dialoguer avec Dieu

[P. Joseph-Marie]

Personnellement votre question ne m'avait pas choquée. Elle me semble légitime, et en même temps, je suis sûr que vous comprenez aussi qu'il peut y avoir un certain exhibitionnisme à se montrer en prière devant tous. N'oublions pas que la prière est un dialogue intime d'amour avec Dieu. Je ne vois pas très bien comment concilier cela avec la place publique...
Je crois qu'il faut distinguer prière personnelle, par définition intime; et prière communautaire, par définition publique.
A quoi il faut ajouter une prière à la fois personnelle et communautaire: celle à laquelle je faisais allusion dans mon mail précédent: du type :Renouveau charismatique.

Père Joseph-Marie Verlinde

[P. Joseph-Marie]

Il me semble que le dépouillement d'une part, et le faste des cérémonies de l'autre, sont éloquents chacun dans leur régistre.
Un certain dépouillement nous renvoie vers l'intériorité, car le manque de support extérieur invite à rentrer en soi.
Mais il est vrai aussi qu'il ne faut pas oublier l'"homo religiosus" que nous sommes. Je veux dire qu'un dévotion privée de toute expression liturgique, risque fort de se déssecher. Nous avons besoin d'exprimer notre amour et notre dévotion par la beauté du geste, du rite, du chant, par la richesse du decorum. Toutes les traditions religieuses éprouvent ce besoin, car il s'agit de quelque chose de profondément humain. Nous sommes là au-delà des préférences et des goûts: nous sommes à un niveau anthropologique.
Peut-être un appauvrissement excessif de nos liturgies a-t-il favorisé la recherche du côté du bouddhisme. J'ai reçu le témoignage de personnes reconnaissant que ce qui les a attirées dans les religions orientales, ce sont les célébrations liturgiques avec "couleur, odeur et son"!
Sans doute tout est-il encore une fois dans la mesure, et le respect des légitimes différences. Les lliturgies orthodoxes ont gardé un faste et une splendeur qui leur est propre et que personne ne contestera. Pourquoi ne pas tolérer ces différences également au sein de l'Eglise catholique ?

Père Joseph-Marie Verlinde

[Philippe]

Bonsoir Yves

Je viens de lire ta prose sur le dialogue avec Dieu qui au deumerant me semble pourvue d'une agressivité un peu génante envers le Père Verlinde
Je pense que tu te plantes sur pas mal de points sur le Dialogue avec Dieu
Tout d'abord permets moi de te dire que ce dialogue est fait de ce que tu y mets à l'interieur.
Dieu est en tous les instants en dialogue avec toi . Tu parles d'un pote et moi je parle d'un Super Pote qui est sans cesse à ton écoute et attentif à ce qui peu être Bon pour Toi et à ce qu'il peut t'apporter

T'es tu déjà amusé à lui parler, à lui demander quelque chose ?
Bien sûr si tu lui demandes de te faire gagner au loto tu te trompes (Personnellment
je ne pense pas que Allah ni Boudah ni quelques divinités ne te donne satisfaction)
Mais si tu lui demandes en douceur sans agressivité avec une grande confiance de t'aider à quelque chose qui t'est cher dans ta vie et bon pour toi et ton entourage tu verras qu'il te répondra
Peut être pas en te parlant comme je suis entrain de le faire, avec un Email, mais à sa façon, Gràce à des signes qui ,petit à petit, si tu es observateur te seront de plus en plus perceptibles et te deviendront familiers
Et plus tard quand tu auras pris l'habitude de
(créer des liens) oraux avec lui tu te diras que c'est vachement fastoche de parler avec
cet Etre inconnu que surtout pas l'agressivité te fera "rencontrer"
Ne te fais pas plus méchant que tu n'es .

Lis plutot un passage de 1 cor 13 et tu verras
que Protestants Cathos Islamistes Indous etc....cherchent tous le dialogue avec DIEU

Salut Mon pote et à te lire

[yves Bertrand]

Alors qu'il y a 20 millions de sidéens en Afrique, dont un nombre exorbitant d'enfants et de femes, je trouverais indécent de demander quoi que ce soit à Dieu pour moi-même. Il y a des urgences plus grandes que mes problèmes personnels. Je voudrais que, dans le grand cahos actuel de notre terre, Dieu sorte de son silence et dise d'une voix toniturante; " Assez!
En voilà assez! Je ne supporte plus vos haines ni les persécutions, ni les violences que vous ne cessez de vous faire les uns aux autres.
Je ne veux plus que l'on tue. Ni l'enfant de l'animal. Ni l'enfant de l'homme. Ni l'enfant de Dieu.
Ce n'est pas par le sang des sacrifices que j'ai souhaité vous réconcilier les uns les autres, ni réconcilier l'humanité avec moi, mais par la Parole. "La chair et le sang ne peuvent rien mais l'esprit, donc le Verbe, peut tout", y compris changer l'eau en vin, le jour des noces de Cana. Comme il peut aussi changer le sang en vin afin que le crime du Golgotha n'ait pas lieu."

