Derniere tentation du Christ

Verrouillé
Fred

Derniere tentation du Christ

Message par Fred »

Bonjour, ma question concerne le film de Martin Scorcese, la Derniere tentation du Christ. Lors des conférences de Carème du Père Verlinde, il fait allusion a la source, a l'inspiration de film comme celui la. Si j'ai bien compris, Jésus serait dans cette perspective un disciple d'Isis et l'acte sexuel est une sorte d'acte d'accomplissement et d'"éveil".
Pourriez vous m'aider a développer un peu plus ceci. Des amis aiment beaucoup ce film et la présentation d'un Jésus humain, qui doute. Par contre, ils occultent completement la divinité de Jésus. Mais n'est ce pas déjà un peu le rencontrer, pour aller plus loin par la suite.
Si Jésus a vécu toute notre condition humaine, n'a t il pas été tenté par la chair? Et dans ce cas, pourquoi ne pas le représenter dans un film? (Jésus rève)

Ceci ne répond certes pas a la question finale: "Pour vous qui suis-je?" Mais alors que l'aveu des Pharisiens est "Nous ne savons pas d'ou il est", la proclamation de mes amis (peut etre d'une certaine maniere leur acte de foi) serait plutot: "Jésus est un homme qui me parle par ce qu'il a vécu, mais ce n'est pas Dieu."
Il y a encore beaucoup de question que j'ai envie de poser... mais pour l'instant, cela sera tout.
Merci
Fred

P.Joseph-Marie

Re: Derniere tentation du Christ

Message par P.Joseph-Marie »

Je n'ai pas vu le film, mais de ce que j'ai pu entendre, ce n'est pas la mise en pratique des doctrines ésotériques auxquelles j'ai fait allusion au cours des Conférences de carême, car la « tentation » du Christ dans le film de Scorcese n’était pas du tout dans un contexte initiatique. Il ne s’agissait pas d’une pratique tantrique, mais d’une faiblesse humaine, accompagnée d’un doute, comme vous le soulignez fort bien.
Je ne crois pas que ce genre d’approche puisse être le premier pas vers un approfondissement, car une fois qu’on a dit cela, je ne vois pas ce que le personnage de Jésus pourrait encore m’apporter : il s’agirait d’un homme comme vous et moi, qui aurait vécu son idéal jusqu’au bout, mais dont l’échec final révèlerait l’utopie. Sa dernière « tentation » le rapprocherait tellement de nous, qu’il en deviendrait identique à nous jusque dans notre faiblesse, la non-maîtrise de nos passions, nos doutes, voire notre péché. Or Jésus a assumé une humanité « en tout semblable à la nôtre, excepté le péché », précise la prière eucharistique n°4, pour triompher du péché sur le terrain même où il nous avait vaincu et réduit à l’esclavage. Ramener Jésus au niveau de l’homme pécheur, c’est vider sa mission de tout contenu salvifique, ou plutôt c’est lui retirer toute mission salvifique. En clair: si Jésus n'est pas Dieu, il ne peut être Sauveur, et dès lors il ne m'intéresse pas davantage que n'importe quel autre être humain.
Ces tentatives d’interprétation réductionnistes de la Personne du Christ (qui ne respectent pas le contenu des Evangiles !) sont des moyens d’évacuer une présence jugée gênante pour notre soif de libre-arbitre, notre refus de toute dépendance morale ou religieuse, notre volonté d’autonomie absolue, qui implique le refus a priori de prendre en compte notre état de pécheurs.
Je crois qu’une approche plus vraie consiste à reconnaître d’abord le triste état de mon humanité, et mon besoin de salut. Je serai alors disposé à rencontrer dans les Evangiles celui que mon cœur désire et attend, celui dont j’espère la délivrance, la vraie liberté et la vie.

avila

Re: Derniere tentation du Christ

Message par avila »

En répondant précédemment, je n'avais pas lu la réponse du Père Varlinde( nouvelle venue sur l'ADSL et donc sur votre site, je suis heureuse de dire à celui-ci combien j'apprécie de prendre contact avec lui : J'ai lu ses trois livresdepuis" la Vérité Interdite "jusqu'à" Le Voile se déchire"avec beaucoup de difficultés et beaucoup d'admiration pour ce parcours acharné vers la quête d'une Vérité qu'il retrouve là où il l'avait laissée. J'aurai besoin de lui pour m'aider à répondre aux inquiétudes et aux errances spirituelles diffuses
dans les générations de mes enfants et petits enfants... mais celà est un autre débat !) Pour en revenir au film de Scorcèse, si je ne l'ai pas mal interprété à l'époque, il est plus profond que l'analyse qu'en fait le Père : Jésus y mène sa vie terrestre en doutant de ses propres fulgurances concernant ses origines divines : quand il est sur la Croix un petit ange lui apporte un calice qui lui donne la possibilité de revivre sa vie autrement : on le voit alors retrouver Marie-Madeleine et vivre avec elle et leurs enfants une vie
de famille heureuse.( Là, on s'indigne, on respire le soufre, on pense "blasphème" et on envisage de quitter la salle en signe de protestation ! ) Mais il y a un retournement : Jésus se reprend, se retrouve sur la Croix ( c'était une vision de tentation de sa nature humaine ). Il se retourne vers son Père avec un grand cri d'agonie, acceptant sa condition divine et meurt. C'est ainsi que je l'ai compris...il y a une dizaine d'années;

P.Joseph-Marie

Re: Derniere tentation du Christ

Message par P.Joseph-Marie »

Merci de ces précisions : je n’ai pas vu le film.
Vous dites vous-même que dans ce film, Jésus traverse sa vie en portant bien des doutes sur sa condition divine. Ce qui explique ou plutôt prépare la cène finale de la « dernière tentation ». Or précisément la Révélation nous apprend que le Verbe avait pleinement conscience d’être le Fils unique du Père jusque dans sa conscience humaine. Certes celle-ci s’était épanouie progressivement en respectant les lois de la croissance psychologique humaine, mais Jésus avait bien conscience d’être fils de Marie et Fils du Père éternel, comme en témoignent les Evangiles.
Jésus a certes subi les assauts de l’Ennemi ; mais il l’a vaincu une fois pour toutes au désert. La Passion est le dernier acte de l’affrontement : Jésus descend délibérément - « Ma vie nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne » - dans la mort que le Démon tient encore en son pouvoir, pour en triompher au matin de Pâque : « Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? » (1 Co 15,55).
Ce n’est bien sûr qu’un film, mais il représente une tendance contemporaine à relativiser la Personne de Jésus en le réduisant à un homme comme les autres qui prend conscience de la divinité que nous aurions tous en commun selon les thèses naturalistes.

Verrouillé