réflexion philosophique sur l'avortement

Verrouillé
Bertrand G.

réflexion philosophique sur l'avortement

Message par Bertrand G. »

Mon Père,

Je développe ici les arguments philosophiques dont je vous ai parlé dans mon précédent message.

En réfléchissant sur la question avec des amis catholiques j'ai appris deux choses:
1 — le développement de l'embryon est tout-à-fait continu; aucun moment du rupture, aucun saut qui permettrait de dire qu'à un moment il change de nature.
2 — aucun apport à un moment d'une substance extérieure qui pourrait impliquer la même conclusion.

Donc on est face à deux problèmes, le développement étant continu on ne peut fixer une date où l'embryon deviendrait humain et dès lors le principe de précaution devrait nous conduire à admettre notre impuissance à dater et donc à pratiquer l'avortement.
Plus philosophiquement si le développement est continu il me semble qu'on est forcé d'amettre que dès la conception l'embryon est humain.

Ces arguments me semblent en accord avec ceux de la théologie révélée, j'aimerais savoir s'ils vous semblent convaincants.

En communion de prière.

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Votre raisonnement est tout à fait pertinent, et croyez bien que tous ceux qui réfléchissent à la question le reconnaissent. Bien plus, la Charte des Droits de l’Homme garantit le droit à la vie de tout homme, c'est-à-dire de l’être humain sans autre précision ; or l’être humain est biologiquement défini dès la fusion des gamètes. Comme vous le soulignez, il n’y a pas de rupture dans l’évolution intra-utérine qui justifierait de passer d’un état « pré humain » à un état « humain » ; même la naissance n’est pas à proprement parler une telle rupture, mais plutôt un passage vers une plus grande autonomie et la mise en action d’organes préparés à cet effet dans le ventre de la maman (je pense entre autres aux poumons). Quant à la réflexion philosophique, le débat tourne en général sur la capacité relationnelle de l’enfant, plus précisément sa responsabilité personnelle. Mais en général on ne s’aventure pas trop loin dans cette direction, car il est tout à fait inconvenant d’imaginer qu’on puisse pratiquer l’avortement sur un enfant de moins de deux ans sous prétexte que sa conscience morale n’est pas encore pleinement actuée, et que dès lors il ne serait pas une « personne » au sens philosophique du terme.
L’embryon est effectivement humain dès sa conception ; et si rien ne vient l’en empêcher, il deviendra pleinement homme en actualisant progressivement toutes les potentialités qui sont inscrites en lui. Nul besoin d’autre chose que l’énergie indispensable (sous forme de nourriture) pour faire ce prodigieux travail de déploiement de tout ce qui est déjà en germe en lui et qui n’aspire qu’à vivre.

louison

Re: réflexion philosophique sur l'avortement

Message par louison »

Bertrand G. a écrit : le développement étant continu on ne peut fixer une date où l'embryon deviendrait humain et dès lors le principe de précaution devrait nous conduire à admettre notre impuissance à dater et donc à pratiquer l'avortement.
Plus philosophiquement si le développement est continu il me semble qu'on est forcé d'amettre que dès la conception l'embryon est humain.
Il me semble que la question que se posait St Thomas d'Aquin : "Quand est-ce que l'âme humaine apparaît ?" est rendue caduque aujourd'hui, puisque la science moderne nous informe que tout le patrimoine génétique qui va déterminer l'évolution ultérieure de l'embryon humain est présent DES L'INSTANT DE LA CONCEPTION, c'est-à-dire dès la fécondation de l'ovule par le spermatozoïde. Voilà selon moi quel est l'argument majeur qui justifie la nécessité de respecter et de protéger l'embryon humain dans le sein de sa mère A QUELQUE STADE DE DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE QUE CE SOIT.
J'ai encore lu dans un numéro de La Recherche un article d'Anne Fayot-largeault qui reprenait la question de Thomas d'Aquin ! Cette question est complètement caduque aujourd'hui, il me semble ? Je me trompe ?

P. Joseph-Marie
Messages : 1327
Enregistré le : 5 sept. 2003

Message par P. Joseph-Marie »

Saint Thomas se situe sur l’horizon de la théorie aristotélicienne de l’âme, et considère qu’avant de recevoir une âme rationnelle (âme spécifiquement humaine), le fœtus reçoit d’abord une âme végétative, puis une âme sensitive. Cela conduit Saint Thomas à reculer de quelques jours l’animation spécifiquement humaine du fœtus. L’Eglise n’a jamais retenu cette hypothèse et a toujours maintenu le principe d’une animation par l’âme rationnelle dès le premier moment de la conception, c'est-à-dire dès la fécondation de l’ovule.
Saint Thomas se situe au niveau philosophique, et pas au niveau biologique : même si le patrimoine génétique est complet dès le moment de la fécondation, on pourrait néanmoins imaginer que cet œuf fécondé soit animé d’abord par un premier principe vital, qui serait plus tard remplacé par un autre, avant de recevoir le principe définitif (l’âme rationnelle) ; cette évolution se faisant à mesure que les exigences d’un développement de plus en plus spécifiquement humain se font ressentir. Voilà pourquoi la discussion reste théoriquement ouverte, même si pour le croyant elle n’a plus lieu d’être étant donné que l’Eglise s’est prononcée.

louison

avortement, euthanasie

Message par louison »

Et oui, J.P II il a dit : "L'avortement, l'Euthanasie : meurtres réels de véritables êtres humains." :?

Verrouillé