La procréation médicalement assistée

Verrouillé
Gwendoline

La procréation médicalement assistée

Message par Gwendoline »

Bonjour.
J'aimerais savoir ce que l'église pense de la procréation médicalement assistée et plus particulièrement de l'insémination artificielle avec donneur dans le cas d'une infertilité masculine. A vrai dire, je me pose cette question puisque mon ami est devenu stérile après le traitement d'un cancer. Je vous remercie de votre écoute.

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Si je vous ai bien compris, vous demandez ce que l’Eglise pense de l’insémination artificielle, moyennant transfert dans les organes génitaux de la femme du sperme précédemment recueilli auprès d’un homme qui n’est pas l’époux.
Le discernement de l’Eglise est doublement négatif :
- d’abord parce que le sperme ne vient pas du mari ; or l’enfant est l’incarnation de l’amour des époux qui se sont donnés l’un à l’autre jusque dans leur dimension charnelle ;
- ensuite parce que l’acte d’insémination artificielle sépare la procréation de l’étreinte amoureuse des époux.
Pour l’Eglise en effet, les deux significations de l’étreinte charnelle des époux, union et procréation, sont inséparables, leur connexion indissoluble étant voulue par Dieu et condition de la vérité de l’acte conjugal.

Invité

Message par Invité »

Je vous remercie de votre réponse. Cependant, j'ai posé la question a un prêtre pensant que la fécondation in vitro était la seule possibilité pour moi de porter un enfant et ce prêtre m'a répondu que la fécondation in vitro était tolérée par l'église. La fécondation in vitro sépare pourtant l'acte de procréation de l'acte amoureux. Aussi, ma question portait principalement sur le donneur.
Que pensez vous de ce que m'a dit le prêtre, l'avez vous entendu dire? Je vous remercie de prêter attention à mes questions et comprenez qu'il est difficile pour moi d'accepter de ne jamais porter d'enfant. Priez pour moi, j'en ai besoin.

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Je suis désolé, mais la fécondation « in vitro » ne saurait recevoir l’approbation de l’Eglise pour la raison que vous avez pressentie : la séparation de la fécondation et de la rencontre des époux. Sur la demande des Conférences épiscopales, la Congrégation pour la Doctrine de la foi a publié le 22 février 1987 un document sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation : Donum Vitae, dont le but est de préciser la position du Magistère sur « la conformité avec les principes de la morale catholique des techniques biomédicales permettant d’intervenir dans la phase initiale de la vie de l’être humain et dans les processus mêmes de la procréation ». Voici un extrait de ce que dit ce document sur la fécondation « in vitro » suivie du transfert de l’embryon dans les organes génitaux de la femme (F.I.V.E.T.E) :
« La fécondation artificielle homologue, en recherchant une procréation qui n'est pas le fruit d'un acte spécifique de l'union conjugale, opère objectivement une séparation entre les biens et les significations du mariage. C'est pourquoi la fécondation est licitement voulue quand elle est le terme d'un acte conjugal apte de soi à la génération, auquel le mariage est destiné par sa nature et par lequel les époux ne forment plus qu’une seule chair. Mais la procréation est moralement privée de sa perfection propre quand elle n'est pas voulue comme le fruit de l'acte conjugal, c'est-à-dire du geste spécifique de l'union des époux. L'origine de l'être humain doit résulter d'une procréation liée à l'union non seulement biologique mais aussi spirituelle des parents unis par le lien du mariage. Une fécondation obtenue en dehors du corps des époux demeure par là même privée des significations et des valeurs qui s'expriment dans le langage du corps et l'union des personnes humaines. »
On peut cependant poser la question si pour des époux stériles qui désirent sincèrement un enfant, le recours à la FIVETE homologue ne se justifierait pas eu égard à la globalité de la vie conjugale, qui suffirait à assurer la dignité qui convient à la procréation humaine. Conscient du problème et de la souffrance objective des couples stériles, le Magistère répond cependant négativement : « L’intention bonne ne suffit pas pour donner une appréciation morale positive sur la fécondation in vitro entre époux. Le procédé de la FIVETE doit être jugé en lui-même, et ne peut emprunter sa qualification morale définitive ni à l'ensemble de la vie conjugale dans laquelle il s'inscrit, ni aux actes conjugaux qui peuvent le précéder ou le suivre. La FIVETE homologue est opérée en dehors du corps des conjoints, par des gestes de tierces personnes dont la compétence et l'activité technique déterminent le succès de l'intervention. Elle remet la vie et l'identité de l'embryon au pouvoir de médecins et des biologistes, et instaure une domination de la technique sur l'origine et la destinée de la personne humaine. Une telle relation de domination est de soi contraire à la dignité et à l'égalité qui doivent être communes aux parents et aux enfants. » De plus, rappelle l’Instruction, « dans les circonstances où elle est habituellement pratiquée, la FIVETE implique la destruction d'êtres humains - les embryons surnuméraires - fait contraire à la doctrine sur l'illicéité de l'avortement. »
A fortiori le jugement sera-t-il négatif sur la FIVETE hétérologue. Le terme « hétérologue » signifie que la conception humaine est obtenue par la rencontre des gamètes d'au moins un donneur autre que les époux unis dans le mariage.
Une telle procédure, précise le même document, « est contraire à l'unité du mariage, à la dignité des époux, à la vocation propre des parents et au droit de l'enfant à être conçu et mis au monde dans le mariage et par le mariage. Le respect de l'unité du mariage et de la fidélité conjugale exige en effet que l'enfant soit conçu dans le mariage. Le lien entre les conjoints attribue aux époux, de manière objective et inaliénable le droit exclusif à ne devenir père et mère que l'un par l'autre. Le recours aux gamètes d'une tierce personne, pour disposer du sperme ou l'ovule, constitue une violation de l'engagement réciproque des époux et un manquement grave à l'unité, propriété essentielle du mariage. La fécondation artificielle hétérologue lèse les droits de l'enfant, le prive de la relation filiale à ses origines parentales, et peut faire obstacle à la maturation de son identité personnelle. Elle constitue en outre une offense à la vocation commune des époux appelés à la paternité et à la maternité ; elle prive objectivement la fécondité conjugale de son unité et de son intégrité.
Ces raisons conduisent à un jugement moral négatif sur la fécondation artificielle hétérologue : sont donc moralement illicites la fécondation d'une femme mariée par le sperme d'un donneur autre que son mari, et la fécondation par le sperme du mari d'un ovule qui ne provient pas de son épouse. En outre, la fécondation artificielle d'une femme non mariée, célibataire ou veuve, quel que soit le donneur, ne peut être moralement justifiée.
Le désir d'avoir un enfant, l'amour entre les époux qui souhaitent remédier à une stérilité autrement insurmontable, constituent des motivations compréhensibles ; mais les intentions subjectivement bonnes ne rendent la fécondation artificielle hétérologue ni conforme aux propriétés objectives et inaliénables du mariage, ni respectueuse des droits de l'enfant et des époux. »
Ces restrictions ne vous condamnent cependant pas à renoncer à toute forme de fécondité. Certes la fécondité physique est compromise, mais n’oubliez pas que l’amour est toujours fécond, même si sa fécondité se situe parfois à d’autres niveaux, moins perceptibles. On ne dira pas que la vie des consacrés n’est pas féconde ; pourtant ils ne procréent pas.
Je m’unis à votre prière afin que l’Esprit Saint vous aide à consentir à la situation qui est la vôtre sans révolte, mais dans la certitude que le Seigneur est présent à votre souffrance et saura lui donner une fécondité inespérée.

Verrouillé