prophétisme et channelling

Verrouillé
François Gilles

prophétisme et channelling

Message par François Gilles »

Dieu peut révéler l'avenir à ses prophètes ou à d'autres saints. (CEC no2115)

Comment faire la distinction entre un prophète et un médium qui dit recevoir par channelling ses messages directement de Jésus? Quelle différence fondamentale dans le procédé, (liberté de la personne, etc.) peut-on évoquer pour expliquer pourquoi le christianisme et le judaïsme réprouve le médium et accepte le prophète?

(une réponse rapide et complète serait appréciée car mes amis, en ce moment, sont en contact avec un médium, disant faire du channelling avec Jésus. Merci pour tout)

P. Joseph-Marie

Re: prophétisme et channelling

Message par P. Joseph-Marie »

La réponse la plus élémentaire – mais ce n’est pas celle que vous attendez – consiste à dire que le médium est « inspiré » par un esprit (démoniaque) alors que le prophète parle au nom d’un Autre, à savoir Dieu, qui l’inspire par l’Esprit Saint.
Je ne crois pas que ce soit la réponse que vous demandez car vous semblez plutôt chercher des critères de différenciation. J’ajouterai donc que la prophétie est classée par Saint Paul parmi les charismes, ministères transitoires proposés à la liberté de certains membres de la communauté pour l’édification de celle-ci. Les charismes sont toujours soumis à la volonté de celui qui les exerce, comme ils doivent être également soumis au discernement de celui qui dirige l’assemblée. Ce discernement se fera sur base des fruits de conversion que portent les messages prophétiques. Conversion du prophète et conversion de ceux qui reçoivent ses messages. Ce qui exige en général un certain temps.
Certes l’issue du discernement ne peut se faire attendre trop longtemps, mais dans bien des cas, l’Eglise a néanmoins pris tout son temps avant de se prononcer. Je pense au Saint Padre Pio, qui eut beaucoup à souffrir de la mise au banc de sa propre communauté, suite aux phénomènes charismatiques particulièrement importants dont il était bénéficiaire (dont celui de prophétie).
L’hostilité du judaïsme et du christianisme à toutes formes de médiumnité, réside dans la conviction qu’elles sont l’œuvre des esprits trompeurs, c'est-à-dire du Démon et de ses sbires. La défiance est telle que bien des prophètes ont eu à souffrir de la suspicion qui entourait leur ministère : pensez à Jérémie, Ezéchiel, et tant d’autres. Ce n’est souvent qu’en prenant une certaine distance que l’on parvient à discerner le vrai prophète de sa « réplique d’en-bas », le médium. La plus grande prudence est donc de rigueur.
Un critère sûr est la perte de liberté du médium lorsqu'elle est "saisie" par l'esprit, qui parle ou agit à travers elle. Dieu nous respecte trop pour nous "utiliser" comme des hauts parleurs ou de simples instruments (écriture automatique par exemple) : ce ne sont pas les « mœurs » de Dieu, qui traite ses enfants avec beaucoup plus de déférence. L'inspiration authentique est bien d'avantage une synergie entre la nature et la grâce, qu'une possession de l'homme par un esprit étranger.

Florian

Re: prophétisme et channelling

Message par Florian »

Pensez vous que l'on puisse être un peu les deux à la fois.

Expliquation, par exemple il y a des années, j'avais rencontré un croyant médium qui m'avait prédit que je rencontrerais tel personne que se serrait bien pour mon "évolution" spirituelle -je savais même pas ce qu'était "spirituel"-.
A l'époque je cherchais Dieu, convaincu de son existence, mais je ne le connaissait pas vraiment, je n'avait pas rencontré clairement le Seigneur Jésus.

En parrallèle le même médium m'avait encouragé, le même jour, a faire " un pelrinage" ou plutôt a visiter le Mont St Michel, car c'était "trés interessant".
Et se fut pour moi une des étape "forte" de ma conversion, sur le chemin du Seigneur Jésus, que de visiter le Mont St Michel et de parler avec un frère la bas.

Environ un an après, j'ai rencontré l'homme dont le médium m'avait semble t il parlé et a l'endroit précis ( un lieu saint qui plus est ) de sa prédiction et ça m'a fait tomber dans le piège, car camouflé sous un dehors de croyant, ce mystérieux "maitre spirituel" était un occultiste virulent; ce fut "un enfer", enfin quelque chose de pas agréable a vivre.

Verdict, le médium: inspiré par le démon et parfois par l'Esprit ou un ange?
Le Seigneur qui se sert de ce mal pour faire sortir un bien meilleur ?
Ou manipulation tellement profonde que je n'en ai pas encore compris toutes les subtilités ?

Enfin je cherche pas a rivaliser de subtilité avec les démons, ils sont certainnement beaucoup plus "malins" que nous - sinon nous, humains, aurrions, de nous même, réglé ce problème depuis longtemps ( c'est à la mode de vouloir tout régler par nous même) -.
Dieu est omniscient, omnipotent et qui veut notre bien...

