Saints

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

La transfiguration, ou la sanctification est commencée dès que l’Esprit Saint descend sur nous, c'est-à-dire à notre baptême. Chaque fois que nous communions au Corps et au Sang du Christ, nous sommes incorporés dans le corps glorieux de celui que nous incorporons sous les espèces du pain et du vin. Mais il n’en reste pas moins qu’en raison du péché des origines dont nous avons hérité, notre corps connaîtra la mort : « Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie s'il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps à venir, mais un simple grain. Ainsi en va-t-il de la résurrection des morts : on est semé dans la corruption, on ressuscite dans l'incorruptibilité ; on est semé dans l'ignominie, on ressuscite dans la gloire ; on est semé dans la faiblesse, on ressuscite dans la force ; on est semé corps psychique, on ressuscite corps spirituel » (I Co 15, 36-44). Voilà pourquoi je ne donne pas plus d’importance à la conservation du corps des saints que celle d’un simple signe. Car tous les saints – sauf Marie qui a été préservée du péché des origines – ressusciteront dans un nouveau corps (glorieux) et non dans leur corps charnel réanimé voire glorifié. La continuité sera assurée par l’âme, qui est (comme nous le disions dans la réponse à une autre question sur le forum) la forme du corps mortel et qui sera la forme du corps de gloire, après avoir été elle-même trans-formée par l’Esprit Saint. Ainsi donc, la transfiguration qui est déjà commencée est celle de notre âme spirituelle ; ce processus s’accomplira à la résurrection lorsque nous serons pourvus de notre corps de gloire.

Invité

Message par Invité »

Père Verlinde a écrit : La continuité sera assurée par l’âme, qui est (comme nous le disions dans la réponse à une autre question sur le forum) la forme du corps mortel et qui sera la forme du corps de gloire, après avoir été elle-même trans-formée par l’Esprit Saint. Ainsi donc, la transfiguration qui est déjà commencée est celle de notre âme spirituelle ; ce processus s’accomplira à la résurrection lorsque nous serons pourvus de notre corps de gloire.

Est-ce à dire Père que notre cheminement spirituel sur cette terre "façonne" notre futur corps de gloire, en union avec l'Esprit saint ? Ainsi tous nos libres actes d'abandon et d'amour offert au Seigneur en faveur de nos frères, tous ces actes qui nous transforment de l'intérieur et nous dépouillent de nous-même contribuent-ils à notre futur forme (je n'ose employer le mot "apparence" mais peut-on le dire ainsi ?). Peut-on dire que plus nous nous décentrons de nous-même durant notre pélerinage terrestre, plus nous nous détachons de notre propre matérialité pour l'amour et le service du prochain, alors plus la gloire du Christ irradiera dans notre corps spirituel ? Peut-on dire que notre visage futur portera l'empreinte visible de la dilatation de notre coeur ici bas ?

Pardonnez-moi si j'utilise des mots maladroits ou trop humains...

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

Oh non vos mots ne sont pas maladroits : ils sont merveilleux ! Je jubile… et consonne !!! Merci !

anne rose

Message par anne rose »

magnifique en effet l'intervention de notre invitée... On comprend bien en effet comment la vie éternelle a commencé ici bas et n'est pas une vague chimère...

Hélène Bourgeois
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Enregistré le : mar. 30 sept. 2003 13:16

Message par Hélène Bourgeois »

Je propose à votre lecture, pour approfondir la si belle réponse qui fait jubiler le père Joseph-Marie :) (et moi aussi d'ailleurs !), si vous êtes capable de mettre la main sur le numéro hors série de la revue Vives Flammes "Ressusciter d'entre les morts" (Septembre 2004 aux Éditions du Carmel). Le père Max Huot de Longchamp fait un très bel exposé sur le sujet qui nous intéresse : la vie éternelle...qui commence dès ici bas.

Pour vous donner un avant goût :

"Le point de départ d'une vie chrétienne n'est pas une vague promesse de résurrection, mais l'affirmation que nous sommes déjà ressuscités: ce petit ouvrage est pour donner toute sa force à cette vérité première.

Il montre en même temps que la vie spirituelle du chrétien n'est autre que l'expansion de cette résurrection dans l'accueil du Christ, "premier-né d'entre les morts".

