réincarnations

Invité

indéterminisme universel

Message par Invité »

A bien y regarder, la science positive c'est l'apologie du déterminisme, et pour ma part je ne comprends pas très bien ces nouveaux savants qui défendent becs et ongles une Physique "indéterministe" ! Popper s'est lourdement trompé avec son indéterminisme foncier! Je crois mais je n'en suis pas sûr, qu'on confond indéterminé et indéterminable ! Transposé dans le niveau de la vie morale, le positivisme exacerbé qu'on peut appeler sans hésiter "scientisme", conduit directement au matérialisme biologique dans lequel se fourvoyaient les encyclopédistes comme Diderot, Voltaire ou encore d'Alembert. Cette vision des choses retire bien évidemment toute responsabilité à l'être humain et les notions de bien et de mal sont dissoutes par la même occasion. C'est ce que rappelle Laurent VERSINI dans son introduction aux oeuvres de Diderot : Oeuvres, tome 1, R.Laffont 1994, p.7 :

"La beauté ordonnée du monde à laquelle l'aveugle est insensible, n'est plus la preuve cosmologique de l'existence de Dieu, le déisme est ruiné et remplacé par un athéisme matérialiste pour lequel l'h s'identifie à son organisation moléculaire, à l'agencement de ses "fibres" et de ses organes; le monde est le règne du déterminisme physique qui s'oppose radicalement à l'occasionnalisme de Descartes et surtout de Malebranche pour qui seul Dieu était véritable cause... En tous cas Diderot est desormais en possession de sa philosophie personnelle, le matérialisme biologique... Diderot ne peut plus dès lors échapper au problème qui le tourmentera jusqu'à la formulation de sa dernière sagesse : si l'homme moral est aussi déterminé par les lois universelles que l'homme physique, l'animal ou la pierre brute, on est génial ou stupide, géomètre ou poète, bienfaisant ou malfaisant, par nature, on n'a plus aucun "mérite" ni aucune "vertu", ni non plus aucune scélératesse. On est simplement heureusement ou malheureusement né, les mots de bien ou de mal n'ont de valeur que relative, la responsabilité disparaît et avec elle la liberté. La source est bien encore dans l'Ethique : "Le mal et le bien n'indiquent rien de positif dans les choses considérées en soi et ne soint rien d'autre que des manières de penser", écrit Spinoza..."

"Pour un philosophe soucieux de fonder les rapports humains sur la sociabilité, la philanthropie, la tolérance, pour le dramaturge de "l'honnète", pour le politique qui oppose de plus en plus la démocratie et la liberté politique aux despotes même les plus "éclairés", pour l'homme du progrès, l'écueil est de taille. Or, tout en se comportant comme s'il était lui-même toujours responsable de sa conduite, et en exigeant autant des maîtres du monde comme de ses amis, Diderot ne variera jamais : le déterminisme est universel..."

Merci de votre attention,

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

L’indéterminisme de la physique quantique n’est pas forcément lié au positivisme. Il ne s’agit d’ailleurs que d’un indéterminisme individuel : le déterminisme au niveau du comportement global (au niveau d’un grand nombre de particules par exemple) demeure tout aussi « rigide », et heureusement, sans quoi il serait impossible d’utiliser la microphysique dans des applications pratiques.
L’interprétation des équations de la mécanique quantique peut être plus ou moins teintée (entachée ?) de positivisme au sens où certains physiciens renoncent à demander à la physique de leur donner une représentation de la réalité. Ils se contentent d’un ensemble d’équations utiles pour organiser des applications pratiques. La science dans cette perspective se réduirait à un ensemble de « recettes ». C’est cette position qu’Albert Einstein n’a jamais voulu accepter.

Docteur M.C
Messages : 4
Enregistré le : mer. 20 oct. 2004 17:57

Message par Docteur M.C »

Je ne suis pas moi-même très au fait de ces questions d'épistémologie, mais il me semble quand même qu'il y a un monde entre la VALEUR d'une chose, c'est-à-dire sa RAISON D'ÊTRE et l'EXPLICATION DESCRIPTIVE que la science peut en donner.

EXPLIQUER CE N'EST PAS PREDIRE, et il y a une incohérence dans la pensée de Popper qui soutenait que la méthodologie scientifique doit permettre de décrire toujours plus et mieux les phénomènes physiques, tout en refusant de croire au principe métaphysique de causalité. Comment peut-on espérer décrire toujours plus et mieux des phénomènes physiques et sensibles si ces derniers ne sont pas en eux-mêmes parfaitement déterminés ? A force de se triturer les méninges en long, en large, en vers et en travers, on finit par perdre de vue des choses élémentaires.

Patrick Tort a écrit : "Je tiens Popper pour l'un des penseurs les plus funestes de la modernité" (La seconde révolution darwinienne, Kimé 2002, p.29) !

http://perso.wanadoo.fr/denis.collin/popper.htm
et
http://perso.wanadoo.fr/claude.rochet/philo/kp.html

Moi maintenant je retourne à mon stéthoscope.

Verrouillé