin sur une question particulière - et avec l’unique personne que ce débat intéresse - au détriment des nombreuses autres questions sur le site. Voilà pourquoi je suis obligé de faire une sélection : en raison de mes nombreux déplacements (et d’une méchante grippe) j’ai en effet un sérieux retard sur les forums.
Ceci dit je risque encore une tentative : vous partez du caractère éphémère de ce monde qui passe pour nier la possibilité d’une humanité immortelle. Mais qui vous contredit ? La dégradation inévitable et la mort sont entrés dans ce monde (le nôtre) comme une suite du péché ; et j’insiste : nous n’avons aucune idée de ce que fut le monde originel. Peut-être le Corps glorieux de Notre-Seigneur Ressuscité nous permettrait-il une réflexion analogique, mais rien de plus.
Nous sommes actuellement dans un monde où règne le second principe de la thermodynamique – qui est une loi de mort (dégradation inévitable de l’énergie et perte inévitable de la structure ou de l’information dans les systèmes ouverts) – mais ce monde n’est pas celui qui est « sorti des mains de Dieu » à l’aube de la création. C’est le monde tel qu’il est devenu suite au péché.
Ceci dit je risque encore une tentative : vous partez du caractère éphémère de ce monde qui passe pour nier la possibilité d’une humanité immortelle. Mais qui vous contredit ? La dégradation inévitable et la mort sont entrés dans ce monde (le nôtre) comme une suite du péché ; et j’insiste : nous n’avons aucune idée de ce que fut le monde originel. Peut-être le Corps glorieux de Notre-Seigneur Ressuscité nous permettrait-il une réflexion analogique, mais rien de plus.
Nous sommes actuellement dans un monde où règne le second principe de la thermodynamique – qui est une loi de mort (dégradation inévitable de l’énergie et perte inévitable de la structure ou de l’information dans les systèmes ouverts) – mais ce monde n’est pas celui qui est « sorti des mains de Dieu » à l’aube de la création. C’est le monde tel qu’il est devenu suite au péché.
thermodynamique et dramaturgie
Mon Père,
vous écrivez ceci:
"Nous sommes dans un monde où règne le second principe de la thermodynamique mais ce monde n’est pas celui qui est « sorti des mains de Dieu » à l’aube de la création.
C’est le monde tel qu’il est devenu suite au péché."
Dieu crèe un monde parfait et l'homme, rien que par ses péchés altére l'univers originel créé par Dieu?
Quel géant sommes nous pour être capables de détruire la création d’un Dieu?
La religion chrétienne nous propose simultanément deux conceptions de l'homme: tantôt il n'est que vile poussière, un être méprisable qui ne serait rien si Dieu ne le secourait pas; tantôt il possède des pouvoirs extraordinaires et se comporte comme un véritable démiurge.
Il est difficile d'assumer ces deux façons contraires. Chacun se sent naturellement petit, comme Pascal, face à l'immensité de l'univers, mais qui se croit capable de soumettre l'univers de Dieu à la seconde loi de la thermodynamique?
Même Einstein ne l'a jamais envisagé.
Plus qu'à une loi de la physique, vous soumettez l’humanité à une loi dramatique qui a fait fortune dans le roman et au cinéma, une loi religieuse qui veut que la relation entre l’homme et Dieu, son créateur, soit de nature tragique.
N’est-elle pas sublime, l’histoire de ce Dieu qui sauve l’homme de son péché, après que celui ci lui ait désobéi et qu’il ait introduit la mort dans sa création?
Surtout quand on sait que, non content de désobéir à son Créateur et d’altérer la création, l’homme assassine le fils de Dieu venu le sauver.
Surtout quand on sait, et c’est le plus émouvant, que Dieu pardonne tout à l’homme, aussi bien sa désobéissance que la création altérée et la mise à mort de son Fils.
Surtout, enfin, quand on sait que le Père Miséricordieux pousse sa bonté jusqu’à ouvrir les portes de son ciel à l’humanité et à lui offrir une part de son éternité.
Quel sublime scénario bien plus émouvant que la seconde loi de la thermodynamique.
