Bonjour,
Loin de moi l'idée de juger en quoi que ce soit l'expérience du Père Verlinde.
Mais pourquoi, en partant d'une expérience malheureuse en Méditation Transcendantale, méthode notoirement liée à des groupes sectaires, généraliser quant aux spiritualités indiennes ? Quel rapport réel y a-t-il entre les élucubrations de la MT et la spiritualité des Védas, des Upanishads, de la Bhagavad-GÎta ? Accepterait-on que soit ridiculisée l'eschatologie chrétienne en prenant pour seule référence la foi fondamentaliste des mormons ou des Témoins de Jéhovah ?
Pourquoi toujours laisser entendre que l'Inde verse uniformémént dans l'impersonnel divin alors que nombreux sont les courants dévotionnels qui aspirent non à une identification indifférenciée mais à une union avec le Seingneur, qu'il soit vénéré sous les formes de Vishnou, de Krishna ou de Shiva, ou d'autres encore ?
L'Inde spirituelle n'a-t-elle pas toujours mis en garde contre la recherche des siddhis ( les pouvoirs ) à travers ses plus illustres représentants ?
Je ne cherche pas à nier les différences théologiques qui peuvent exister entre la Révélation chrétienne et les spiritualités orientales. Mais des prêtres catholiques qui enseignent le zazen ( Jacques Breton, Bernard Rérolle aujourd'hui décédé et d'autres ) n'ont-ils pas leur place dans l'Eglise, dans la reconnaissance de leur vocation propre ?
Doit-on écarter d'un revers de la main les efforts considérables d'un Henri le Saux, de Bede Griffith en Inde, tous deux moines bénédictins et fondateurs d'un ashram en Inde ? Faut-il citer Raimon Panikkar, prêtre catholique qui revendique l'hindouisme spirituel en même temps que ses origines indiennes ?
L'Esprit ne souffle-t-il pas parfois à Sa convenance ? Des milliards d'êtres humains n'auraient-ils donc eu droit qu'à des ténèbres pendant des millénaires ?
J'espère que mes questions ne seront pas mal interprétées. Je trouve évidemment salutaire l'effort de discernement que certains membres de l'Eglise font à l'égard des dérives des "nouvelles spiritualités". Mais je n'en suis pas moins choqué par les amalgames.
Fraternellement,
Pierre.
Inde
Re: Inde
« Pourquoi, en partant d'une expérience malheureuse en Méditation Transcendantale, méthode notoirement liée à des groupes sectaires, généraliser quant aux spiritualités indiennes ? Quel rapport réel y a-t-il entre les élucubrations de la MT et la spiritualité des Védas, des Upanishads, de la Bhagavad-GÎta ?
Accepterait-on que soit ridiculisée l'eschatologie chrétienne en prenant pour seule référence la foi fondamentaliste des mormons ou des Témoins de Jéhovah ? »
Votre critique serait tout à fait justifiée si la MT était effectivement aussi éloignée de la Tradition hindoue que les Mormons ou les Témoins de Jéhovah ne le sont de la tradition chrétienne. Mais il n’en est rien. Maharishi Mahesh Yogi est un disciple d’un Shankaracharia tout à fait respectable et respecté aux Indes. J’ai pu me rendre dans l’ashram où lui-même avait été formé dans la plus pure tradition védique, plus précisément dans le Vedanta. Il connaît les Upanishad qu’il commente d’ailleurs lui-même, et cite la Bhagavad-gîta comme tout gourou formé au bakti yoga. Les enseignements de Maharishi sont écoutés avec beaucoup d’intérêt et de considération aux Indes et je l’ai vu initier des centaines d’Indous. Il faut donc corriger la perspective selon laquelle Maharishi ne serait qu’un « pseudo gourou » qui serait venu faire carrière en Occident. Il est un authentique représentant de la tradition hindoue et reconnu comme tel dans son pays. On peut discuter pour savoir si le fonctionnement de l’organisation de la MT est sectaire ou pas, mais ce n’est pas l’objet de votre question ; en tout cas la doctrine est tout ce qu’il y a de plus « classique », du moins après avoir retiré la mise en scène occidentale. Enfin, mon expérience en MT n’est pas « malheureuse » : j’ai tout simplement vécu ce qu’elle annonce ; ce que je conteste, c’est la compatibilité de ce genre d’expérience de mystique naturelle avec le cheminement de foi chrétienne. Je vous invite à consulter mon ouvrage « L’expérience interdite » où vous pourrez constater tout le respect avec lequel je parle des traditions orientales (auxquelles m’a conduit la MT), qui n’ont rien à voir avec les dérives du Nouvel Age.
