Père,
Mon frère me conseille de vous écrire suite à une discussion que nous avons eu ce week-end. Mon frère Jean est un habitué de votre forum. La discussion (qui n'était pas la première!) concernait "l'historicité" des miracles de Jésus. J'ai cette même discussion avec mon mari depuis des années: mon frère et lui sont convaincus que Jésus n'a pas marché sur les eaux et que finalement, ce n'est pas très important de savoir si Jésus a marché sur les eaux, calmer la tempête ou multiplier les pains, mais plutôt le message contenu dans le récit.
Je vous avoue que ce "discours" m'atteint beaucoup... car je trouve très dangereux qu'on commence à choisir ce qui fait du sens ou non ou ce qui semble réel ou non dans les récits relatés dans les évangiles... plusieurs en viennent à croire que la Transfiguration, la conception virginale et la Résurrection sont aussi symboliques. Je sais que ce n'est pas le cas de mon frère et mari mais je pense que ces raisonnements peuvent nous conduire plus loin.
On me taxe parfois de "fondamentaliste" ce que je ne crois pas dutout être. Je sais les synoptiques se contredisent et que l'exégèse moderne nous a appris des bien choses mais ma foi repose sur les seuls écrits que nous avons sur la vie de Jésus et le début de l'Église et ils ne sont sûrement pas que de belles fables symboliques.
Nous avons reçu une formation aux Pothières à la communauté du Chemin Neuf il y a quelques années et un bibliste sérieux confirmait ce que je pensais.
Merci de bien vouloir nous partager votre opinion. A lire certaines de vos réponses pour d'autres questions, je suis portée à croire que vous confirmerez mes craintes.
Fraternellement,
Élisabeth
Jésus a-t-il marché sur les eaux?!
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Je vais essayer d’être aussi clair que possible sur une question de théologie fondamentale délicate.
Le christianisme ne propose pas une lecture fondamentaliste des Ecritures, mais invite à les « interpréter » ; c'est-à-dire à retrouver le message que les hagiographes ont voulu nous transmettre. Ce qui n’est pas simple, car vingt siècles nous séparent, qui ont vu évoluer les cultures, le contenu sémantique des termes utilisés, les habitudes, us et coutumes des pays, etc. Mais nous n’avons pas à faire un seul « bond » : nous sommes liés aux origines par toute la Tradition interprétative, qui nous permet de remonter, par une chaîne ininterrompue, jusqu’aux événements fondateurs de notre foi.
Or la Tradition – tout comme le Magistère – insistent pour nous dire que les Evangiles ne sont pas des chroniques historiques, mais des témoignages de foi, écrits pour partager le kérygme de la mort-résurrection de l’Envoyé du Père.
« Tous les Evangiles sont des récits de la Passion glorieuse, précédés d’une longue introduction », disait un exégète. Il voulait dire par là que toute la vie publique de Jésus est écrite à la lumière de la Résurrection, et que les récits retenus (car Jésus a vécu bien d’autres événements bien sûr !) l’ont été en raison de leur pertinence à illustrer le mystère pascal.
J’ai bien dit : certains événements ont été retenus plutôt que d’autres ; je n’ai pas dit que certaines histoires ont été inventées ! Le fondement de tous les récits est historique, mais la description qui en est faite veut souligner un aspect particulier de l’événement, qui le met en lien avec la Pâque.
Ainsi le récit de la marche de Jésus sur les eaux a dû revenir à la mémoire des Apôtres, car il est une admirable illustration de la victoire de Jésus sur la mort (symbolisée par les eaux). S’il n’y avait pas eu un événement réel - je veux dire réellement advenu - il est hors de question que les Apôtres aient « inventé » un tel récit pour accréditer la résurrection. Mais cet événement s’est-il passé jusque dans le détail de la manière dont tel évangéliste le décrit ? Je refuse de répondre à la question, car elle n’a tout simplement pas de sens ! Le but de l’auteur inspiré encore une fois n’est pas de me donner une description détaillée et exacte des événements, mais de nous les décrire de telle manière que nous puissions comprendre ce que le Seigneur voulait nous dire à travers eux. Et c’est cela qui compte, bien plus qu’une chronique détaillée et précise.
