Que penser du salut

Verrouillé
Christian

Que penser du salut

Message par Christian »

Cher Père Verlinde

Beaucoup de nos parents et anciens croyaient au Ciel, au Purgatoire et à l'Enfer et qu'il fallait croire en Dieu, aller à la Messe, se confesser et faire le bien pour aller au Ciel
Personnellement c'est souvent dans des situations loin de Dieu que je me suis senti aimé par lui.
Alors que nous, simples êtres humains qui essayons de vivre l'amour envers les autres cherchons par tous les moyens à comprendre ceux qui sont loin de lui et qui font le mal comment pouvons nous imaginer que Dieu qui est Dieu ne sera-t-il pas au moins aussi tolérants que nous et qu'il nous proposera à tous la possibilité d'être sauvé
La question que je me pose est celle ci : une personne ayant tué, prêché la haine. fait beaucoup de mal que va-t-il se passer après sa mort. Si elle prend conscience de son mal à la lueur du Christ tout son passé sera-t-il effacé ou bien devra elle réparer ou autre chose
Quand j'entends que des personnes massacrent des innocents au nom soit d'un idéal soit de leur folie j'avoue me sentir très malheureux, révolté et impuissant.

Sylviane

Re: Que penser du salut

Message par Sylviane »

"Personnellement c'est souvent dans des situations loin de Dieu que je me suis senti aimé par lui", écrivez-vous Christian et votre ressenti me touche. Il y a ainsi une idée du bouddhisme qui me touche pareillement et qui dit qu'un bottishava (enfin, je crois...je ne suis pas très calée sur le sujet), choisit de se réincarner jusqu'à ce que tous les hommes soient "sauvés". Et je me pose la question : si nous ne sommes pas "sauvés " "tous"...ah, quoi bon... ? Je repense à ce passage de Khalil Gibran (un chrétien libanais) : Je peux parler du bien qui est en vous, mais non du mal,
Car qu'est-ce que le mal sinon le bien torturé par sa propre faim et soif ?
En vérité, quand le bien a faim, il recherche sa nourriture jusque dans de sombres caves, et lorsqu'il a soif, il boit même les eaux mortes." Sylviane

Nelly

Re: Que penser du salut

Message par Nelly »

Un jour, où je me posais les mêmes questions, un prêtre m'avait répondu, en substance, ceci (que j'ai depuis enrichi de quantités de lectures): lorsque l'âme arrive devant Dieu, elle demeure encore libre de choisir. La "vue" de Dieu, la rencontre avec son amour (pardonnez ces termes qui demeurent forcément en decà de ce que doit être l'événement...) lui sont sont une fois encore offertes. Mais ce que nous sommes là-haut résulte de ce que nous avons été en-bas. Nos petits et grands "non" à Dieu se trouvent soudain dans la lumière de Dieu. Et ainsi que l'expliquait une sainte, (j'ai oublié laquelle), nous éprouvons immédiatement le besoin d'être purifiés, et le purgatoire devient pour nous-mêmes un passage obligatoire, mais éclairé par le but : la vie avec Dieu. Mais, il y a des non qui sont conscients, réfléchis et volontaires. Et alors ils sont répétés. Si bien que c'est l'âme elle-même qui choisit d'être éternellement éloignée de Dieu. Evidemment, nous avons quelque peine à comprendre cela.. Parce que nous nous heurtons une fois de plus au mystère du mal.. Et que c'est la grande question sur laquelle achoppent nombre de questionnements entraînant une révolte que l'on a du mal à imaginer (la gnose part de cette révolte). Mais le mal existe, il est des hommes qui le choisissent (seul Dieu connaît leurs véritables blessures et motivations), qui vivent dans le refus d'accepter leur être d'un autre, du Tout Autre, et qui éternellement répèteront leur "non". Nelly.