Accepterait-on que soit ridiculisée l'eschatologie chrétienne en prenant pour seule référence la foi fondamentaliste des mormons ou des Témoins de Jéhovah ? »
Votre critique serait tout à fait justifiée si la MT était effectivement aussi éloignée de la Tradition hindoue que les Mormons ou les Témoins de Jéhovah ne le sont de la tradition chrétienne. Mais il n’en est rien. Maharishi Mahesh Yogi est un disciple d’un Shankaracharia tout à fait respectable et respecté aux Indes. J’ai pu me rendre dans l’ashram où lui-même avait été formé dans la plus pure tradition védique, plus précisément dans le Vedanta. Il connaît les Upanishad qu’il commente d’ailleurs lui-même, et cite la Bhagavad-gîta comme tout gourou formé au bakti yoga. Les enseignements de Maharishi sont écoutés avec beaucoup d’intérêt et de considération aux Indes et je l’ai vu initier des centaines d’Indous. Il faut donc corriger la perspective selon laquelle Maharishi ne serait qu’un « pseudo gourou » qui serait venu faire carrière en Occident. Il est un authentique représentant de la tradition hindoue et reconnu comme tel dans son pays. On peut discuter pour savoir si le fonctionnement de l’organisation de la MT est sectaire ou pas, mais ce n’est pas l’objet de votre question ; en tout cas la doctrine est tout ce qu’il y a de plus « classique », du moins après avoir retiré la mise en scène occidentale. Enfin, mon expérience en MT n’est pas « malheureuse » : j’ai tout simplement vécu ce qu’elle annonce ; ce que je conteste, c’est la compatibilité de ce genre d’expérience de mystique naturelle avec le cheminement de foi chrétienne. Je vous invite à consulter mon ouvrage « L’expérience interdite » où vous pourrez constater tout le respect avec lequel je parle des traditions orientales (auxquelles m’a conduit la MT), qui n’ont rien à voir avec les dérives du Nouvel Age.
Re: Inde
"Pourquoi toujours laisser entendre que l'Inde verse uniformément dans l'impersonnel divin alors que nombreux sont les courants dévotionnels qui aspirent non à une identification indifférenciée mais à une union avec le Seigneur, qu'il soit vénéré sous les formes de Vishnou, de Krishna ou de Shiva, ou d'autres encore ?"
Réponse:
Je crois qu’on ne peut pas oublier que la grande majorité des Darshana sont non-dualistes. Même si certains empruntent un chemin qui semble maintenir l’altérité – je pense en particulier à la voie du Bhakti – il n’en reste pas moins que la dernière parole, même dans ce courant dévotionnel, demeure « tat wam asi », c'est-à-dire « cela aussi tu l’es ». La dualité n’est qu’une illusion qui est « tolérée » pour dépasser la pluralité, jusqu’à finalement la transcender à son tour dans la réalisation de l’identité (je n’ai pas dit l’unité !) de toutes choses dans le divin impersonnel. Les figures de Vishnou, Shiva et Brahma sont des représentations imagées de principes métaphysiques et non pas des divinités ; ce sont des supports de la méditation qu’il s’agit d’abandonner dès que possible.
Réponse:
Je crois qu’on ne peut pas oublier que la grande majorité des Darshana sont non-dualistes. Même si certains empruntent un chemin qui semble maintenir l’altérité – je pense en particulier à la voie du Bhakti – il n’en reste pas moins que la dernière parole, même dans ce courant dévotionnel, demeure « tat wam asi », c'est-à-dire « cela aussi tu l’es ». La dualité n’est qu’une illusion qui est « tolérée » pour dépasser la pluralité, jusqu’à finalement la transcender à son tour dans la réalisation de l’identité (je n’ai pas dit l’unité !) de toutes choses dans le divin impersonnel. Les figures de Vishnou, Shiva et Brahma sont des représentations imagées de principes métaphysiques et non pas des divinités ; ce sont des supports de la méditation qu’il s’agit d’abandonner dès que possible.
Re: Inde
L'Inde spirituelle n'a-t-elle pas toujours mis en garde contre la recherche des siddhis ( les pouvoirs ) à travers ses plus illustres représentants ?
Réponse:
Absolument, et je n’ai jamais prétendu le contraire ! Rassurez-vous : je fais la différence entre les grandes Traditions et le Nouvel Age : il vous suffit de comparer deux de mes ouvrages : « L’expérience interdite » et « Le christianisme au défi du Nouvel Age » pour vous en rendre compte. Je « reproche » précisément au Nouvel Age de n’avoir retenu de l’Orient que ce qui flattait la conception individualiste de l’Occidental, et de ne pas avoir vraiment compris la spiritualité de l’Orient, qui n’est pas une recherche du Soi, mais un anéantissement du moi.
Réponse:
Absolument, et je n’ai jamais prétendu le contraire ! Rassurez-vous : je fais la différence entre les grandes Traditions et le Nouvel Age : il vous suffit de comparer deux de mes ouvrages : « L’expérience interdite » et « Le christianisme au défi du Nouvel Age » pour vous en rendre compte. Je « reproche » précisément au Nouvel Age de n’avoir retenu de l’Orient que ce qui flattait la conception individualiste de l’Occidental, et de ne pas avoir vraiment compris la spiritualité de l’Orient, qui n’est pas une recherche du Soi, mais un anéantissement du moi.