J’ose espérer que je suis parvenu à vous faire saisir la subtilité de cette position, qui évite les deux extrêmes, tous deux erronés : le fondamentalisme qui prend la lettre comme une description historiquement exacte des événements jusque dans leurs détails ; et la mythologisation des Evangiles, qui prétend que les récits ne seraient que des constructions imaginaires des Apôtres pour édifier leur auditoire et l’amener à croire en la résurrection de Notre-Seigneur.
Le christianisme ne propose pas une lecture fondamentaliste des Ecritures, mais invite à les « interpréter » ; c'est-à-dire à retrouver le message que les hagiographes ont voulu nous transmettre. Ce qui n’est pas simple, car vingt siècles nous séparent, qui ont vu évoluer les cultures, le contenu sémantique des termes utilisés, les habitudes, us et coutumes des pays, etc. Mais nous n’avons pas à faire un seul « bond » : nous sommes liés aux origines par toute la Tradition interprétative, qui nous permet de remonter, par une chaîne ininterrompue, jusqu’aux événements fondateurs de notre foi.
Or la Tradition – tout comme le Magistère – insistent pour nous dire que les Evangiles ne sont pas des chroniques historiques, mais des témoignages de foi, écrits pour partager le kérygme de la mort-résurrection de l’Envoyé du Père.
« Tous les Evangiles sont des récits de la Passion glorieuse, précédés d’une longue introduction », disait un exégète. Il voulait dire par là que toute la vie publique de Jésus est écrite à la lumière de la Résurrection, et que les récits retenus (car Jésus a vécu bien d’autres événements bien sûr !) l’ont été en raison de leur pertinence à illustrer le mystère pascal.
J’ai bien dit : certains événements ont été retenus plutôt que d’autres ; je n’ai pas dit que certaines histoires ont été inventées ! Le fondement de tous les récits est historique, mais la description qui en est faite veut souligner un aspect particulier de l’événement, qui le met en lien avec la Pâque.
Ainsi le récit de la marche de Jésus sur les eaux a dû revenir à la mémoire des Apôtres, car il est une admirable illustration de la victoire de Jésus sur la mort (symbolisée par les eaux). S’il n’y avait pas eu un événement réel - je veux dire réellement advenu - il est hors de question que les Apôtres aient « inventé » un tel récit pour accréditer la résurrection. Mais cet événement s’est-il passé jusque dans le détail de la manière dont tel évangéliste le décrit ? Je refuse de répondre à la question, car elle n’a tout simplement pas de sens ! Le but de l’auteur inspiré encore une fois n’est pas de me donner une description détaillée et exacte des événements, mais de nous les décrire de telle manière que nous puissions comprendre ce que le Seigneur voulait nous dire à travers eux. Et c’est cela qui compte, bien plus qu’une chronique détaillée et précise.
J’ose espérer que je suis parvenu à vous faire saisir la subtilité de cette position, qui évite les deux extrêmes, tous deux erronés : le fondamentalisme qui prend la lettre comme une description historiquement exacte des événements jusque dans leurs détails ; et la mythologisation des Evangiles, qui prétend que les récits ne seraient que des constructions imaginaires des Apôtres pour édifier leur auditoire et l’amener à croire en la résurrection de Notre-Seigneur.
écrits bibliques
Père,
Quel est le danger du fondamentalisme que vous décrivez comme étant un «extrême erroné» ? Pourquoi ne pouvons-nous pas interpréter, comprendre ou croire la Parole tel quel, comme elle nous est parvenue jusqu'à ce jour ?
J'aimerais aussi vous demander (pardonnez-moi de le faire via ce forum, mais je ne sais trop où m'adresser) si il est possible de me procurer vos livres puisque j'habite la province de Québec au Canada. Je ne connais pas la valeur d'un euro en dollars canadien, etc.
Je vous remercie pour le temps que vous prenez à répondre aux multiples courriels et profite de l'occasion pour vous souhaiter un très Joyeux Noël.
