Ecologie... tout court

P. Joseph-Marie
Messages : 1010
Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

Je me permets de vous renvoyer aux articles commentés sous la rubrique écologie néo-païenne de ce site : vous y trouverez quelques « perles » (s’ils n’y sont pas encore, cela ne saurait tarder : nous sommes occupés de réinstaller les articles sur le nouveau site).
Mais il y a des implications politiques plus graves, tel que le « biocentrisme » radical revendiqué par certains. De grands noms sont associés à ce courant, dont par exemple Michel Serres, qui va jusqu’à revendiquer pour la nature le statut de « sujet de droit », et demande qu’il y ait un véritable « contrat naturel de symbiose et de réciprocité » (Le contrat naturel, Flammarion). Hans Jonas ne manquera pas de critiquer la notion de « contrat » qui suppose un engagement personnel des deux partis ; dans son ouvrage Le Principe responsabilité, il plaide plutôt pour une extension aux choses de la nature, de la notion de « fin en soi », réservée jusque là à la personne humaine. Mais de la reconnaissance de la valeur intrinsèque de la nature, à l’affirmation de sa supériorité sur l’homme, il n’y a qu’un pas, justifié au nom de la pérennité du Tout sur ses composantes éphémères. Bien plus, c’est toujours l’unique Nature dont la vie s’exprime dans le monde végétal, animal, humain et même au-delà, dans des formes dont nous soupçonnons à peine l’existence ; c’est donc elle qui devrait se trouver au centre de nos préoccupations éthiques comme seul authentique sujet de droit !!!
Il n’est sans doute pas superflu de rappeler ici la célèbre méditation de Pascal sur le « roseau pensant » : « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt ; et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale » (Pensée n°347).
Dans son analyse critique du « nouvel ordre écologique », Luc Ferry souligne que « C’est toujours pour les hommes qu’il y a du droit ; pour eux que l’arbre ou la baleine peuvent devenir les objets d’une forme de respect lié à des législations – non l’inverse » (Le nouvel ordre écologique, Grasset). Certes, la biosphère, en tant que source de vie, possède une valeur intrinsèque ; mais avant de la poser comme sujet ultime de droit, poursuit notre auteur, il est bon de se souvenir qu’« elle donne vie tout autant au virus du sida qu’au bébé phoque, à la peste et au choléra comme à la forêt et au ruisseau. Dira-t-on sérieusement que le HIV est sujet de droit, au même titre que l’homme ? »
Qui ne voit les dangers d’une approche dans laquelle la personne humaine n’est plus une fin, mais se trouve subordonnée aux besoins de l’écosystème de la Terre ? Reconnaître la nature comme une « fin en soi » revient à en faire une idole, qui finira par imposer son joug à ses adorateurs.
Pour un Saint François, comme pour toute la tradition chrétienne, la nature nous parle de Dieu son Créateur, dont elle nous fait pressentir quelque chose de la beauté, de la grandeur, de la force et de la délicatesse. Saint Augustin aussi a de très belles pages sur la louange de la création en tant que reflet de la gloire divine, qui nous invite à remonter jusqu’à son Auteur.

athanase

Message par athanase »

Merci père pour vos réponses.

J'ai trouvé pas mal de documents sur le site du vatican, je vais pouvoir les potasser ! Pourriez-vous me préciser quelques références de Saint Augustin dont vous parlez ? Merci !

P. Joseph-Marie
Messages : 1010
Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

Vous trouverez cela dans les confessions, mais principalement dans les commentaires sur les Psaumes. Par exemple :
« Lorsque tu considères la création et que tu la reconnais comme belle, tu te replaces en elle pour en louer Dieu. La beauté de la terre est comme la voix de cette terre muette. Tu t’y attaches, tu vois cette beauté, cette fécondité, cette force, tu vois ce que la terre fait des semences, tu vois les fruits dont elle te comble sans que tu les aies semés. Mais quand on regarde dans son ensemble la beauté du monde, il te répond d’un seul élan : Je ne me suis pas fait moi-même ; Dieu m’a créé.
Donc que “toutes tes œuvres te célèbrent, Seigneur et que tes saints te bénissent !”
Mais pour que tes saints puissent te bénir en célébrant tes œuvres, il faut qu’eux-mêmes la regardent, cette création qui te célèbre ! » (Comm. Ps 19)