Sylviane

Re: Que penser du salut

Message par Sylviane »

Bonjour Nelly,

Merci pour vos commentaires. Un autre prêtre m'avait dit que le purgatoire n'était pas autre chose que le fait d'être éloigné de Dieu et que le fait, en soi, était un "purgatoire". Maintenant, je ne sais pas (mais qui le sait ?), si on peut parler de purgatoire "éternel" ? Est-ce qu'une âme n'est pas en mouvance ou alors ça voudrait dire que les choses peuvent être définitivement figées ? Sinon, je suis désolée de parler une nouvelle fois d'une autre tradition car j'ai bien compris que ce site avait comme but de remettre en lumière les richesses du christianisme mais parfois les autres traditions sont un éclairage aussi, je pense aussi à cette tradition tibétaine qui dit combien il est important de partir en paix avec soi-même et avec les autres car effectivement, on emmène de "l'autre côté", ce que nous sommes ici. Sylviane

Nelly

Re: Que penser du salut

Message par Nelly »

Chère Sylviane : le Purgatoire n'est pas éternel, il est un lieu d'attente, de purification, et il ouvre sur le Paradis et la vision béatifique. Et sur l'éternité qui n'est pas figée.. Nous avons beaucoup de mal à concevoir l'éternité : nous la percevons comme un "temps immobile", et dès lors, une certaine image de l'ennui nous saisit.... Seule une approche purifiée de ce qu'est la vie trinitaire (du moins ce que nous en pouvons saisir dans la prière) peut nous faire percevoir -faiblement et imparfaitement- ce que peut être la vision béatifique. Mais tout notre être tend vers cette fin...
Certes il est important de partir en paix avec soi et avec les autres, mais il est plus important encore de partir dans l'espérance de Dieu. Il me semble que ce à quoi vous faites allusion n'est pas tout à fait ce que j'ai voulu dire : ce n'est pas tant cette paix qui est souhaitable( bien qu'elle soit nécessaire) que le désir de rencontrer Dieu. Il est des gens qui meurent en paix, mais dont la paix n'ouvre sur rien. Elle est en quelque sorte conclusion de leur vie. Je souhaite mourir en paix, mais je désire surtout rencontrer le regard aimant de Dieu, car dans et par ce regard, je serai réellement en paix avec moi-même et prête à entrer dans la vie divine. Nelly.

Françoise

Re: Que penser du salut

Message par Françoise »

Dans son livre "la divine origine", Marie Balmary constate avec son expérience de psy que "il est de la nature du mal d'être très peu conscient" et elle parle des hommes "qui ne sont pas éveillés".
Et s'éveiller ce n'est pas toujours facile. Il y a aussi ceux qui refusent...
Voilà, je ne sais pas si cela avance le débat, mais il me semblait que c'était une vision différente et intéressante.

Sylviane

Re: Que penser du salut

Message par Sylviane »

Oh, oui très intéressante vision. Ou faire passer de l'ombre à la lumière, de l'inconscient à la conscience ? Pour répondre à Nelly, en même temps, j'avais cru comprendre que vous parliez du purgatoire comme quelque chose d'éternel, d'où mon étonnement...je vous rejoins dans votre éclaircissement. Que la prière aide à prendre conscience de cet aspect "trinitaire", je n'en doute pas un seul instant mais je déplore que sur ce site toutes les expériences spirituelles soient considéres avec beaucoup de méfiance, on y mélange beaucoup de choses différentes d'ailleurs, alors que c'est aussi une voie d'accès au même titre que la prière...
Si j'osais j'irai jusqu'au bout de ma pensée et oui, j'ose...je me demande si ce qui pousse l'Eglise à se montrer si réticente vis à vis des approches personnelles de Dieu, de la trinité etc... n'est pas une crainte de ne pas "contrôler" et un manque de confiance en les capacités propres de chaque individu à accéder au spirituel en lui. C'est ce qui fait dire aux détracteurs d'ailleurs, qu'il y a un processus infantilisant ("d'autres individus savent mieux pour moi"). Si cet aspect a eu son importance dans l'histoire, comme par exemple aider des populations peu éduquées à prendre conscience du bien et du mal, il me semble aujourd'hui déplacé ou tout du moins il devrait prendre une forme un peu plus respectueuse des richesses qui circulent en chacun et du potentiel de "bon" car le monde, c'est n'est un secret pour personne, est en pleine transmutation.
En même temps, je trouve important que chaque personne puisse confronter, échanger son vécu en matière spirituelle avec d'autres personnes de la même tradition ou communauté religieuse, parce que personne ne peut prétendre détenir LA VERITE DIVINE à lui seul en tant qu'être humain et cela permet aussi de s'appuyer sur un parcours millénaire riche.
Je trouve délicat cet équilibre entre le partage, l'enthousiasme de la foi et l'ingérance vis à vis de l'autre. A vous lire, Sylviane

Verrouillé