Quel est le danger du fondamentalisme que vous décrivez comme étant un «extrême erroné» ? Pourquoi ne pouvons-nous pas interpréter, comprendre ou croire la Parole tel quel, comme elle nous est parvenue jusqu'à ce jour ?
J'aimerais aussi vous demander (pardonnez-moi de le faire via ce forum, mais je ne sais trop où m'adresser) si il est possible de me procurer vos livres puisque j'habite la province de Québec au Canada. Je ne connais pas la valeur d'un euro en dollars canadien, etc.
Je vous remercie pour le temps que vous prenez à répondre aux multiples courriels et profite de l'occasion pour vous souhaiter un très Joyeux Noël.
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- Messages : 1327
- Enregistré le : 5 sept. 2003
Les Ecritures ne sont pas « dictées » par Dieu à l’hagiographe. Dieu fait appel à un être humain qu’il inspire par l’action de l’Esprit saint, mais sans lui retirer ses facultés humaines, ni le retirer de son contexte culturel et humain. Il s’agit donc d’interpréter dans les Ecritures, ce que Dieu a voulu dire par le ministère de l’hagiographe. Autrement dit, il faut dégager le « sens » de la « lettre ». En identifiant le sens et la lettre, nous risquons de faire des « contre-sens » précisément parce que nous ne tenons pas compte du contexte natif de la lettre. Celle-ci nous est parvenue au-delà de la distance temporelle et culturelle entre l’hagiographe et nous ; mais elle ne nous intéresse que dans la mesure où elle nous donne accès au message qu’elle véhicule de la part de Dieu. Et ce message ne se livre qu’au prix d’un travail interprétatif.
Ceci ne vous empêche pas de « comprendre la parole de Dieu telle qu’elle vous est parvenue jusqu’à ce jour », bien au contraire : ce que vous dites signifie qu’il faut se situer dans une tradition interprétative pour lire la Bible, ce qui est parfaitement juste. Mais les travaux herméneutique permettent de dégager toujours plus précisément la parole inspirée du texte écrit qui nous est parvenu ; et en ce sens nous pouvons dire que la Tradition s’enrichit.
J’ajoute que reconnaître la nécessité d’une tradition interprétative signifie que nous sommes déjà sorti du fondamentalisme ; car celui-ci se contente de prendre le texte tel qu’il est en prétendant qu’il se suffit à lui-même, qu’il n’a guère besoin d’être interprété.
Ceci ne vous empêche pas de « comprendre la parole de Dieu telle qu’elle vous est parvenue jusqu’à ce jour », bien au contraire : ce que vous dites signifie qu’il faut se situer dans une tradition interprétative pour lire la Bible, ce qui est parfaitement juste. Mais les travaux herméneutique permettent de dégager toujours plus précisément la parole inspirée du texte écrit qui nous est parvenu ; et en ce sens nous pouvons dire que la Tradition s’enrichit.
J’ajoute que reconnaître la nécessité d’une tradition interprétative signifie que nous sommes déjà sorti du fondamentalisme ; car celui-ci se contente de prendre le texte tel qu’il est en prétendant qu’il se suffit à lui-même, qu’il n’a guère besoin d’être interprété.
Livres du père Verlinde au Québec
Bonjour Hélène,
Je me permets de répondre à la deuxième partie de votre question en ce qui concerne les livres du père Verlinde. Pour ma part, je préfère les commander directement de la Boutique (pour encourager la Famille de Saint Joseph avec mes petits sous canadiens...).
Si vous habitez la région de Montréal, vous en trouverez quelques-uns aux adresses suivantes :
Éditions Médiaspaul (version québécoise de Saint-Paul), au 3965, boul. Henri Bourassa Est, Montréal-Nord. Tél: (514) 322-7341 ou, si vous êtes loin : www.mediaspaul.qc.ca
Editions Paulines, au 4362, rue Saint-Denis, Montréal. Tél: (514) 849-3585.