Regarder la mort comme l'accomplissement de nos espérances, c'est ce que le christianisme nous enseigne le plus clairement et le plus fortement, et c'est néanmoins ce que nous ignorons comme si nous n'avions jamais été chrétiens. (Fénélon) Retrouver le sens chrétien de la mort, telle est l'ambition de ces pages."

nathalie

Message par nathalie »

Je vous remercie tous pour vos paroles qui m’encouragent beaucoup.
J’avais aussi une question sur le corps de gloire, l’autre forum était peut-être plus approprié, mais comme nos échanges s’y prêtent, je la pose ici :

Entre sa résurrection et son ascension, le Christ apparaît d’abord à Marie-Madeleine puis Il se montre à ses disciples (« huit jours après » nous dit Saint Jean, le huitième jour).
Ni Marie Madeleine, ni les disciples sur la route d’Emmaüs ne Le reconnaissent de prime abord. Mais ils ne semblent pas non éblouis par le rayonnement du corps de Notre Seigneur comme le furent Pierre et Jean lors de la Transfiguration. Et pourtant Jésus est dans la plénitude de son corps de gloire. A lire les réactions des disciples c’est un peu comme si le corps spirituel de Jésus avait conservé une apparence terrestre, et somme toute ordinaire (un jardinier, un voyageur…).

Luc (24, 16) "Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître".

Et par la suite:
Luc (24, 37) "Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit".

Ici par ses qualités surnaturelles, le corps glorieux du Seigneur provoque l’affolement. Jésus les rassure et les écarte de l’erreur en prenant avec eux nourriture et boisson. Il mange dans sa nature glorieuse. Son corps est palpable. Ce n’est pas un fantôme.

St. Augustin : " Après la résurrection, notre Sauveur a eu une chair spirituelle, quoique véritable ; il a pris avec ses disciples de la nourriture et de la boisson, non par nécessité, mais en vertu du pouvoir qu'il avait de le faire.

Après cette longue introduction voici ma question Père : Pourquoi les disciples était-ils empêchés de reconnaître Jésus ? Est-ce parce que leur cœur n’était pas encore disposé à « voir » la réalité de la résurrection de Notre Seigneur et qu’il a fallu que « des écailles leur tombent des yeux » (je repense à l’éblouissement de la conversion de Saint Paul).

Ou bien est-ce parce que le corps glorieux possède (justement en vertu de sa Gloire) la propriété d’apparaître et de disparaître, de se voiler et de se révéler, de s’opacifier et de rayonner, de se modifier à volonté, et que dans son amour et sa tendresse on peut supposer que Notre Seigneur ait voulu prendre l’apparence qui convenait à mesure de l’éclaircissement de son admirable mystère dans la conscience de ses disciples (et de Marie-Madeleine bien sur).

Encore mille mercis pour vos réponses pleines de sagesse. Vous êtes un phare pour nous !

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

N’est-ce pas la vocation de tout chrétien : mettre la lampe de l’Evangile sur le lampadaire de manière à ce qu’elle soit visible par tous ? En ces jours où la mer est déchaînée, on peut effectivement comparer ce ministère à un « phare » ; à condition de se souvenir que la lumière vient d’un Autre que le pauvre Joseph-Marie !
Revenons à votre question : il est frappant de constater que tous les récits des apparitions du Ressuscité font mention de cette hésitation de la part de ceux qui en sont bénéficiaire. Avouez que, à vue humaine de « marketing », ce n’est pas très fin de la part des évangélistes de rapporter le doute des témoins, alors qu’ils mentionnent ces récits pour convaincre leurs auditeurs de la réalité de la Résurrection ! Il faut donc que pour eux se soit particulièrement important. En effet, Jésus est bien le même (ils finissent par le reconnaître, ou plutôt il se fait reconnaître), et en même temps il est « autre ». La résurrection n’est pas la simple réanimation d’un cadavre, mais l’irruption de la vie nouvelle, l’irruption du Royaume qui ne passera pas, du Règne de Dieu sur toute chair, à commencer par celle du Fils de l’homme, cette chair qu’il a reçue de la Vierge Marie, et qui se trouve totalement spiritualisée. Désormais, ce n’est plus l’esprit qui est tributaire du corps (souvenez-vous combien notre activité psychique et spirituelle dépend de notre état physique !), mais le corps qui est totalement soumis à l’esprit. Jésus se fait voir où il veut, quand il veut et comme il veut, sous les traits qu’il veut. Bientôt Marie le rejoindra avec son corps spiritualisé dans la gloire et participera à cette étonnante capacité : Notre Dame se fait voir par Bernadette comme une jeune fille des Pyrénées, et en Guadeloupe comme une mexicaine au teint basané ! Jésus se fait voir à Marguerite-Marie dans une luminosité disons tout à fait « normale », puis lui montre son Cœur éblouissant de lumière. Nous pourrions ainsi multiplier les exemples qui attestent cette parfaite domination de l’Esprit sur le corps de gloire par lequel Notre-Seigneur ou Notre Dame peuvent se faire voir selon qu’il leur semble le mieux en fonction du message qu’ils viennent délivrer.

Verrouillé