avortement

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Vanna

avortement

Message par Vanna »

Bonjour Père,

Que répondre lors de discussions sur l'avortement avec des incroyants ou des catholiques "progressistes", lorsque ceux-ci vous soumettent des cas extrêmes comme: une jeune fille de 15 ans ou plus jeune, violée ou même violée par son père ou son frère et enceinte?
Je réponds toujours que l'on doit faire confiance à la Miséricorde de Dieu qui peut, dans ce cas parfois provoquer une fausse couche naturelle.
Je réponds aussi que la victime et son entourage doivent prier de toutes leurs forces et s'en remettre à Dieu afin de mener à terme l'enfant et le donner par la suite en adoption après un accouchement sous X par exemple.
Mais je sens que je ne convaincs pas mes amis, et moi-même, devant ces cas atroces je me trouve toute petite, bête, sans arguments, et très humble. Eclairez moi SVP mon Père, Merci.

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Nous sommes tous démunis et bouleversés devant ces cas extrêmes, mais il ne faut pas pour autant se laisser dominer par les émotions qui risquent d’aveugler l’intelligence. Je sais que je vais provoquer des réactions violentes : on va me dire « Vous ne pensez pas au droit de cette jeune fille de vivre sa vie, sans être victime des actes pervers de son entourage ! »
Si j’y pense, mais je pense aussi à cet enfant qu’elle porte en son sein, et qui lui non plus n’a pas choisi d’être conçu dans de telles conditions. D’un côté certes il y a la « qualité de vie » de la jeune fille - disons violée, mais de l’autre il y a la « vie tout court » de son enfant.
De plus, nous ne savons pas comment elle va l’assumer : peut-être – si elle est bien entourée – sera-t-elle heureuse d’élever cet enfant et ne sera-t-il pas du tout un obstacle à son propre épanouissement. Que de jeunes filles pourraient en témoigner ! Nous anticipons un avenir que nous ne connaissons pas sur base d’une évaluation a priori de ce que devrait être la qualité de la vie d’une personne.
Ne croyez pas que je minimise le caractère dramatique d’une telle situation ; mais l’enfant qu’elle porte n’en demeure pas moins une promesse de vie.

Vanna

avortement

Message par Vanna »

Cher Père,
Merci de votre réponse, mais si je puis me permettre, elle ne me satisfait pas à 100%.
Bien sûr, il y a beaucoup de jeunes filles qui, bien entourées, sont heureuses une fois le choc passé d'accueillir leur bébé; mais dans le cas précis que je vous ai présenté, il s'agit du fruit d'un inceste: alors une fois l'enfant mené à terme, il posera plus tard des questions sur son père...
Vous ne me parlez pas non plus de la "solution" ultime d'un éventuel l'accouchement sous X. Et puis mon père, comment, vraiment comment, une jeune fille, presque qu'une enfant ne peut -elle pas avoir la nausée en sachant que cet enfant est l'enfant de son père ou de son frère... Enfin, ce sont plein de questions que j'essaie bien sûr d'immaginer avec ma personnalité propre et donc subjectives, mais elles n'en restent pas moins des questions cruciales. Bien sûr, je suis totalement avec vous lorsqu'il s'agit à tous prix de préserver la vie de cet enfant.
Merci encore, Père, et veuillez excuser mon insistance.

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Ne vous excusez pas : ce sont des problèmes tellement cruciaux et devant lesquels nous sommes tellement démunis ! Mais ne croyez pas que je parle en « théoricien », répétant ce que j’ai lu dans les livres : j’accompagne pour le moment un cas d’inceste fécond, où la mère a poussé sa fille à avorter. Cette femme a maintenant bientôt trente ans, et elle ne parvient pas à sortir de la culpabilité de cet acte. Si c’était à refaire, jamais elle ne recommencerait. Bien sûr elle en veut à tout le monde : au « père », mais aussi à sa mère qui l’a selon elle mal conseillée. Sa détresse est immense, comme celle de la plupart des femmes ayant avorté, du moins du jour où elles laissent parler leur conscience.
Je n’ai pas répondu à la question de l’accouchement sous X, parce que je m’en tenais au fait même de l’avortement en cas de perversion subie. Mais il me semble effectivement que cela peut être une solution. Sans pour autant généraliser, car chaque cas de figure est différent : il me semble qu’il faut chercher à chaque fois la moins mauvaise solution en fonction des circonstances.

Julien

accouchement sous X

Message par Julien »

je ne sais pas si ces thèmes sont sur-représentés à la télé, mais j'ai vu récemment une émission au cours de laquelle plusieurs femmes témoignaient. Une surtout, la quarantaine, racontait comment elle était tombée enceinte alors qu'elle était encore mineure (17-18 ans). Son père l'a envoyée dans un établissement médical à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux, et elle fut obligée d'accoucher sous X.
Aujourd'hui, cette femme en veut à son père pour l'avoir séparée de son enfant. Elle lui en a toujours voulu. Pourtant son père voulait sans doute son bien: qu'elle ne soit pas 'encombrée' d'un enfant à l'âge où elle commence à peine ses études et sa vie d'adulte. A présent, elle recherche ardemment son enfant.
L'accouchement sous X me paraît une bonne solution aux femmes qui ne souhaitent pas, ou qui ne peuvent pas garder l'enfant. Même si elles n'obtiennent pas de réponses 20 ans plus tard, c'est impressionnant de voir, dans les reportages, l'amour qu'elles ressentent pour l'enfant qu'elles n'ont pu voir grandir.
Dans le cadre de l'IVG, tout cela n'existe pas. La jeune fille peut également avoir été obligée par son entourage, ceci pour ne pas porter "préjudice" à sa jeunesse. Elle peut même ignorer la perte de cet enfant. Mais, une fois devenue adulte, elle ne pourra plus jamais essayer de renouer contact. Elle ne pourra plus espérer revoir son enfant. Elle devra vivre avec une souffrance beaucoup plus terrible que sa voisine qui avait dû consentir à l'abandon, et qui pleine d'espoir et d'amour laisse à présent une lettre dans le dossier de l'enfant... peut-être voudra-t-il un jour connaître ses orgines et même rencontrer sa mère biologique...
Certes, je suis un homme, et mon avis ne pourra jamais valoir le témoignage d'une femme qui vit ce problème dans sa chair. J'invite cependant tous les hommes à ne pas laisser tomber leurs chères moitiés. Parce que, au départ, tous ces problèmes d'accouchement sous X ou d'avortement naissent d'une relation à 2, et ce n'est pas parce que les femmes mettent les enfants au monde qu'elles doivent se débrouiller toutes seules. Les hommes aussi doivent assumer leurs responsabilités. Que Dieu aident les uns et les autres à faire le bien.

Verrouillé