Ou encore, chez Bertrand, Foucher, Bélanger, au 4284, rue de la Roche, Montréal. Tél: (514) 596-1559. www.bfb.ca
Pour 1 euro, il nous en coûte 1,63 $ petit dollar canadien...
alors, par exemple, si le livre coûte 18 euros, il vous coûtera environ 29,00 $ Cdn.
Si vous ne trouvez pas les livres aux endroits mentionnés, vous passez par la Boutique de saint Joseph, à soeur Pauline
qui se fera un plaisir de vous donner mon adresse de courriel pour vous expliquer les méthodes de règlement...ça me fera plaisir. N'hésitez pas...
Et si rien de cela ne marche, je pourrais vous faire un prêt de livres de ma collection personnelle !
Je me permets de répondre à la deuxième partie de votre question en ce qui concerne les livres du père Verlinde. Pour ma part, je préfère les commander directement de la Boutique (pour encourager la Famille de Saint Joseph avec mes petits sous canadiens...).
Si vous habitez la région de Montréal, vous en trouverez quelques-uns aux adresses suivantes :
Éditions Médiaspaul (version québécoise de Saint-Paul), au 3965, boul. Henri Bourassa Est, Montréal-Nord. Tél: (514) 322-7341 ou, si vous êtes loin : www.mediaspaul.qc.ca
Editions Paulines, au 4362, rue Saint-Denis, Montréal. Tél: (514) 849-3585.
Ou encore, chez Bertrand, Foucher, Bélanger, au 4284, rue de la Roche, Montréal. Tél: (514) 596-1559. www.bfb.ca
Pour 1 euro, il nous en coûte 1,63 $ petit dollar canadien...

Si vous ne trouvez pas les livres aux endroits mentionnés, vous passez par la Boutique de saint Joseph, à soeur Pauline

Et si rien de cela ne marche, je pourrais vous faire un prêt de livres de ma collection personnelle !
Historicité des miracles
Bonne année à tous les visiteurs de ce forum. A propos de l'historicité des miracles de Jésus, ce qui me frappe, c'est que même un miracle opéré dans la durée sur plusieurs années et constaté par des témoins dignes de foi tels que le philosophe Jean Guitton dont l'oeuvre et la vie témoignent du sérieux de sa pensée, miracle donc opéré non pas il y a 2000 ans , mais au cours des dernières décennies, n'emporte pas l'adhésion des foules et pourtant il y a matière à s'étonner et à remettre en cause notre petit train-train quotidien. Je veux parler de la mystique Marthe Robin qui a vécu sur son lit de malade pendant des années et des années sans pouvoir déglutir aucune nourriture à l'exclusion de l'eucharistie une fois par semaine tandis qu'elle revivait la passion du Christ selon la même périodicité. Passion du Christ revécue par cette mystique au siècle du triomphe de l'humanisme athé, siècle marqué par les deux grands conflits mondiaux, la shoa et le goulag. 

Les livres du Père Verlinde
Je vous remercie pour votre gentillesse ainsi que tous ces précieux renseignements. J'en prend bonne note. Que Dieu vous bénisse.
Lecture Interpretative des Ecritures
Bonjour Pere,
Vous dites qu'il nous faut un travail interpretatif en lisant la Bible. Est-ce que ca veut dire qu'il n'y a qu'une seule interpretation pour tout le monde?
Pourtant, je trouve qu'il y a beaucoup d'interpretations fait par plusieurs pretres/theologiens pour certains passages; ce qu'il n'est pas facile du tout pour un laic de savoir laquelle de ces interpretations qu'on pourraient accepter.
Ou voulez-vous dire que l'interpretation des Ecritures est personnelle et differente pour chacun de nous ?
Vous dites qu'il nous faut un travail interpretatif en lisant la Bible. Est-ce que ca veut dire qu'il n'y a qu'une seule interpretation pour tout le monde?

Pourtant, je trouve qu'il y a beaucoup d'interpretations fait par plusieurs pretres/theologiens pour certains passages; ce qu'il n'est pas facile du tout pour un laic de savoir laquelle de ces interpretations qu'on pourraient accepter.

Ou voulez-vous dire que l'interpretation des Ecritures est personnelle et differente pour chacun de nous ?