[yves Bertrand]

Ce Dieu pote ou hyperpote ne m'intéresse pas. Je ne cherche pas un dieu copain, un brave type pour lui taper sur le ventre. Je ne cherche pas à déchiffrer des signes mais j'attends des paroles. Des mots écrits et prononcés dans une langue claire, Intelligible par tous. Je préfère au Dieu que tu me proposes le Dieu de la Bible, grandiose et souverain, acteur de l'histoire humaine, quui participe créativement à la vie de son peuple. Ce Dieu-là, faiseur de l'histoire, agit sur le monde.Il a une dimension politique souveraine. Il fait et défait les nations. Il punit les méchants et glorifie les bons. C'est ce même Dieu dont parle encore Bossuet qui a disparu et a été remplacé par un Dieu intime, amateur d'âmes, qui ne m'intéresse pas. Il y a des problèmes urgents à résoudre aujourd'hui comme hier et ce n'est pas par la mystique et l'amour de soi que nous les résoudrons.

[Sylviane]

Bonjour Yves,

C'est intéressant cette option que vous nous présentez. Cela corrobore d'ailleurs plusieurs témoignages d'autres personnes qui disent que la relation à Dieu est personnelle. Vous aimez cette dimension "glorieuse" de Dieu...pourquoi pas ? Tandis qu'une autre personne s'adressera à lui comme un ami...pourquoi pas aussi. Je crois que toutes ces dimensions existent. Vous opposez également "action dans le monde" et "action sur soi" et là par contre, je ne vous suis pas... Il est clair que les deux ne sont pas antagonistes et qu'une action dans le monde sans "conscience" peut être une piètre action...

A propos d'amour de soi, oui je pense que l'amour de soi conduit à l'amour des autres. pas amour de soi dans le sens d'un narcissisme stérile mais plutôt comme une acceptation, en profondeur, de ce que l'on est et qui conduit d'ailleurs à accepter les autres.

Plus vous rejettez en vous vos zones d'ombres, vos imperfections, fragilités, faiblesses plus vous êtes tentés de les projetter à l'extérieur de vous et penser que ce sont les autres qui sont ainsi et pas vous...

Ce peut même être un phénomène à l'échelle collective où toute une nation, incapable d'introspection, se cherche un bouc émissaire dès qu'une difficulté survient : le juif, le tzigane, le Tutsi ou que sais-je encore... Aimer même ses zones d'ombre...les accepter dans un premier temps pour ensuite les transformer. Le pardon peut-il vraiment être donné, complètement, profondément...sin on n'est pas d'abord passé par une phse de reconnaissance avant : reconnaître qu'on a été blessé (par une parole, par un acte), reconnaître la colère ou la tristesse que cela a soulevé en nous, peut-être même verbaliser ces émotions...ensuite, oui, viens le pardon...Mais un pardon uniquement dicté par un précepte extérieur et pas vécu en profondeur, est-il vraiment un pardon ? Pardon de surface dont le "vernis" est prêt à craqueler à la moindre occasion...

Je crois donc que l'intériorisation, la "mystique" comme vous dites (je ne vois pas bien le rapport mais enfin, bon...) sont également un chemin pour une action plus juste dans le monde. Aimer son frère comme soi-même...

Sylviane

[yves Bertrand]

Cette nuit, par hasard, j'ai vu des images d'enfants africains squelettiques. Ce sont des visions insupportables de la misère. Qui sommes-nous, nous autres, les bien nourris de la planète par raport à ce scandale? Je ne nie pas l'importance de l'intériorité mais je me demande si nous n'accordons pas trop d'importance à cette vie intérieure, oubliant complètement la dimension "politique " du Dieu, acteur de l'aventure humaine globale. Chacun de nous se prend pour la Terre Promise et imagine que Dieu vient planter sa tente dans sa
petite oasis personnelle. C'est confortable, sympathique, c'est doux d'abriter Dieu chez soi et de vivre en amitié avec Lui. Mais ces enfants, réduits à l'état de morts-vivants où les mettons-nous? Je pense qu'avant de parler de résurrection, il y a urgence à les sauver de la mort. Il y a même une urgence plus grande que de les sauver du péché originel. Il sera toujours temps d'aller au ciel. Pour l'heure, l'urgence c'est de rendre à ces enfants le droit de vivre sur la terre humainement. Ce n'est pas leur âme qui est en danger mais leur corps. Ce n'est pas du sang du Christ dont ils ont besoin mais de riz.
Si nous ne les sauvons pas de la mort ici-bas nous leur aurons volé leur existence terrestre. Comment un enfant devient-il un ange s'il n'a pas eu le droit d'être un homme? Même Dieu a cru devoir se faire homme pour pouvoir régner dans les cieux. C'est sans doute que, même pour un Dieu, la vie sur terre possède un prix inestimable.