le péché et la vertu

Verrouillé
paul

le péché et la vertu

Message par paul »

Dieu a-t-il fait exprès de rendre le péché plus attrayant que la vertu ?
Je me suis toujours demandé pourquoi le péché offrait tant d'agrément alors que la vertu est le plus souvent très ennuyeuse.
Personne ne croit que la chasteté soit plus plaisante que la luxure. Il faut être Jean de la Croix ou Thérèse de l'Enfant Jésus pour penser que le jeûne, l'abstinence, la prière, les sacrifices, les privations sont générateurs de joies célestes.
Sans le péché, la vie serait morne, fade, incolore, inodore et sans aucune saveur. Sans le risque permanent du péché et de perdre son âme, une population de saintes et de saints serait sans motivation.
Mais, une fois parvenus au ciel, le but est atteint. Il n'y a pas d'au-delà du ciel. Nous sommes censés y trouver notre bonheur. Mais en quoi consiste le bonheur céleste ?
Une fois ressuscités et placés dans un environnement pasteurisé, stérilisé, où toute tentation a définitivement disparu, la vie doit être mortellement ennuyeuse.
Oui, même la peur de la mort a disparu qui nous incite à vivre plus intensément et sans perdre de temps.
J'imagine le ciel comme le royaume de la paresse.

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Si nous n’avions pas le droit de jouir – dans notre corps, notre âme et notre cœur – Dieu ne nous aurait pas créés capables de jouir !
Mais nous pressentons bien que les différents types de jouissance ne sont pas au même niveau. L’amour charnel (de convoitise) ne prend sa pleine valeur que lorsqu’il est intégré dans un amour d’amitié, lorsqu’il est mis au service d’un véritable dialogue d’amour avec celle ou celui qu’on aime. Et nous pressentons bien que l’amour humain lui-même, ne trouvera sa plénitude que lorsque les amants auront enfin et définitivement dépassé tous les obstacles qui se dressent entre eux et défigurent leur amour.
Le ciel nous permettra de vivre la plénitude de l’amour dont nous rêvons, ou plutôt dont le désir est inscrit au plus profond de nous. Toutes les formes de l’amour y seront intégrés en un amour qui impliquera tout notre être, et cet amour trouvera son accomplissement lorsqu’il sera surélevé par la grâce jusqu’à participer à l’Amour divin lui-même dans l’Esprit.
L’ascèse chrétienne peut effectivement impliquer une part de renoncement, mais ce renoncement porte sur les amours « dévoyés », c'est-à-dire qui sont sortis de la voie qui mène vers cette plénitude. Il ne s’agit donc pas de renoncer à jouir, mais de refuser de se laisser piéger à un niveau inférieur de jouissance, alors que nous sommes appelés à un bonheur infiniment plus comblant.
Sans le péché la vie ne serait ni morne ni fade : celui qui consent à faire (avec l’aide de la grâce) l’effort de dépassement qu’implique toute vie spirituelle, découvre au contraire une richesse nouvelle qu’il ignorait jusque là, et qui ne pouvait se révéler à lui avant qu’il ait renoncé à ce qui le fascinait jusque là.

Verrouillé