Evangile du Coeur?

Jean-Marie

Re: Evangile du coeur

Message par Jean-Marie »

P. Joseph-Marie a écrit :
Jean-Marie a écrit :Quand je vous disait que notre nouveau Pape pouvait nous réserver quelques surprises :D


Je n'ai pas vu où est la "surprise": c'est la doctrine tout à fait classique de l'Eglise.


Et bien si c'est là la doctrine classique de l'Eglise... ça me rappelle la conclusion de la Règle de saint Benoît qui dit (de mémoire) "Que tout n'est pas écrit dans la Règle... mais qu'il faut dèjà l'appliquer telle qu'elle est... pour arriver à ces hauteur sublimes indiquées (dans la Règle)".
Si donc tout n'est pas dans la Règle (doctrine) il n'y a que deux endroits où trouver la Nature et le Coeur.
Et ça me fait ressouvenir d'une belle légende Indienne dans laquelle les dieux qui avaient confié la sagesse aux hommes et qui furent las de leurs incessantes disputes finirent par cacher la sagesse dans le seul endroit où ils ne penseraient pas la chercher : "le coeur". Cependant en témoignage de leur bienveillance ils laissèrent aux hommes ce qui était nécessaire à leur recherche : les outils du bâtisseur. :?

"Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise"
Curieuse proximité! N'est-il pas?

Amitié
Jean-marie

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Je ne suis pas aussi sûr que vous que les scientifiques concluent de leurs recherches à l’existence d’un être divin personnel. Je suis bien placé en raison des cours de philosophie de la nature dont je suis chargé pour vous dire le contraire : aujourd’hui, c’est le divin impersonnel qui a la faveur des scientifiques ; un divin identifié au champ quantique fondamental par exemple. Qu’il suffise de citer le tristement célèbre ouvrage de Fridjof Capra : « Le Tao du physicien », devenu un best seller du Nouvel Age.
Bien sûr la grâce peut être accueillie à chaque instant par tout homme de bonne volonté : le Seigneur est sans cesse à l’affût et toujours prêt à surprendre notre disponibilité à sa présence. Je pense comme vous que nous « baignons » dans la lumière de la grâce puisque Jésus nous a dit qu’il est venu allumer un Feu sur la terre : le Feu de la Pentecôte. Encore faut-il que nous nous laissions saisir et embraser bien sûr : Dieu ne force pas notre porte. La grâce prévenante nous dispose, mais ne nous impose rien.
Cependant, Dieu ne nous comble pas de sa grâce si nous nous engageons sur des chemins sans issue : ce serait nous tromper ! Au contraire, il nous appelle à revenir à lui dans la repentance : c’est le message de tous les prophètes, de l’Ancien comme du Nouveau Testament (je pense à Jean Baptiste et à Jésus lui-même). Saint Ignace souligne dans ses exercices que le mauvais ange nous trouble lorsque nous avançons vers Dieu, et le bon ange nous trouble lorsque nous nous éloignons de lui. Il y a donc un « trouble selon Dieu » qui nous avertit que nous nous égarons. Nous pouvons aussi appeler cela la voix de la conscience. Tout cela pour dire que si la grâce nous poursuit, elle ne nous est pas donnée inconditionnellement ou sur n’importe quel chemin spirituel (je ne parle pas bien sûr des ressortissants des grandes Traditions qui suivent le chemin de leurs ancêtres ni pour toutes les personnes qui ne connaissent pas le Christ sans qu’il y ait responsabilité de leur part).
Il y a effectivement un abîme ontologique entre le Créateur et la créature ; même métaphysiquement cela paraît évident, sans quoi les mots ne veulent plus rien dire. D’où la difficulté de rendre compte de l’expérience mystique pour nos frères juifs. Cela ne signifie pas pour autant que Dieu soit mort : l’impossibilité de le rejoindre ne l’empêche pas d’agir. L’impuissance est de notre côté, pas du sien. Et même s’il est hors de notre portée, il n’est pas pour autant mort pour nous, puisqu’il nous donne à chaque instant d’exister. En tant que créatures, ne nous sentons-nous pas appelés à lui rendre l’honneur et la gloire qui lui sont dues ?
Bien sûr en tant que chrétiens, nous pouvons aller bien plus loin : en nous appuyant sur la Révélation, nous croyons qu’en son Verbe, Dieu a franchi cet abîme ontologique et a réuni en sa Personne le ciel et la terre, la nature divine et humaine. Mais c’est de l’ordre du mystère : l’union hypostatique n’est pas un problème intellectuel mais un mystère de grâce.

P. Joseph-Marie
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Re: Evangile du coeur

Message par P. Joseph-Marie »

Jean-Marie a écrit :Cependant en témoignage de leur bienveillance ils laissèrent aux hommes ce qui était nécessaire à leur recherche : les outils du bâtisseur. :? "Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise"
Curieuse proximité! N'est-il pas?


Ne voyez-vous pas que c’est vous qui faites le rapprochement a posteriori ? Ne me dites pas que les francs-maçons ont précédé l’Eglise ? Trop facile ensuite de rapprocher la pierre sur laquelle Jésus fonde son Eglise de la pierre que le franc-maçon doit tailler avec les outils du bâtisseur ! Mais vous savez que je ne tiens pas à poursuivre l’échange sur ce point puisqu’il s’avère conduire à un dialogue de sourd : ne perdons pas notre temps.

Verrouillé