COVENS Walter
Messages : 1
Enregistré le : jeu. 17 févr. 2005 3:32

Message par COVENS Walter »

P. Joseph-Marie a écrit :Merci pour la rectification et le réajustement du débat !
Je crois que pour un croyant l’écologie devient dangereuse lorsqu’elle risque de devenir idolâtrique. Puisque vous êtes dans la spécialité vous savez mieux que moi qu’au départ du développement de l’écologie « scientifique », la « deep ecology » a joué un rôle moteur. Cette « écologie des profondeurs » était hélas idolâtrique (la déesse Gaïa pour la Terre, etc.), et tout un courant écologique en a gardé la trace.
Je défend avec acharnement l’existence d’une « écologie biblique », fondée dans le verset : « Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Éden pour le cultiver et le garder » (Gen 2, 15). C’est au nom de notre responsabilité de Prêtres, Prophètes et Rois de la création que nous avons a respecter et à développer une écologie planétaire, et pas pour vénérer la déesse Gaïa ou pour ne pas nous aliéner les esprits de la nature !
Pour ce qui et du magistère romain, il y a eu un document signé conjointement le 10 juin 2002, par le Pape Jean-Paul II et le patriarche œcuménique Bartholomaios Ier. Accompagné d’ailleurs par un très beau discours de clôture (du symposium sur « Religion, science et environnement ») prononcé par le patriarche sur le thème : « La dimension eucharistique, ascétique et spirituelle du sacrifice ». (Si vous voulez, je peux vous les transmettre par e-mail)
Pour ce qui est de la conférence des évêques de France, voilà deux ans déjà qu’un ouvrage devait sortir sur le sujet. La commission chargée de la rédaction m’avait demandé de rédiger une contribution sur l’écologie néo-païenne ; J’y réponds en partie à votre question 2. Comme cet ouvrage n’est toujours pas sorti, je songe sérieusement à publier mon article sur notre site !!!

Bonjour Père,
Je suis intéressé par le discours de clôture que vous mentionnez: « La dimension eucharistique, ascétique et spirituelle du sacrifice » Pourriez-vous me le faire parvenir par courriel ?

Merci de votre réponse au sujet de Walsch[/quote]

Régis

Document du Magistère sur l'écologie

Message par Régis »

Père Joseph-Marie a écrit :
Pour ce qui et du magistère romain, il y a eu un document signé conjointement le 10 juin 2002, par le Pape Jean-Paul II et le patriarche œcuménique Bartholomaios Ier. Accompagné d’ailleurs par un très beau discours de clôture (du symposium sur « Religion, science et environnement ») prononcé par le patriarche sur le thème : « La dimension eucharistique, ascétique et spirituelle du sacrifice ». (Si vous voulez, je peux vous les transmettre par e-mail)
Pour ce qui est de la conférence des évêques de France, voilà deux ans déjà qu’un ouvrage devait sortir sur le sujet. La commission chargée de la rédaction m’avait demandé de rédiger une contribution sur l’écologie néo-païenne ; J’y réponds en partie à votre question 2. Comme cet ouvrage n’est toujours pas sorti, je songe sérieusement à publier mon article sur notre site !!!

Je suis intéressé par ces documents. Pouvez vous m'indiquez comment les obtenir ? Merci

P. Joseph-Marie
Messages : 1010
Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

Le document conjoint du Pape et du Patriarche sont à trouver dans la Documentation Catholique de l’année 2002. Quant à l’article auquel je fais mention, il me faut attendre de le publier, car je viens d’apprendre que l’ouvrage de la conférence des Evêques va sortir cet été !

Verrouillé