Marie

Verrouillé
Olivier

Marie

Message par Olivier »

Cher Père,

Il me revient une question incessante:
Et si Marie n'était pas l'Immaculée, si elle était une femme comme toutes les autres, qu'Elle avait engendré Jésus et pourquoi pas des frères et des soeurs (d'un lien familial), qu'est-ce que cela changerait pour nous?

En quoi cela nous dévierait-il du fond du message de Jésus?

Ne sont-ce pas là des discussions d'exégètes qui dépassent largement l'entendement des communs des mortels?
Je suis le premier ignorant, car je confesse avoir bien peu lu et tenté la réflexion tant cela me paraît ardu et ne me semble pas fort important au regard de la tâche qui attend chaque chrétien de vivre le Message (ce que je ne sais pas faire non plus d'ailleurs).

Merci de votre réponse

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Distinguons d’abord
- la conception virginale de Jésus (Marie est enceinte par l’opération du Saint Esprit, sans relations charnelles avec Saint Joseph) et
- l’immaculée conception : Marie est conçue dans le sein de Sainte Anne en étant préservée du péché originel.
Votre question semble plutôt avoir trait à la conception virginale de Jésus (du moins d’après la suite de votre intervention).
Je me souviens d’un patrologue bien connu qui disait avec beaucoup de bon sens : « Si Marie a conçu de Saint Joseph, alors Jésus est fils de Joseph et non Fils de Dieu ! ». Lorsque Saint Cyrille d’Alexandrie (370-444), évêque et docteur de l’Eglise, défend au concile d’Ephèse le titre de Marie Mère de Dieu (431), vous comprenez sans peine qu’il sous-entend qu’elle n’a pas conçu Dieu par l’opération de Saint Joseph.
Les récits évangéliques parlent d’une conception virginale (le terme n’y est pas, mais bien l’idée) ; il s’agit donc d’un donné révélé auquel nous adhérons dans la foi. La tradition a toujours confirmé cette interprétation ainsi que le magistère, au point de la définir comme un dogme.

Olivier

Marie

Message par Olivier »

Cher Père,

Merci pour votre réponse à ma question qui finalement n'était pas bien posée, mais vu avez su malgré tout en trouver le sens.

Combien il est difficile d'adhérer à un dogme, non expliqué, posé sur la tradition.
Qu'est-ce qui a animé saint Cyrille a soutenir cette thèse? Qu'en était-il de la tradition avant saint Cyrille à Ephèse?
En ces jours on nous tentons de comprendre les symboliques, de donner un sens aux écrits et aux traditions, il n'est pas aisé d'imaginer et de soutenir fermement la virginité de Marie, surtout quand cela n'apporte rien de plus au message de Jésus dans notre vie de tous les jours. (enfin je pense que cela n'apporte rien, mais je me trompe peut être, je n'y ai pas vraiment réfléchi, c'est une première impression).

Bref, le débat n'est pas nouveau et nous ne réglerons pas le problème au cours de notre entretien,(quoique, qui sait?) mais malgré le fait d'avoir été élevé dans la tradition catholique, je me pose quand même cette question.

Merci de votre patience et du temps que vous nous consacrez.

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Le contexte du débat au concile d’Ephèse est avant tout christologique : il s’agit de l’union hypostatique, c'est-à-dire de l’union de la nature divine et de la nature humaine dans l’unique Personne du Fils de Dieu ? Ayant condamné le nestorianisme (qui niait que le Verbe de Dieu fut le sujet de la réalité humaine en Jésus), le concile a reconnu expressément à la Vierge Marie le titre de théotokos, Mère de Dieu.
Pour notre vie de tous les jours, ce débat nous porte au cœur même de notre foi et de notre espérance : si Dieu s’est réellement fait homme, alors notre nature humaine peut prétendre participer à la vie divine. Du fait même, chaque homme acquiert une dignité suréminente qui force particulièrement notre respect en vertu de ce projet de Dieu sur lui.

Olivier

Message par Olivier »

Cher Père,

Je suis bien d'accord, nous participons à la vie divine, car la Vie est de Dieu et que nous le savons, c'est ce qui donne à l'homme sa dignité.

Mais la question de départ était et Marie?
Elle est mère de Dieu, c'est indéniable, elle est la maman de Jésus, le Fils de Dieu, l'homme qui a su rayonner de l'amour de Dieu pour l'humanité.
Elle est notre mère à tous pour la puissance de son amour tout maternel pour son fils, notre Guide.
Fallait-il qu'à Ephèse les penseurs chrétiens de cette époque, établissent sa virginité comme un dogme, franchement surréaliste ?
L'importance de l'amour de Marie, l'a "choisie" pour être celle qui mettra au monde un homme de Dieu, pour l'éduquer et lui donner les bases du respect d'autrui et de la nature humaine, il deviendra qui l'on sait.

Nous n'avions pas besoin de la virginité de Marie, pour la prier, l'aimer et la reconnaître dans la manifestation vécue de son amour maternel.
Lui laisser sa pureté féminine, j'entends par là l'absence de virginité (car c'est le propre de la condition féminine), rendait sa sainteté et la présence de Dieu bien plus proches des hommes. (me semble-t-il)

Je vais cesser de vous embêter avec ce thème, mais j'aimerais toutefois avoir votre avis sur ma dernière réflexion.

Merci pour votre attention.

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Je crois que nous n’abordons pas le problème sous le même angle : vous vous focalisez sur la condition de Marie, alors que j’aborde les choses du point de vue de l’Enfant qu’elle met au monde.
La virginité à la conception est évidente puisqu’elle ne conçoit pas de Joseph mais de l’Esprit Saint.
Ce qui étonne est plutôt que cette virginité soit sauvegardée à la naissance, ce qui suppose une naissance miraculeuse. Mais quel est le plus grand miracle : qu’une Vierge enfante sans perdre sa virginité ou que le Verbe de Dieu s’incarne ? La virginité ne serait-elle pas au service du plus grand miracle, à savoir l’incarnation, comme attestation de son caractère surnaturel ?
N’entendez pas dans le dogme de la virginité perpétuelle de Marie un mépris de la condition de la féminité ou de la maternité, mais une affirmation christologique, à savoir : cet Enfant n’est pas né selon la simple nature, mais par une intervention divine. Je ne vois pas bien en quoi Marie serait plus proche de nous si elle avait perdu sa virginité : elle est et demeure la Mère de Dieu, et demeurera par le fait même toujours unique, sans que pour autant cela l’éloigne de nous. Bien au contraire : c’est ce qui la rend infiniment proche, puisque c’est par cette maternité divine qu’elle est aussi notre mère.
Oserais-je ajouter que si l’Eglise a dès le début proclamé cette virginité avec assurance, c’est peut être qu’elle se fonde sur le témoignage de Marie elle-même ?

Verrouillé