Bref, il vaut mieux s'écarter des prédictions et des bons conseils des inconnus ou des faux prophètes : )

Florian

P. Joseph-Marie

Re: prophétisme et channelling

Message par P. Joseph-Marie »

Il y a toujours beaucoup de médiums en quête d’ « énergies subtiles » dans les lieux de pèlerinage, dans les grandes cathédrales, voire près des chasses des saints, pour « capter leurs radiations bénéfiques »…
Il y a sans doute une part d’autosuggestion dans ce comportement, une part de superstition, et qui sait : peut-être une part de vérité ? Il est vrai par exemple qu’un certain nombre d’édifices religieux ont été construits sur d’anciens sites païens (c’était souvent le seul moyen de mettre fin aux cultes qui s’y pratiquaient) dont l’emplacement avait été choisi en fonction de ces fameux « courants telluriques » (dont il faut bien avouer que nous ne savons pas grand-chose, du moins d’objectif). Il est incontestable que l’architecture romane a une action apaisante, que l’on peut apprécier sans être médium. Allez donc discerner dans cet effet la part de la grâce et la part de ce qu’on appelle les « ondes de formes », c'est-à-dire l’influence de l’harmonie d’ensemble d’un édifice ou d’un objet ? Encore une fois : nous savons très peu de choses de ces domaines dits « subtils », qui deviennent dès lors le domaine de prédilection aussi bien des charlatans que des occultistes. Dommage que la science ne s’intéresse pas davantage à ces questions.

aymeric

Rois Mages

Message par aymeric »

Cette discussion me fait penser à une reflexion que je me fais souvent, dont j'aimerais savoir si elle a un sens. En effet ne peut on pas dire que les Rois Mages étaient des médiums, newagers de l'an O, qui auraient eu la révélation de suivre cette étoile qui les méneraient à un roi durant une séance médiuminique? Ne pourrait-on pas voir dans ce passage des Ecritures un enseignement pour notre temps, passer du sensible et de la sécurité intellectuelle et spirituelle qu'offre les pouvoirs de médium à l'épreuve de la foi qui demande de nous agenouiller devant un bébé qui en plus est Dieu!?

Merci de guider voire de corriger ma réflexion.

P. Joseph-Marie

Re: Rois Mages

Message par P. Joseph-Marie »

Selon Hérodote, les trois personnages venus d’Orient étaient originellement une tribu Mède qui devint une caste sacerdotale chez les Perses. C’est la tradition latine qui fera de ces mages des rois, au nombre de trois en fonction du nombre de cadeaux offerts, et un manuscrit parisien du 6ème siècle précisera même leur nom - Gaspar, Melchior et Balthasar. L’iconographie leur donnera des couleurs de peau différentes, pour exprimer le caractère universel de leur visite.
Ces mages donc suivent une étoile. Selon une antique croyance, présente même en Israël, la naissance des grands hommes était marquée par l’apparition d’un astre ; ainsi un midrash raconte comment des astrologues annoncèrent au roi la naissance d’Abraham par l’apparition d’une étoile. Ajoutons qu’à l’époque, les astres étaient considérés comme des êtres animés de nature supérieure : des divinités pour les païens, des serviteurs et messagers de Dieu pour les Juifs et les premiers chrétiens. L’étoile des mages pourrait donc fort bien être le pendant des Anges qui annoncent la Bonne Nouvelle aux bergers de Bethléem. Lorsque le Verbe se fait chair, le Père lance des invitations : les bergers de la campagne de Bethléem et les mages d’Orient on reçu un carton spécial. Dans les deux cas, Anges et étoile signifient que la Providence guide l’homme de bonne volonté, quelle que soit sa condition sociale ou culturelle, dans sa recherche du Dieu véritable.
Il y a un antécédent intéressant dans la Bible auquel Matthieu fait probablement allusion à travers son récit : nous lisons au chapitre 24 du livre des Nombres, comment Balaq, roi de Moab, inquiet devant les tribus d’Israël qui traversent son territoire, invite un mage, Balaam, à leur jeter une malédiction. Or cet étranger est tout au contraire obligé par Dieu de bénir le peuple ; il annonce même prophétiquement : « Je le vois mais non pour maintenant, je l'aperçois mais non de près : un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d'Israël (Nb 24, 17) ». L’astre est associé au Roi-Messie qui doit venir, et Jésus lui-même déclarera dans l’Apocalypse : « Je suis le rejeton de la race de David, l'Étoile radieuse du matin (Apoc 22, 16) ».
Toute cette explication tend à montrer qu’il faut interpréter l’événement de la visite des Mages dans le contexte de l’Evangile où il apparaît et dans les catégories qui étaient celles de son auteur et de son époque. Sans quoi nous risquons de faire des contresens en projetant sur le passé des problématiques actuelles qui n’ont rien à voir avec l’intentionnalité du texte.

Verrouillé