Reconnaissez, mon Père, que ceux qui ont imaginé ce prodigieux scénario étaient géniaux et qu’on se serait drôlement ennuyé si nous n’avions pas désobéi à Dieu.
vous écrivez ceci:
"Nous sommes dans un monde où règne le second principe de la thermodynamique mais ce monde n’est pas celui qui est « sorti des mains de Dieu » à l’aube de la création.
C’est le monde tel qu’il est devenu suite au péché."
Dieu crèe un monde parfait et l'homme, rien que par ses péchés altére l'univers originel créé par Dieu?
Quel géant sommes nous pour être capables de détruire la création d’un Dieu?
La religion chrétienne nous propose simultanément deux conceptions de l'homme: tantôt il n'est que vile poussière, un être méprisable qui ne serait rien si Dieu ne le secourait pas; tantôt il possède des pouvoirs extraordinaires et se comporte comme un véritable démiurge.
Il est difficile d'assumer ces deux façons contraires. Chacun se sent naturellement petit, comme Pascal, face à l'immensité de l'univers, mais qui se croit capable de soumettre l'univers de Dieu à la seconde loi de la thermodynamique?
Même Einstein ne l'a jamais envisagé.
Plus qu'à une loi de la physique, vous soumettez l’humanité à une loi dramatique qui a fait fortune dans le roman et au cinéma, une loi religieuse qui veut que la relation entre l’homme et Dieu, son créateur, soit de nature tragique.
N’est-elle pas sublime, l’histoire de ce Dieu qui sauve l’homme de son péché, après que celui ci lui ait désobéi et qu’il ait introduit la mort dans sa création?
Surtout quand on sait que, non content de désobéir à son Créateur et d’altérer la création, l’homme assassine le fils de Dieu venu le sauver.
Surtout quand on sait, et c’est le plus émouvant, que Dieu pardonne tout à l’homme, aussi bien sa désobéissance que la création altérée et la mise à mort de son Fils.
Surtout, enfin, quand on sait que le Père Miséricordieux pousse sa bonté jusqu’à ouvrir les portes de son ciel à l’humanité et à lui offrir une part de son éternité.
Quel sublime scénario bien plus émouvant que la seconde loi de la thermodynamique.
Reconnaissez, mon Père, que ceux qui ont imaginé ce prodigieux scénario étaient géniaux et qu’on se serait drôlement ennuyé si nous n’avions pas désobéi à Dieu.
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Vous soulignez à juste titre le tragique de la relation de l’homme à Dieu. Ce sont peut-être les philosophes russes – je pense en particulier à Berdiaev – qui ont le mieux suggéré le caractère paradoxal de la condition humaine. Qu’est ce que l’homme qui peut mettre à mal par sa petite liberté finie, le projet divin ? Qui peut faire un « bras de fer » avec la Liberté infinie de Dieu ? Dieu se laisse-t-il narguer par une liberté qu’il est obligé de créer à chaque instant pour qu’elle subsiste devant lui ?
Je sais que prétendre que le péché a transformé la nature dans laquelle nous vivons est pour le moins audacieux. Le péché est de nature spirituelle, mais il m’affecte nécessairement dans tout mon être en raison de l’unité de la personne humaine : corps, âme et esprit. Autrement dit, la déchéance s’inscrit nécessairement jusque dans ma dimension somatique. Or ce corps matériel est en symbiose avec le cosmos tout entier : s’il est altéré par le péché des origines, alors cette altération a dû affecter le reste de la création. Ce qui ne devrait pas nous étonner, car l’homme en était le roi, avant de déchoir de son hégémonie.
Je sais que prétendre que le péché a transformé la nature dans laquelle nous vivons est pour le moins audacieux. Le péché est de nature spirituelle, mais il m’affecte nécessairement dans tout mon être en raison de l’unité de la personne humaine : corps, âme et esprit. Autrement dit, la déchéance s’inscrit nécessairement jusque dans ma dimension somatique. Or ce corps matériel est en symbiose avec le cosmos tout entier : s’il est altéré par le péché des origines, alors cette altération a dû affecter le reste de la création. Ce qui ne devrait pas nous étonner, car l’homme en était le roi, avant de déchoir de son hégémonie.