joie de la méditation boudhiste?

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Éric

joie de la méditation boudhiste?

Message par Éric »

Bonjour! Plusieurs me parlent de la joie et de la paix éprouvées alors qu'ils expérimentent les techniques de méditations boudhistes. Peut-on comparer cette joie et cette paix à la joie et à la paix chrétienne?

Les fruits de la méditation boudhistes présumés, la joie, la paix et la liberté, ainsi qu'une ouverture sur l'autre, la tolérance, la compassion et une charité qui grandit, ne sont-ils pas les fruits de l'Esprit-Saint?

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

Je voudrais d’abord vous mettre en garde contre un discours médiatique sur le bouddhisme, selon lequel cette religion accumulerait toutes les qualités et ne présenterait aucun défaut : la religion idéale en somme. Et c’est bien ce qu’on veut nous faire croire puisque le bouddhisme est supposé remplacer le christianisme dans les années à venir.
Mon but n’est pas de décrier le bouddhisme, loin de là, mais de ramener ce qu’on en dit à de justes proportions. J’ai rencontré bon nombre de personnes qui en sont sorties précisément parce qu’il y avait un abîme entre ce qu’on annonce à son propos (compassion, tolérance, charité) et ce qui se vit à l’intérieur des communautés bouddhistes. Je ne doute pas qu’une certaine intériorité, même acquise par les voies de la mystique naturelle, porte à une sérénité qui tranche avec nos vies hyper stressées, mais cela ne veut pas encore dire qu’il s’agit de la paix de l’Esprit Saint. Quant à la charité, le problème est plus complexe. Lorsque l’on pratique intensément ces techniques, les maîtres eux-mêmes vous diront que la première étape conduit à un désengagement relationnel, qui ressemble plutôt à de l’indifférence. Ce n’est que par la suite qu’un autre sentiment peut apparaître qu’on désigne un peu facilement par un terme qui n’existe pas en sanskrit : la compassion. Mais de quoi s’agit-il ? Lorsque le Boddhisvata renonce à se laisser fondre dans le Tout divin pour aider les hommes qui sont encore en chemin, s’agit-il de compassion, au sens où nous entendons ce terme, à savoir « souffrir avec » ? N’oubliez pas que le Boddhisvata est sensé avoir réalisé son unité avec le Tout au-delà de l’illusion de la pluralité. Autrement dit les individus ne sont pour lui que des aspects de lui-même. Sa compassion porte donc sur lui-même, sur l’intégration des parties du Tout auquel il s’est identifié. Nous sommes loin de la charité du Christ, seconde Personne de la Trinité, qui donne sa vie pour des hommes pécheurs, qui sont bien distincts de lui, il n’y a pas de doute à ce sujet ! Le Christ descend jusqu’à nous pour prendre sur lui nos souffrances, traverser notre mort, afin de nous donner part à sa vie divine. Ne faisons pas dire au bouddhisme ce qu’il ne prétend pas énoncer.
Ceci dit, ne croyez pas que j’exclue une action de l’Esprit Saint dans le bouddhisme : le Seigneur vient au devant de tout effort sincère de l’homme vers Dieu, même si les doctrines et pratiques que cet homme adopte sont encore entachées d’erreurs. Mais tout autre est la situation d’un chrétien qui abandonnerait le Christ pour se tourner vers ces traditions préchrétiennes qui sont orientées ultimement vers lui.

marie

relation entre religions

Message par marie »

Cher Père,

Je suis tout à fait d'accord avec votre conclusion et j'aime beaucoup dans le christianisme (même avant vatican 2) la notion d' "homme de bonne volonté" et c'est pourquoi je choisis cette discussion pour poser une question.

Je suis tombée par hasard hier sur une émission sur Arte "la momie de Sibérie". Il s'agit du corps d'un moine bouddhiste très saint qui a été "miraculeusement" conservé. Ce phénomène est assez courant dans le christianisme et "colle" très bien avec notre théologie de l'Incarnation ou notre anthropologie du corps. Il m'a paru assez surprenant dans le bouddhisme d'autant que le jeune moine dont la quête servait de fil conducteur au documentaire disait (c'est peut-être une erreur de traduction ?) que ce phénomène devait suffire à faire croire en Dieu ?? (Il me semble pourtant avoir bien entendu).

Cela m'a étonnée d'abord parce q'on dit généralement que le bouddhisme est une philosophie et non pas une religion et, en tout cas, une religion sans Dieu et parce que la vénération que suscitait cette momie m'a semblé assez contradictoire avec le message du bouddhisme, irréalité de ce monde et nécessité d'échapper à ses contingences. D'autant qu'il était dit que ce moine aurait "cherché" par différentes techniques dans la dernière période de sa vie à obtenir la pérennité de son corps.

Qu'en pensez vous ?

Marie

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

La conservation du corps peut être un signe que Dieu donne pour annoncer la résurrection finale des corps ; signe que le défunt dort dans l’attente de la parousie. Encore faut-il interpréter le phénomène en ce sens, ce qui ne s’impose pas ; vous en apportez la preuve par votre exemple, puisque les bouddhistes n’attendent pas de résurrection finale. J’ajoute que nous n’attendons pas non plus que les saints dont les corps sont conservés ressuscitent dans ce corps. Pour certains ce serait trop dommage (je pense à un corps à moitié noirci en raison d’une exposition partielle à la lumière). Il s’agit d’un signe, et comme tous les signes ils sont à interpréter ; ce qui est toujours un risque !
N’oublions pas que certains terrains conservent spontanément les corps qui y sont déposés, comme le prouvent certaines fouilles. Ensuite, le fait que ces corps « conservés » noircissent lorsqu’ils sont exposés à la lumière m’a toujours intrigué ? Aussi je ne donne personnellement pas beaucoup d’importance à ce signe, qui fait effectivement partie de la panoplie des siddhis (pouvoirs occultes) que connaissent l’hindouisme et le bouddhisme ésotériques.
Ne vous étonnez pas de la vénération en milieu bouddhiste : si le bouddhisme originel - le Hinayana (petit véhicule), nommé encore Theravada - est effectivement une voie plus philosophique que religieuse, le Mahayana (grand véhicule) réintroduit les Bouddhas, adorés dans les Temples et auxquels sont offerts prières et sacrifices.
La vénération portée à ce jeune moine peut signifier que s’il a réussi à réaliser ce siddhi, il est probable qu’il ait atteint un niveau élevé de conscience, peut-être même celui de Boddhisatva, c'est-à-dire un être réalisé qui demeure au service des hommes pour les aider dans leur progression vers l’illumination.

Verrouillé